Interview Nicolas Brabeck – Le point à mi-parcours

Publié le 11 janvier 2020 par Mathias Deshusses, mis à jour le 20 janvier 2020.

Photos: Dakar / Rally Zone / Nicolas Brabeck.

Dakar 2020

Interview Nicolas Brabeck – Le point à mi-parcours

Le suisse d’adoption (il habite près de Lausanne) est le seul représentant helvétique en catégorie moto cette année. ActuMoto a profité de la journée de repos à Riyad pour aller à sa rencontre. Interview.

Nicolas Brabeck dakar 2020 actuMoto
Nicolas Brabeck, lors de la journée de repos d’aujourd’hui, sur le bivouac de Riyad.

ActuMoto:

Nicolas, tu es ici à Riyad, après plus de 3700 km de course. Comment te sens-tu, tant au niveau physique que moralement?

Nicolas Brabeck:

« Aujourd’hui, je me sens bien. Hier soir, en arrivant après l’étape (ndlr: il y avait 840 kilomères, dont 477 de spéciale en hors-piste dans le sable), j’étais mentalement épuisé (lire notre compte-rendu de l’étape 6). C’était une étape rapide, sur laquelle il fallait être vraiment très concentré, tout le temps. Ce matin, ça va mieux. Physiquement, mis à part quelques blessures superficielles, j’ai les jambes lourdes et quelques douleurs aux avant-bras. Mais je suis assez content, car c’étaient des étapes très physiques. Je me rends compte que je suis parti un peu vite, par rapport à la longueur de l’épreuve. J’ai peut-être trop tiré sur la machine, surtout les trois premières étapes, et il va falloir que je ralentisse un peu, pour m’économiser et tenir le choc sur la durée. Je vais m’efforcer de remettre en avant le côté plaisir, pour trouver un rythme qui soit plus efficace. »

Nicolas Brabeck dakar 2020 actuMoto
La 6ème étape était, raconte Nicolas, particulièrement éprouvante.

ActuMoto:

Dans quel état est ta moto, après 6 jours de rallye?

Nicolas Brabeck:

« La moto (ndlr: une KTM 450 Rallye Replica) va très bien. Je l’ai posée à trois reprises, assez doucement, durant les précédentes étapes. Mais elle est impeccable, elle est très bien entretenue par mes mécaniciens, Bruno et Gaëtan. Gaëtan en est à son 16ème Dakar, il a énormément d’expérience et c’est une aide précieuse. Avoir une KTM est surtout un gros atout ici, c’est une machine qui est construite pour le rallye et cela se voit sur la durée, avec une qualité de fabrication qui fait qu’on a rarement des problèmes avec. »

ActuMoto:

Qu’y a-t-il à vérifier, à ce stade de l’épreuve?

Nicolas Brabeck:

« Aujourd’hui, la moto va être complètement démontée et lavée. Le kit chaîne et la couronne vont être remplacés. La suspension arrière va être démontée et révisée. Tu te rappelles que j’ai eu des soucis de fourche dans la deuxième étape (voir notre compte-rendu)? On l’a révisée, on a changé les settings et depuis, cela fonctionne bien mieux. Les suspensions sont, bien sûr, essentielles sur le Dakar. Tous les liquides sont remplacés, et les pneus également. C’est le troisième depuis le départ, et c’est aussi une preuve que je roule plus vite que d’habitude, car normalement, il n’est pas nécessaire d’en changer autant. J’ai de la chance que la moto n’ait pas de problème majeur, donc il n’y a pas de grosse intervention aujourd’hui.« 

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La moto de Nicolas est entre bonnes mains, avec Bruno (à gauche) et Gaëtan.

ActuMoto:

Parle-nous de la structure dans laquelle tu es engagé?

Nicolas Brabeck:

« La structure s’appelle « Team Casteu ». C’est la structure privée de David Casteu, qui a une double casquette sur ce rallye (ndlr: il est également team-manager de l’équipe Sherco Factory). Cela fait quelques années que je roule avec eux, on est un peu comme à la maison, avec les copains. L’avantage, c’est qu’on a deux mécaniciens pour trois motos, un endroit où se restaurer et un camion où je peux dormir, entre autres. Cette année, j’ai pu également faire venir mon pick-up de Suisse comme véhicule d’assistance, avec mon père au volant. Il m’aide sur la logistique et c’est génial de pouvoir partager cela en famille. Au final, cette structure est assez familiale et chaleureuse, mais avec un professionnalisme exceptionnel. »

ActuMoto:

Quels ont été tes passages difficiles lors de cette première semaine?

Nicolas Brabeck:

« J’ai beaucoup souffert dans les étapes 4 et 5. Dans l’étape 4, il y a eu un long passage avec du sable et des cailloux, je n’arrivais pas à trouver mon rythme. Et dans l’étape 5, cela m’a rappelé certains moments en Argentine, où il faut alterner entre sable et herbe à chameaux, et là aussi, c’est très difficile de prendre le rythme, car il faut être extrêmement vigilant. Heureusement, les températures sur ces étapes étaient relativement fraîches par rapport à mon expérience sud-américaine, et je pense que c’était plutôt positif vu le terrain.« 

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Le pilote vaudois, au cœur de la 4ème étape, entre Neom et Al Ula.

ActuMoto:

Que pense-tu de cette 42ème édition, et de son déplacement au Moyen-orient?

Nicolas Brabeck:

« C’était un défi pour A.S.O. de venir en Arabie saoudite. Tout le monde pensait que ce serait un pays un peu plus monotone au niveau du paysage, mais on a tous été bluffés par la diversité et la majestés des endroits traversés. La boucle autour de Neom reste comme un des plus beaux endroits que j’aie vu de ma vie dans le désert. Les étapes étaient très variées, avec du sable, des dunes, des cailloux, des canyons, de l’herbe à chameaux. Le point positif, c’est que les liaisons étaient courtes, et ça, c’est vraiment super car ce qu’on veut, c’est rouler, et faire des spéciales. Bon, sur les cinq premiers jours, le public n’était pas très présent, on est loin de la ferveur sud-américaine, mais ici, à Riyad, les gens sont là et ça fait plaisir. Je pense que ça va prendre un peu de temps pour que le Dakar s’installe dans la culture ici. Au niveau de la culture justement, je m’attendais à un pays extrêmement fermé, avec peu de présence féminine. Mais je constate que les changements instaurés depuis deux ans commencent à vraiment impacter la société. On sent que le pays est en plein changement. »

ActuMoto:

Merci Nicolas, et très bonne route à toi dans cette deuxième partie de l’épreuve.

Nicolas Brabeck

Il convient de rappeler que Nicolas Brabeck finance lui-même son Dakar, mais court pour la bonne cause, à savoir l’Association Leon, qui promeut les projets éducatifs à travers le monde. N’hésitez pas à faire un tour sur le site de l’association.

Propos recueillis pas Mathias Deshusses.

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