La 65ème course de côte de Verbois brille, même avec le passe sanitaire
L’organisation de cette année, bien que compliquée, a pu être menée à bien pour permettre à cette édition 2021 de la légendaire course de la montée du barrage d’avoir lieu le week-end des 16-17 octobre.
Le comité organisateur de la course de côte genevoise a su négocier avec les autorités cantonales et se plier aux exigences sanitaires. A l’instar de la plupart des grosses manifestations, la présentation d’un certificat COVID était nécessaire pour pouvoir profiter de l’événement, qui a tout de même rassemblé plus de 4200 personnes sur les deux jours. C’est plus que l’an dernier, où la course était limitée à un jour et où le public était restreint (lire notre compte-rendu de l’édition 2020), et c’est plus ou moins dans la moyenne des années précédentes, sans Covid-19.
Pour ceux et celles qui n’avaient pas ce passe sanitaire, le Norton Sport Club a pu proposer des tests rapides à l’entrée de la manifestation, grâce à la collaboration de prestataires externes. Les bénévoles, dont un grand nombre a été fourni par nos amis et partenaire de l’association G2M, ont abattu un travail remarquable. Tout ceci pour pouvoir satisfaire le public et les pilotes assoiffés de mécaniques tonitruantes à en réveiller les vignes! Heureusement, les vendanges avaient été effectuées peu avant. L’organisation a d’ailleurs su comme de coutume jouer le jeu en proposant à la vente en buvette du vin provenant directement des producteurs de la zone. Subtile manière de les remercier pour leur souplesse quant à l’autorisation d’occuper leurs terrains, très gentiment mis à disposition pour le passage en toute sécurité du public et des commissaires de course.
Le président du club, François Vuille, se dit très satisfait à propos de l’humeur et de l’ambiance générale qui circulait tout au long du week-end. Les pilotes et bénévoles, toujours à jouer le jeu, ont grandement contribué à la joie palpable du public et des visiteurs. La décision de mettre à disposition des tests rapides résultait de la volonté faciliter l’accès à la manifestation pour un maximum de personnes. Pari réussi puisqu’un morceau conséquent des participants, public comme pilotes et bénévoles, se sont présentés à la tente en question. Le Norton prenait même une partie des coûts en charge, et les tests pour les bénévoles étaient généreusement offerts. L’accès aux paddocks était toujours possible, mais limité à un accompagnant par pilote. Une conséquence du classement par la Confédération du site, dans sa zone basse, en catégorie de lieu potentiellement exposé à une menace terroriste!
Une météo espiègle mais généreuse
Pour ce qui est de la météo, le soleil fut de la partie pour réchauffer les corps et les esprits des pilotes dès le milieu de journée. L’ambiance était différente au petit matin, brouillard épais, froid glaçant, et tentes dans le paddock timidement repliées pour conserver le maximum de chaleur possible. La motivation légèrement ébranlée mais toujours très présente, les pilotes se sont donc élancés pour leurs montées de reconnaissance dans ce froid brumeux. La piste fut glissante jusqu’à l’arrivée du soleil en fin de matinée, qui est venu sécher le tarmac pour permettre aux plus téméraires de repousser davantage leurs limites.
La première féminine de l’édition 2021, Julie Benard, a avoué elle-même avoir considéré la montée de reconnaissance comme une «balade tranquille». Loin d’elle l’idée d’envoyer sa monture rose éclatante au tas. Mais elle avait tout de même comme projet de faire progresser peu à peu son temps sur cette course de côte, et elle l’a fait, puisqu’elle a battu son record personnel.
Nouveauté: une catégorie rookie
Cette année, une nouveauté très appréciable a fait son apparition dans l’organisation de la course. Il s’agit d’une catégorie destinée aux jeunes motards et motardes, pour leur permettre de découvrir la course sur une moto correspondant à la catégorie de leurs permis de conduire. Ceci afin de permettre au Norton Sport Club d’encadrer ces jeunes pilotes. Ils ont pu participer à la montée du samedi, sans être officiellement chronométrés. Un briefing particulier leur était dédié mais le règlement était le même pour tous. L’introduction de cette catégorie a attiré une dizaine de pilotes, qui ont pu inaugurer cette nouveauté avec délectation. En espérant que la manifestation perdure encore de longues années et rameute toujours plus de monde au fil des saisons.
