Dakar 2022 – 10ème étape : le jeu des chaises musicales continue

Publié le 12 janvier 2022 par Mathias Deshusses, mis à jour le 6 février 2022.

Photos: ASO - Rally Zone - DPPI.

Dakar 2022

Dakar 2022 – 10ème étape : le jeu des chaises musicales continue

« Cette spéciale paraît dédiée à l’esthétique, les variations de reliefs et de couleurs participant à l’émerveillement continu. » Le dossier de presse du Dakar fait dans la poésie. Au vu de la longueur de cette 10ème étape – et de sa complexité – pas sûr que les concurrents aient le temps de contempler les paysages traversés, fussent-ils magnifiques. Les deux dernières « vraies » étapes de ce 44ème Dakar (la 12ème étape sera plus un sprint final) sont en effet redoutées par les pilotes. 757 kilomètres attendaient les pilotes aujourd’hui, dont 374 kilomètres d’une spéciale qui n’avait rien de la promenade bucolique. Et qui ont, encore une fois, passablement secoué le classement général.

Du sable, du sable et encore du sable. Après deux éditions qui ont fait remonter de nombreuses plaintes concernant de multiples crevaisons, A.S.O (la société organisatrice du Dakar) a conçu un parcours très nettement sablonneux.

A l’image de cette 9ème étape, au relief escarpé et à la navigation ardue, mais qui ne compte qu’un tiers de surface en terre, sur sa partie chronométrée

La spéciale du jour

Pour la seconde fois en trois jours, c’était à José Ignacio Cornejo Florimo (Honda #11) d’ouvrir le bal. Une position que l’on sait peut enviable, car il faut défricher un terrain vierge de tout trace.

José Ignacio Cornejo Florimo, ce matin au départ de la spéciale.

Mais ce matin, le pilote chilien s’en sort bien. En tout cas sur la première moitié de la spéciale. Au kilomètre 170, c’est un trio de Honda qui est en tête. Joan Barreda (Honda #88) a pris les commandes, suivi de Pablo Quintanilla (Honda #7), à 1’01, et de «Nacho» Cornejo, à 1’11. Derrière, les KTM de Toby Price (#18) et Matthias Walkner (#52) ne sont pas loin, à respectivement 1’31 et 1’32, suivies de près par Luciano Benavides (Husqvarna #77), Ricky Brabec (Honda #2) et Sam Sunderland (GAS GAS #3).

Au kilomètre 213, Pablo Quintanilla est repassé en tête, talonné (à 22 secondes !) par Toby Price. Matthias Walkner est troisième, à 1’29, tandis que l’armada Honda a disparu du top 10. Double erreur de navigation pour Joan Barreda (qui roule, rappelons-le, avec une épaule en vrac suite à sa chute en première semaine), qui pointe au 15ème rang. Ricky Brabec est alors 29ème, mais c’est pire encore pour José Ignacio Cornejo Florimo, qui lâche plus de 19 minutes et rétrograde à la 36ème place.

Journée en demi-teinte pour Ricky Brabec.

Les erreurs se paient cash sur le Dakar, et Joan Barreda, qui franchit l’arrivée en 9ème position, peut en témoigner : «C’était difficile et je me suis perdu deux fois, mais j’ai essayé de rouler le plus vite possible. Les pilotes de devant sont vraiment rapides, ce sera compliqué de gagner encore des places. J’essaye de gagner du temps, et je pense encore au premier jour, où j’ai perdu 40 minutes. Je reste concentré et il reste deux étapes, il ne va pas falloir perdre de temps. Pablo aussi est bien placé, et il est certain qu’avec Honda nous voulons aller chercher la victoire.»

Pablo Quintanilla aura fait ce qu’il pouvait. Dépassé par un Toby Price en grande forme, il n’était, au kilomètre 327, qu’à vingt petites secondes du pilote britannique. Mais Pablo Quintanilla commet une erreur dans les derniers kilomètres et s’effondre au classement du jour, en terminant en 15ème position.

Victoire pour KTM

C’est donc Toby Price qui offre la victoire d’étape à KTM, la deuxième seulement de ce rallye, après celle – surprenante – de Danilo Petrucci au 5ème jour de course.

