La 701 SM, pour ceux qui veulent martyriser le bitume

Publié le 24 juillet 2016 par Jérôme Ducret, mis à jour le 24 août 2016.

Photos: Christian Brun/Jérôme Ducret.

Test Husqvarna

La 701 SM, pour ceux qui veulent martyriser le bitume

Elle est l’une des dernières représentantes d’un genre très spécial, dont on pourrait craindre qu’il ne soit en voie de disparition, le supermotard – d’où les initiales SM dans le nom de cette Husqvarna 701, qui ne veulent pas dire sado-maso. Quoiqu’à son guidon on ait instinctivement envie de martyriser le bitume.

Nous avons testé ce modèle 2016 sur des routes suisses. C’est une moto qui peut se révéler exigeante. D’abord par la hauteur de sa selle, perchée à 890 mm du sol. Ensuite par la dureté de sa selle, qui en contrepartie offre une excellente adhérence à son pilote. Et enfin par le côté spartiate de son afficheur, qui ne propose que peu d’informations, et pas toujours lisibles sous le soleil: vitesse, totalisateur kilométrique, deux partiels, et l’heure. Il y a aussi, si on insiste et que l’on tripatouille à fond les deux petits boutons placés sous la console, la possibilité de changer d’unité, et de connaître la vitesse moyenne de votre promenade.

Mais l’essentiel est bien sûr ailleurs. Cet engin est fait pour se balancer d’un virage à l’autre à un rythme tout sauf raisonnable, avec de bons freinages en fin de ligne et de belles accélérations en sortie d’épingle. Tout autre usage sera un peu à contre-emploi.

Le bon rayon de braquage et la légèreté de cette 701 SM viennent alors un peu comme un bonus pour évoluer dans les bouchons urbains. Mais le moteur, un fougueux monocylindre issu de la cousine KTM SMC R (KTM possède depuis quelques années la marque Husqvarna), rechigne à bas régime si l’on ne donne pas du gaz. Les vibrations ont été réduites grâce à l’adoption d’un balancier, mais c’est très loin d’être aussi souple que l’évolution Euro 4 de ce moteur constatée sur les nouvelles KTM 690 Duke et Duke R (lire notre essai).

SM, 701
La 701 possède une certaine grâce, surtout dans un pré.

Un trajet autoroutier met en évidence un autre trait de caractère, outre le manque de protection contre les turbulences, qui sont les vibrations à haut régime. Cinquante kilomètres suffisent pour avoir des fourmis persistantes dans les mains, moins dans les pieds.

Cela n’enlève heureusement rien au plaisir ressenti dans la montée d’un col, quel qu’il soit. Les suspensions sont rigoureuses et maintiennent la trajectoire sans trop de transferts de masses. Quand elles plongent, c’est contrôlé et ça s’arrête vite. Le réglage de base est plus typé sport que confort, mais si la selle était plus rembourrée, on pourrait rouler longtemps sans se fatiguer. Sur ce genre de route, s’entend.

SM, 701
Le bras oscillant en aluminium est fait d’un seul tenant.

Il n’y a qu’en sortie de courbe que le pneu arrière a parfois tendance à amorcer un peu de glisse. En fait, c’est plus amusant qu’inquiétant. En entrée de virage, l’ABS veille au grain. Un peu trop d’ailleurs, car il empêche toute fantaisie. Une supermoto, c’est une supermoto, et ça doit pouvoir faire des travers, sinon, à quoi bon?

ABS déconnectable, pour les travers

En version standard, on peut déconnecter ce filet de sécurité en roulant, mais il revient automatiquement dès lors que l’on coupe le contact. L’antiblocage uniquement sur la roue avant, type supermotard, est une option payante (à un peu plus de 200 francs). Les trois modes de conduite, par contre, sont de série. On passe de l’un à l’autre en manipulant une commande sous la selle. Nous n’avons roulé qu’en mode standard, qui est déjà largement suffisant pour une utilisation-plaisir.

SM, 701
Le bouchon du réservoir d’essence est placé derrière la selle.

ABS déconnecté complètement, donc, on peut déjà s’amuser un peu. Surtout que la 701 est aussi assez facile à lever à l’accélération, grâce à un embrayage doux et résistant. Tant qu’on y est, on peut louer la boîte de vitesses et le sélecteur, doux et précis. Parce que vu le caractère et l’architecture du moteur, il faut souvent changer de rapport pour dénicher l’accélération optimale. Les choses sont bien sûr différentes si l’on flâne, le monocylindre acceptant de grimper dans les tours – avec quelques vibrations désagréables, on l’a vu. Ce qui est sûr, c’est que le son de ce moteur est très sympa. On est exactement dans la famille des « braap », si vous voyez ce que je veux dire.

Et côté freins, si l’on excepte le caractère interventionniste de l’ABS sur l’arrière, pas de critique. Un seul disque à l’avant suffit amplement pour contrôler la moto. La dosabilité est excellente, tout comme l’endurance.

Contrôlable des mains, des pieds, des hanches…

Il faut ajouter que la position de conduite permet de bien dompter la SM. On peut se déplacer à loisir sur l’assise, les repose-pieds offrent un bon point de pivot et l’on peut donner l’angle désiré aussi avec les genoux, qui trouvent juste ce qu’il faut d’appui sur chaque flanc. Pas de réservoir, car il est situé à l’arrière, ce qui est bon pour la maniabilité, mais de boîte à air.

En résumé, pour un prix certes pas donné, on a une moto typée, orientée sur le plaisir de conduite, qui respire la qualité. Et qui est capable de beaucoup si son pilote a une certaine expérience. De quoi donner le sourire à chaque sortie.

 

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