Essai routier de l’Aprilia Tuono V4 1100 Factory 2021: on frise le sans faute
La Tuono V4 2021 ajoute le confort à l’éventail de ses qualités, que nous avons pu analyser pour vous sur nos belles routes. Dans sa version Factory, dotée de suspensions électroniques semi-actives, notamment.
Enfourcher un V4 de Noale, sous la forme de la RSV ou de la Tuono V4, est toujours une expérience à part. Ces machines, taillées pour la performance, ne sont censées laisser aucune place à l’ergonomie et au confort. Cette phrase avait tout son sens jusqu’au début de l’année, où Aprilia nous dévoilait en mars dernier, sur le tracé de Misano, une RSV4 à l’ergonomie et à la protection retravaillées.
Un bonheur pour les aficionados de la marque. La nouvelle Tuono, issue de la même souche, développe une puissance identique à la version précédente. Malgré le passage forcé aux normes anti-pollution Euro 5, la marque italienne a réussi à conserver les 175 ch du V4 sans la moindre optimisation mécanique, hormis le décalage de la coupure d’allumage 300 tr/min plus haut.
La Tuono se décline en 2 versions: une version standard « tourismisée » affublée d’un grand pare-brise et d’une ergonomie revue dans le but de pouvoir voyager loin, ainsi que la version de notre essai, estampillée Factory, arborant un cul de selle de RSV4 et un panel d’ajouts techniques sophistiqués, dont des suspensions semi-actives, une relative nouveauté par rapport aux Tuono V4 d’avant 2019 (lire notre essai en Italie de la version 2019, qui adoptait déjà ces suspensions).
Aprilia a adapté sa nouvelle formule ergonomique à sa streetfighter, serait-ce la recette du succès? Nous avons eu deux semaines pour analyser la sulfureuse Tuono Factory sur les routes de la région et l’affronter au quotidien.
Prise en main
Arrivé à la concession de Genève 100% 2roues par une matinée ressemblant à une journée banale londonienne, je prends les clés des mains de la sympathique équipe du garage, et me voici face à la belle italienne. La Tuono, suivant la nouvelle ligne esthétique de la marque, ressemble trait pour trait à la Tuono 660. Il faut plisser les yeux pour apercevoir les winglets (ailettes) plus larges de part et d’autre de la machine, ainsi qu’un échappement planté sur le côté, qui prouve sa cylindrée supérieure.
Visuellement toujours, elle paraît très trapue, arborant la nouvelle fourche Öhlins NIX active et de gros freins Brembo. Le bec de canard aérodynamique dérivé de la moto GP a ici été réduit, et intègre parfaitement le design de la tête de fourche. La Factory, équipée donc d’une boucle arrière provenant de la RSV4, apporte un aspect très agressif, aux antipodes de la version standard. Pas de selle passagère ici, Madame me regardera piloter cette beauté depuis le bord de la route.
Je suis face au guidon, toujours une belle pièce d’orfèvre qui semble cette fois-ci encore avoir perdu quelques millimètres dans l’opération. La position de conduite semble s’être civilisée de version en version jusqu’à atteindre le niveau de celle de notre essai. Ici, les mains sont toujours bien plus écartées que sur un roadster lambda, mais très loin de la première Tuono V4. Je me rappelle encore de la séance d’aérobic de ma version 2014. Je me hisse aux commandes de la machine pour y découvrir une assise moëlleuse, dérivée de la sportive. Là aussi, l’inconfort de certaines versions précédentes n’est qu’un lointain souvenir.
Une rotation de la clé, et l’écran TFT s’illumine avec une présentation graphique soignée. Toutes les informations habituelles sont présentes dans l’affichage, et l’écran, qui changera de couleur de fond automatiquement suivant la luminosité, est agréablement lisible.
Une information, pourtant, me saute aux yeux, alors que j’analyse le tableau de bord: la jauge à carburant fait partie de la panoplie. La lecture du niveau de carburant est peut-être quelque chose de commun sur d’autres motos, mais cette apparition sur la beauté de Noale est considérée comme du luxe ici, si je me base sur mes autres expériences au guidon de Tuono V4 moins récentes. Je n’ai pas encore démarré la moto que déjà son charme agit.
Les premiers mètres s’effectuent sans la moindre anicroche, le profil « Tour » est le mode de conduite le plus adapté à mon utilisation actuelle. Aprilia vous propose ici 6 modes de conduite: Tour, Sport, User (personnalisable), ainsi que 3 modes piste (Race préréglé, Track 1 et Track 2 entièrement personnalisables également).