Le vainqueur du jour, qui se montrait un peu discret depuis le début du rallye, est content de sa victoire, mais sait que la journée de demain sera compliquée : «C’est un très bon jour, j’ai commis quelques petites erreurs mais j’ai essayé de rester le plus possible attaché au road book. Bon, les gars devant ont commis quelques erreurs aussi, je ne sais pas ce qui s’est passé. Il reste encore deux jours et tout peut arriver d’ici l’arrivée, même si ouvrir comme je vais le faire demain ne permet jamais d’avoir une bonne moyenne. Mais je ne baisse pas les bras, je suis en forme, c’est ce qui est le plus important. Il n’y a pas de stratégie d’équipe, honnêtement. On a vu ce qui est arrivé malheureusement à Kevin aujourd’hui. J’espère que je vais faire une belle journée demain.»

Abandon pour Kevin Benavides

Pour Kevin Benavides, la course s’est effectivement brutalement arrêtée au kilomètre 132. Moteur cassé pour le pilote argentin. Coup dur pour le tenant du titre, qui avait changé de monture pour 2022, avec pour objectif de remporter le Dakar sur deux motos différentes. Cela ne sera, malheureusement pour lui, pas pour cette année.

Un Benavides peut en cacher un autre

Et c’est Luciano Benavides, le frère de Kevin, qui performe aujourd’hui. Et s’offre son premier podium cette année, avec une belle deuxième place, à 2’09 de Toby Price.

Luciano Benavides place sa Husqvarna sur le podium.

Une bonne nouvelle pour Husqvarna. Troisième du jour, Adrien Van Beveren place sa Yamaha à 3’35, alors que le Top 5 est complété par Lorenzo Santolino (Sherco #15) et Andrew Short (Yamaha #29), à respectivement 5’40 et 6’29.

La perf’ du jour

Maciej Giezma est polonais et court cette année son 5ème Dakar sur une Husqvarna privée. Champion du monde FIM Junior en rallye Cross Country en 2020, il sort de 6 semaines d’entraînement sablonneux à Dubaï qui ont laissé des traces. Après avoir mené les débats en début de spéciale (il était premier au point kilométrique 42), il n’a pas laché le top 10 et termine à une honorable 8ème place, en ne concédant que 6’44 au leader du jour. Maciej Giezma pointe actuellement en 19ème position au classement général. Belle performance !

Et les rookies

Danilo Petrucci (KTM #90) prend le 11ème temps du jour, à 7’53, tandis que Mason Klein (KTM #43) le suit de près, 12ème à 7’56. Ces deux-là seront à suivre l’année prochaine, sans le moindre doute.

L’ex-pilote de MotoGP met du gaz depuis le début du rallye.

 Au classement général

C’est Adrien Van Beveren qui se replace en tête du classement provisoire, à deux étapes de la fin de course. Mais le français se retrouve seul pilote Yamaha, contre une armada de pilotes Honda et KTM qui peuvent développer des stratégies communes : «J’ai fait mon étape à mon rythme en essayant de ne pas me perdre. Au dernier pointage, ça se profilait parfaitement pour demain, en partant un peu derrière. Mais là, ils ont joué la stratégie d’équipe. Le problème c’est que demain c’est du sable, et quand tu fais la trace pour les autres, ça leur fait gagner énormément de temps. Je sais que KTM, GasGas et Husqvarna vont faire une seule équipe, et que chez Honda ils sont quatre pilotes rapides. Malheureusement, Andrew a fait moins bien que moi aujourd’hui, donc il ne pourra pas m’aider. Donc je vais être tout seul, à moi de jouer. Je ne sais pas ce que ça va donner, j’adore ouvrir. On donnera le meilleur. Je suis peut-être le seul à ne pas voir de stratégie, et peut -être que ça nous mènera à notre rêve.» Espérons-le pour lui, qui n’a malheureusement pas pu finir les quatre dernières éditions.