Le but de cette catégorie était d’amener les jeunes pilotes à comprendre la course et ses enjeux afin de les sensibiliser notamment sur le côté sécurisé qu’offre ce genre de manifestation correctement encadrée. François Vuille constate que les allers et retours sauvages souvent effectués sur cette route ont la fâcheuse tendance à agacer le voisinage, et cela présente un risque pour le futur de la course de côte. Il souhaitait, par l’intégration de cette nouvelle catégorie, encourager les motards concernés à pratiquer leurs passion dans un cadre dédié. « Mais si nous avons trouvé chez les rookies des gens sérieux et prêts à découvrir l’univers de la course, nous n’avons manifestement pas réussi à attirer ceux qui prennent cette route comme terrain d’entraînement sauvage », conclut le président. Avant d’encore ajouter: « Il y a des gens qui ont demandé à l’État de ne plus donner d’autorisation à notre course, mais il faut savoir que si l’on fait cela, cela n’empêchera justement pas les montées sauvages, presque au contraire. »
Des témoignages enthousiastes de toutes parts
Comme toujours, la moto n’est pas qu’une affaire de débat, de sport ou de mobilité. C’est avant tout une passion qui réunit une énorme famille, celle des motards. Peu importe avec qui vous discutez durant la manifestation, peu importe sa monture ou son objectif, les témoignages s’accompagneront inlassablement d’étincelles dans les regards. En parlant de famille, certains irréductibles comme les Droz, père et fils, sont présents année après année à la course de côte de Verbois. C’est principalement la participation, la joie, et la motivation de toutes ces personnes qui assurent une partie de la pérennité de la manifestation depuis toutes ces années.
Les exposants se prêtent au jeu et nous livrent également leurs sentiments. Fidèle au poste, Marc Perrin, directeur de Ducati Genève annonce être présent avant tout pour soutenir le NSC (Norton Sport Club), sans qui les festivités n’auraient pas lieu. Il nous dit également: «L’ambiance de la course de côte et de la manifestation nous attire bien évidemment. C’est aussi une occasion de fidéliser notre clientèle, en échangeant librement, sans le contexte de la concession ou de la vente de services ou de motos.»
Du côté des pilotes, Julie «Wood» Benard nous livre son point de vue sur la situation, après sa 20ème année consécutive de participation: «Les choses ont évolué depuis ma première participation. Au tout début, c’était sur ma TZR 125 cm3 bridée que je faisais monter en 1:19. C’était très fun! J’ai commencé le circuit il y a 20 ans avec le Norton, à Magny-Cours, et en septembre. Puis au mois d’octobre, je faisais ma première course de Verbois. L’organisation est toujours au top. Je trouve ça génial d’avoir pu profiter de la manifestation malgré les mesures sanitaires en vigueur depuis l’année dernière. Je suis contente que le Norton continue de se battre pour mettre en place cet événement. Je crains le fait que si, une année, la manif’ n’a pas lieu, cela sonne le glas de cette compétition».
Julie a inscrit son nouveau record de la course de côte de Verbois cette année en atteignant la station-service AVIA en 49:37. Elle clôt la discussion sur une note d’humour en expliquant que ce qu’elle préfère lors de la mise en place, c’est de s’occuper des bottes de paille car elle trouve que c’est le plus drôle des postes.
Un autre habitué du bitume a pu bénéficier des festivités. Il s’agit de Mike Frischknecht, numéro 172, sur sa Yamaha R1M. Pour dresser rapidement son portrait, il s’agit d’un jeune homme de 29 ans, fils d’Urs Frischknecht, l’un des deux patrons de la concession Yamaha Badan Motos à Genève. Il est médecin diplômé depuis l’automne dernier.
