Oldtimers-Youngtimers – Au guidon sur la montée de Corcelles-le-Jorat
Le dernier week-end d’août s’est déroulée la 26ème édition de la course de côte Oldtimer de Corcelles-le-Jorat (VD). Une rétrospective old- et youngtimers qui a tenu toutes ses promesses avec de superbes montées dans un écrin magnifique et avec une ambiance magique. Il y avait aussi la Grande Finale du championnat suisse des side-cars, qui a généré le plein d’émotions. Nous y étions, au guidon dans la montée et au micro!
Pour les Oldtimers et Youngtimers, la course de côte de Corcelles-le-Jorat s’est imposée au fil des ans comme un rendez-vous incontournable dans le paysage motocycliste et side-cariste de Suisse et de France voisine.
Ce dernier week-end du mois d’août n’a fait que renforcer cette réputation. Et même si l’événement a habituellement lieu l’avant-dernier weekend du mois d’août , cette année, à la suite d’une entente avec les organisateurs de la fameuse Rétrospective Ollon-Villars, qui se déroule tous les 3 ans, la course vaudoise a été décalée au dernier weekend. De surcroît, la manifestation accueillait cette année pour la première fois la grande finale du championnat suisse des side-cars, version courses de côte.
Tous les ingrédients étaient donc réunis pour que la fête soit totale: du partage, de la joie, de la passion, du suspense, le tout avec entrée libre et dans un miracle de fenêtre météorologique.
En effet, une miraculeuse « fenêtre de tir », car il avait plu avant, et abondamment même. Et il a bien draché aussi le jour d’après. Mais, entre-temps, le ciel s’est entr’ouvert vers la mi-journée du samedi, juste avant le briefing des pilotes/équipages et jusqu’au terme du week-end.
Nous y étions !
ActuMoto.ch y était! Et nous étions doublement impliqués dans l’événement.
En effet, notre rédac’ chef Jérôme a officié au micro pendant les deux jours.

En paralèlle, notre essayeur-photographe Phoukham « Foux » Phothirath faisait partie des bénévoles avant et après l’événement.
Tout en enchaînant les montées durant tout le weekend au guidon de sa Suzuki GSX-R 750 de 1988…
Le travail de l’ombre
Toutes les manifestations reposent sur une armée de bénévoles.
Et Corcelles ne déroge pas à la règle, la préparation débutant quelques mois avant, avec les premières consignes lors de l’Assemblée Générale du Moto-Club, en février.
Puis les échanges et les préparatifs se sont intensifiés avec les demandes d’autorisations, les plans de circulation, la signalisation, les déviations des transports publics, les ambulances et autres mises en place logistiques. Sans compter la couverture médiatique sur les réseaux sociaux, et la gestion des inscriptions. Un travail de longue haleine, avec des équipes multiples mobilisées.
Puis vint la réunion pré-course, un mois avant l’événement. Le moment de re-former les équipes, et re-donner quelques (dernières) directives.
Mais globalement c’est une machine bien rodée, au fonctionnement bien huilé. Depuis des années!

Puis arriva l’avant-veille, et puis la veille.
Le vendredi les différentes équipes sont au branle-bas de combat: la signalisation, les bottes de paille à placer le long du tracé, les déchets, les sanitaires, l’électricité, les piquets, la sono, les vérifications administratives et techniques, etc.
Équipés de gilets jaunes, les bénévoles se sont ensuite dispersés comme autant de fourmis, chacune sachant exactement ce qu’elle avait à faire. Des années d’organisation, de répétitions, que même une pandémie n’a pu démobiliser.
Pendant ce temps le paddock motos et side-cars se remplissaient peu à peu: la scène se mettait en place. Les acteurs de ce 26ème opus arrivaient et s’installaient les uns après les autres.
Bref, le théâtre s’installait, les paddocks se remplissaient et tout le monde se mettait en place.
Briefing sur fond de silence quasi-religieux.On est plongé dans une ambiance de kermesse, de joies, de retrouvailles. Certains ne s’étaient pas vus depuis la dernière édition, d’autres depuis une semaine (Ollon-Villars) …
Finale du Swiss Side-Car Legend Trophy
Et, grande nouveauté pour cette année également, le tracé sinueux de Corcelles accueillait pour la première fois la grande Finale du Swiss Side-Car Legend Trophy (SSCLT, crée en 2023).
C’est un championnat de la montagne des side-cars organisé par notre organisation faîtière du sport motocycliste en suisse SwissMoto et qui a cette particularité de se jouer à la régularité.
Avant cette ultime manche, l’équipage Schneiter/Peña avait 17 points d’avance sur le duo Bolland/Bourre, tandis que 10 points seulement séparaient ces derniers des 6èmes (Déglon/Colliard).
Un doux euphémisme de dire que c’était ultra-serré, en sachant que l’attribution des points se fait comme en Grands Prix (25 au premier, 20 au second, 16 au troisième, etc).
Corcelles-le-Jorat hébergera deux courses durant le week-end.
Passion et partages
Mais, en dehors de cette finale et de ces aspects sportifs, l’ensemble des participants et les spectateurs ont pu pleinement savourer la fenêtre de beau temps miraculeuse.
Jusqu’à l’ivresse même, puisque pas moins de 14 montées ont été effectuées sur l’ensemble des deux jours (co-record), dont 4 en duo/duel – une spécialité de Corcelles.