Pour en revenir au mode utilisé ici, il rend la moto douce, faisant oublier les gènes compétiteurs propre à ce modèle. Je traverse la ville du bout du lac avec aisance et confort, la compacité de la machine venant facilement à bout des aléas rencontrés en espace urbain. Le rayon de braquage nous rappelle cependant que le fruit Tuono n’est pas tombé très loin de l’arbre RSV4. Le guidon en butée de direction, il faudrait presque les deux voies de circulation pour effectuer un demi-tour.
J’arrive enfin sur l’A1 qui me rapproche de ma destination vaudoise du jour. Bien planqué derrière la tête de fourche redessinée, qui offre une protection satisfaisante pour mes cervicales, calé à 120 km/h sur le tempomat (qui se déconnecte en poussant la poignée de gaz vers l’avant), le V4 ronronne nonchalamment sur le dernier rapport.
Aucune vibration ne vient noircir le tableau du confort de la belle. Pour le côté pratique plus qu’esthétique, j’ai face à moi deux beaux miroirs qui offrent un champ de vision plus que correct vers l’arrière. L’autoroute ne fait quand même pas partie des terrains de prédilection de l’Italienne, et je suis bien content d’en voir la fin. Plus qu’à attendre le retour du beau temps pour voir ce qu’elle a sous le réservoir…
Toujours plus pratique, toujours plus High-tech
C’est, à mes yeux, la partie la plus innovante sur la Tuono, la partie éclairage est à elle seule une pépite technologique. J’observe de prime abord un faisceau satisfaisant en feu de croisement, mais c’est en passant en grand phare que la tête de fourche dévoile son coté high-tech, tant le faisceau est large et puissant. Un virage vous saute au casque? Aucun problème ici non plus, la Tuono est équipée de phares qui s’intensifient de côté lorsque l’on couche la machine, sur 4 positions. Plus d’excuse pour éviter les balades nocturnes!
Arrivant à une intersection, je vois que le phare s’éteint du côté où le clignotant est actionné, et ce dernier d’ailleurs s’éteindra automatiquement au bout d’un certain laps de temps. Pas de warnings sur la Tuono, mais ils clignoteront tout de même en cas de gros freinage/freinage d’urgence. Un vrai gage de sécurité qui pullule sur les productions actuelles.
La personnalisation du comportement de la belle a fait encore un pas en avant: la nouvelle gestion électronique du moteur permet maintenant d’ajuster le frein moteur.
A ce sujet, les suspension, étant semi-actives, peuvent aussi se régler directement depuis le menu du tableau de bord.
Nous disposons ici de 3 réglages pour la partie semi-active ( 2 pistes et 1 routier ), et autant de modes pour la partie conventionnelle où l’amortissement est fixé et ne s’adaptera pas en temps réel aux conditions de roulage.
En ce qui concerne la partie semi-active, j’avoue ne pas être vraiment emballé par ce mode en cas d’asphalte dégradé, où la lecture du sol (une des grandes qualités du châssis transalpin) est faussée selon moi par la gestion électronique. Le pire ressenti sera sur le même type d’enrobé, mais sous la pluie, où j’avoue ne m’être vraiment pas senti à mon aise, et les Pirelli Supercorsa SP n’ont pas aidé à me mettre en confiance dans cet environnement hostile à la prise d’angle.
Le V4 n’est pas un moteur économique, et pourtant, la consommation est mesurée à 8 litres pour 100 km en utilisation mixte. Vous arriverez au bout des 18,5 litres du réservoir en environ 200 km. Point noir des aspects pratiques de la bête: aucun espace de rangement sous la selle, le look sportif se paye. Mais achète-t-on réellement une machine de ce type pour cela ?
Une Superbike déguisée en roadster
La découverte des différentes qualités pratiques de la Tuono Factory 2021 fut un réel plaisir, mais rappelons-nous le but de cette machine: les performances sportives sur route. C’est ici où la Tuono est le plus à son aise, sa tenue de cap sans la moindre faille permet des passages à un rythme inavouable.
L’ergonomie de la nouvelle selle permet des déhanchés aisés. La nouvelle forme du réservoir s’apparente à une sportive pure et dure. Il permet un maintien aisé contre ce dernier en toute circonstance. Seul bémol: les arêtes latérales tombent à hauteur de mes genoux et c’est désagréable lorsqu’on est en jeans.