Mike a commencé les courses sur circuit à 14-15 ans, c’était en 2007. La montée de Verbois ne lui est de loin pas inconnue, il les a toutes faites depuis cette date. Il a de même été à deux reprises 4ème en 600 au championnat suisse, et également une fois vice-champion suisse en Superbike. C’était en 2015. Il a réussi à combiner cette activité éminemment sportive avec ses deux premières années de médecine, mais a dû arrêter par la suite, les études lui prenant trop de temps.
«Verbois c’est génial, commente le jeune médecin. Parce qu’on est tout près de sa famille, de ses supporters! Quand on roule en championnat suisse, ça se passe à l’étranger, souvent loin, en République tchèque ou ailleurs, il n’y a bien sûr pas ce public. Et pas beaucoup de couverture médiatique. Les seuls échos que les gens à la maison peuvent avoir, c’est via les réseaux sociaux, les messages etc. Aujourd’hui, je n’ai que peu de temps pour pratiquer la moto, mais quand j’ai une occasion dans mon calendrier je la saisis, pour aller m’entraîner».
Comme à son habitude, François Vuille, baptisé depuis longtemps « Grand-Père Fracasse » (GPF) par les familiers, participait à la course. Plutôt dans un esprit d’exemple et de démonstration mais également pour marquer le coup. Son objectif n’est « plus de chercher le chrono, mais simplement de se faire plaisir et de ne pas tomber », dit-il.
Il a tout de même inscrit un joli temps de 51:91 sur sa fidèle Yamaha MT-10.
Des résultats dont on s’accommode
Sans grande surprise, le recordman du week-end est également celui de ces dernières années. Bryan Leu, sur sa Yamaha R1, a joint les deux bouts de course en 44:16 secondes dimanche. Ce jour-là, plus de classement par catégorie, tout le monde est dans le même bateau, c’est le classement dit « scratch ». Son record absolu, Bryan l’a établi en 2019, avec 44:04 secs.
Non loin derrière lui, un autre habitué s’est placé cette année en 2ème position du classement. Gregory Monaya, numéro 222, a en effet inscrit la montée en 45:01 secondes sur l’Aprilia RSV4 qu’il utilise également en coupe française Promosport.
Le Top 3 de la course de côte 2021 s’est clos avec Bernard Bally (Yamaha R1 #160), en 45:31 seconde. Autant dire que la concurrence était rude.
Notre pilote essayeur d’Actumoto, Cebb, floqué du numéro 99 quant à lui, est venu marquer un temps de 51:48 secondes sur une moto d’essai et pour sa première participation. La moto en question est la nouvelle Aprilia Tuono 660, dernière-née des roadsters de la marque italienne. Elle était dans un état absolument standard, sur ses pneus routiers d’origine.
Côté sécurité tout court, les secours ont dû intervenir pour une ou deux glissades dans le public et, dimanche en fin de journée, pour la chute d’un pilote dans le dernier virage. Ce dernier s’en tire fort heureusement sans blessure grave, et il a même pu rentrer chez lui le soir-même.
Pour le classement des montées de samedi, par catégories, c’est par ici. Et pour celui de la journée de dimanche, sans catégories, c’est par là!
Le mot de la fin
Vous l’aurez compris, les mesures sanitaires, le combat des anti-sports mécanisés et l’agacement de certains riverains sont des adversaires de poids menaçant la pérennité de la manifestation malgré les gros efforts organisationnels déployés par le Norton Sport Club. Il serait fortement dommage de perdre le privilège d’avoir un événement sportif de proximité joliment organisé et très bien encadré.
Tout ce que nous pouvons espérer à présent, c’est que cette course de côte ait encore de longues années devant elle et, pourquoi pas, qu’elle devienne un événement centenaire.
Toutes les images du week-end sont à retrouver dans notre galerie photo.
Commentaires2 commentaires
2 commentaires