#42 Van Beveren Adrien (fra), Monster Energy Yamaha Rally Team, Yamaha WR450F, Moto, action during the Stage 10 of the Dakar Rally 2022 between Wadi Ad Dawasir and Bisha, on January 12th 2022 in Bisha, Saudi Arabia – Photo Florent Gooden / DPPI

Derrière Adrien Van Beveren se trouve Sam Sunderland, son beau-frère à la ville. Le pilote australien compte un peu moins de 6 minutes (5’59) de retard sur la Yamaha numéro 42. Sam Sunderland, qui a longuement mené l’épreuve cette année, espère que son travail paiera au final : «La Direction de course avait prévenu que les étapes d’aujourd’hui et de demain seraient compliquées. J’ai commis une erreur à l’entrée d’un canyon, j’ai pris le mauvais mais je m’en suis rendu compte et j’ai sauté dans le bon. Je suis peu frustré par tout ça, mais j’ai une bonne position de départ pour demain, ce qui me réconforte. Quand les temps sont aussi serrés, personne ne sait s’il faut attaquer ou assurer, et à la fin on fait ce qui nous semble le mieux et on voit si cela nous sourit ou pas. Au final, je suis content, je me suis bien préparé cette année et je pense que cela se voit. J’ai mené la course durant sept jours. Reste à tout donner demain encore.»

Troisième de ce podium virtuel, Pablo Quintanilla ne lâche rien. Il place sa Honda à seulement 16 secondes de la GAS GAS de Sam Sunderland, avec 6’15 de retard sur le nouveau leader.

Quant à Matthias Walkner, qui menait le classement général ce matin, il se retrouve 4ème, à 8’24 d’Adrien Van Beveren.

Le pilote autrichien n’est pas content de sa journée, mais sait qu’il a encore des cartes à jouer : «Les gars devant moi se sont perdus ce matin, j’ai pu leur reprendre du temps, mais à la fin le soleil était tellement haut, les contrastes si faibles que les pistes ne se voyaient pas bien et j’ai commis un erreur de navigation qui me fait perdre plusieurs minutes. C’est comme ça, parfois ça sourit, parfois pas. Il reste encore deux longues journées.»

Du côté de la Suisse

Jonathan Chotard, notre «Suisse de cœur » sur cette épreuve, a connu quelques soucis aujourd’hui. Il nous raconte sa spéciale, juste après avoir passé l’arrivée :

«C’était – presque – bien parti. Jusqu’au kilomètre 210, où j’ai loupé un waypoint. Je suis passé à quelques mètres seulement et il ne s’est pas validé, ça roulait vite et j’étais concentré sur le pilotage. Au waypoint suivant, j’ai vu mon erreur et le GPS m’a demandé si je voulais «skipper» le point de passage que j’avais raté. Malheureusement, j’ai dit non, et je suis retourné en arrière pour le valider. Mais je n’aurai pas dû, car j’ai perdu beaucoup de temps. C’est dommage car j’avais un bon rythme ce matin et que j’avais remonté pas mal de monde. Je me suis un peu énervé, et je suis reparti du refueling un peu moins concentré. Du coup, j’ai chuté 10-15 kilomètres après être reparti, ce qui a déclenché mon airbag. J’ai un peu mal au dos, mais ça va aller, je pense. C’est vraiment dommage, c’était une belle spéciale, avec des beaux canyons. J’avais un bon rythme, mais bon, l’important est d’être entier à l’arrivée.»

C’est le métier qui rentre, comme on dit. Jonathan est 57ème du jour et grimpe de 5 places au classement général provisoire, en 68ème position.

Nicolas Monnin a pour sa part pu repartir, malgré ses déconvenues de la veille. Il s’est confié à ActuMoto à son arrivée sur le bivouac:

« Avec les problèmes mécanique d’hier, j’ai du changer le moteur. L’équipe a travaillé tard hier soir pour que je puisse être au départ ce matin. Réveil à 3h15 pour cette 10ème étape, car il y avait beaucoup de kilomètres. J’ai du roder le moteur, sur les 100 premiers kilomètres de liaison. J’ai été très attentif, toute la journée, au bruit du moteur. Mais tout s’est bien passé.

Sinon la journée s’est bien passée. Je n’ai pas roulé à fond, je pense que j’étais un peu sur la réserve à cause de ce qui m’est arrivé hier. Mais j’ai bien piloté, j’étais précis dans ma navigation, j’ai eu tous les waypoints, etc… Je voulais assurer ma journée. Et l’étape du jour était vraiment magnifique, avec des rochers parfois placés de manière assez improbables. Comme l’impression d’être sur une autre planète. Pas mal de fatigue en fin d’étape, j’ai mangé pas mal de poussière en me faisant dépasser par les autos, mais le moral est bon et il faut maintenant que je prépare la onzième étape, qui est annoncée comme très difficile. »

Il prend la 114ème place du jour et remonte à la 116ème position, au classement général.

Plus d’infos sur le site du Dakar.

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