La métamorphose du châssis par rapport notamment aux premiers opus de la Tuono V4 est une révolution. La machine accepte beaucoup plus facilement les épingles serrées, tout en restant imperturbable en courbe rapide. Sa vivacité est toujours aussi impressionnante, mais la moto semble plus facile.
J’ai pu faire essayer ce modèle à quelques compères, qui ont tous eu la même réaction: la prise en main immédiate de la Tuono V4 est déconcertante, tout comme la confiance qu’elle procure. Petit plus, l’ergonomie de la moto la rend beaucoup moins fatigante, même lors de longs roulages sportifs.
Le Freinage
Niveau freinage, le système confié à Brembo comme à l’accoutumée, paré avec les étriers M50 de la marque, offre une puissance incroyable, mais également une progressivité au levier proche de la perfection, ce qui me permet de pouvoir toujours plus retarder mes freinages sur des tracés connus.
Le passage en mode « Race » de l’électronique désactivera l’ABS sur le train arrière pour les aficionados des entrées en glisse. Le freinage arrière est très puissant, mais comme pour le système avant, le feeling est bon, et les blocages de roue involontaires se font rares.
Les aides électroniques de la Tuono V4
Le reste de l’APRC (Aprilia Performance Ride Control), le coeur technologique des Aprilia, a lui aussi subi une mise à jour. La marque de Noale avait frappé fort lors de la première présentation de son système d’aides au pilotage, en débarquant avec un des packs les plus performant du marché.
Pour cette version 2021, les Italiens ont frappé encore plus fort, et le ressenti de son action est encore plus précis. Je sens la différence d’agissement de l’APRC sur chaque niveau (on peut en compter 8), m’amusant à laisser le pneu arrière amorcer des glisses à l’accélération, et en toute sécurité.
Je roule d’ailleurs comme à mon habitude avec l’anti-wheeling déconnecté, pour plus de fun, le calage du V4 forçant la roue avant à rester au sol à la mise des gaz. En parlant de gaz justement, la gestion « Ride By Wire » de la commande d’accélérateur est elle aussi proche de la perfection, aucun à-coup ne vient perturber les phases de pilotage.
Le moteur V4, Euro 5, mais pas limité
Le V4 italien n’a pas perdu en fougue en passant par la case Euro 5, mais il ne faut cependant pas compter sur lui en dessous de 4000 tr/min, régime où le couple commence à faire son apparition. La Tuono V4 s’éjecte de chaque courbe avec force dès que le cap des 6000 tr/min est dépassé.
Mais c’est à partir de 8500 tr/min que la cavalerie vous catapultera vraiment, avec une puissance confortable et dans un bruit métallique propre à la marque. Chaque accélération, à partir de ce régime, fera décoller la roue sur les 3 premiers rapports dans ma configuration, un vrai régal!
La façon dont est délivrée la puissance sur ce bloc donne une sensation élastique, une souplesse bien appréciable, car elle permet de bien maîtriser la machine jusqu’à la coupure d’allumage qui intervient à plus de 12500 tr/min. La magie de ce moteur couplé avec une transmission optimum sur route en font un cocktail détonnant, un des meilleurs compromis actuels à mes yeux.
Conclusion
J’ai toujours du mal à être neutre face à une moto de la lignée RSV4, c’est un fait. Mais Aprilia ne m’a pas aidé non plus en sortant une moto ajoutant polyvalence et confort à son éventail de qualités.
Vous désirez plus de polyvalence et encore plus de confort? Alors orientez-vous vers la version standard qui ravira les voyageurs rapides. Mais pour en revenir à notre Factory d’essai, proposée au tarif de 20995 frs, elle reste moins chère qu’une concurrence élitiste en terme de prix. Tout comme la RSV4, la diminution des coûts en production a fait baisser la qualité de son habillage, sans heureusement pour autant toucher à la qualité de sa mécanique.
Après deux semaines à son bord, je ne peux que vous inviter à aller l’essayer cette Tuono V4 un de nos partenaires de l’Annuaire suisse des professionnels de la moto, comme MOTOSROCHAT à Genève, ou Tricana Motorcycles à Corseaux-sur-Vevey. Mais attention: l’essayer, c’est l’adopter! Vous pouvez aussi consulter le site suisse de la marque.
Il faut parler de l’énorme problème de la tuono V4 car oui il y a un point noir majeur : la chauffe en ville , elle monte rapidement à 115 degrés et coupe par sécurité et pas dans des bouchons énormes , 3 ou 4 feux rouges par 25 degrés et bing