Après avoir combattu le chrono et soi-même, il est bon de pouvoir prendre le départ contre son pire ami, son meilleur ennemi, son proche parent.
Ces montées en duo/duel, et en voilà une idée qu’elle est bonne! Et fortement appréciée par le public, venu en nombre dès le samedi après-midi (appréciation subjective), qui s’est délecté de ces montées libres ou chronométrées, mais aussi de ces joutes amicales.
Et quel plaisir que de pouvoir poser la moto à l’arrivée contre les piquets solidement ancrés, discuter avec les copains, et devenir soi-même spectateur avec les montées des sides.

Et assister aux premières loges à la bataille pour le podium; une bataille qui s’annonce féroce, âpre, homérique.
Entendre le hurlement himalayen, le rugissement strident, le métal hurlant des flèches multicolores déchirer les flancs des collines du Jorat et les voir franchir l’arrivée est une expérience qui donne de sacrés frissons!
Frissons
Avec 0,3 s d’écart entre mes deux montées de course, je ne peux pas viser le podium, comme en 2023. Ici c’est ultra serré et les premières places se jouent au centième (0,01 s d’écart entre les deux montées de course pour le premier, 0,04 s pour le second et 0,07 s pour le troisième).
Une erreur au départ, un truc que même les « L » ne font pas – pas vérifié d’être bien en première. Erreur bête car ce ne sont pas moins de deux secondes de perdues et, accessoirement, les adieux aux espoirs pour une montée sous la minute…
L’objectif pour la seconde montée chrono est donc de rester dans ce rythme-là, et espérer minimiser au maximum (si, si, c’est le concept des courses de régularité) les écarts…

En attendant, se placer en pré-grille.
Avancer jusqu’au départ, vérification de la jugulaire.

Sentir les yeux braqués sur soi au départ, ce truc dans la poitrine qui n’en peut plus et qui bat à rompre…
Drapeau suisse agité. Go !

Et, malgré les dizaines de montées et de départs en championnat, il y a toujours ces frémissements dans les jambes et ces frissons qui parcourent l’échine…
Puis vint le soulagement d’être enfin lancé, d’entendre la mécanique respirer et le moteur prendre ses tours (hurler?).
Comme un lâcher de fauves.

Rester au-dessus des 7000 tours fatidiques, passer les chicanes au ras de la paille, sans les toucher.
Et cette vibration, cette joie intime et le sourire qui va avec lorsque les sliders frottent.

L’adrénaline est au plus haut. Et le plaisir au passage. Au final un P12 très satisfaisant, vu le nombre de concurrents et le type de course (ré-gu-la-ri-té!).
Mais la signature de Corcelles, ce sont les montées en duo. Ainsi, samedi, j’ai pu croiser le fer le samedi avec Marin sur sa « 7/11 », comme sont appelées les Suzuki GSX-R « hybrides »: en l’occurence celle-ci date de 1988 avec la partie-cycle de la 750 mais avec le moteur de la 1100.
Un boulet de canon que je me suis évertué à « block passer » ou à bouchonner les trajectoires…
Je le sentais qui reprenait à chaque accélération, j’entendais dans ma nuque ce feulement du gros bloc à chaque micro-ligne droite…
Sage, Marin n’a pas voulu tout tenter pour me dépasser.

Tout comme je n’ai pas pu dépasser, juste pu recoller, mon ami Éric sur sa GSX-R 1100 de 1986 lors du duel du dimanche.
Car ces montées en duo/duel restent toujours aussi jubilatoires, pour peu qu’on ne s’enflamme pas trop et qu’on garde la tête froide – le clou du spectacle étant bien sûr ces montées avec deux side-cars qui se tirent la bourre.

À l’année prochaine
Au final, l’ambulance n’a pas eu à intervenir. Pour la plus grande satisfaction de Raoul Fromaget, le directeur de course qui, de son propre aveu, a sorti un briefing «maman» le samedi matin et de Pierre-Alain «PAMu» Murisier, le président du Team Girard (motoclub organisateur).
Joie, sourires, ambiance festive, adrénaline à gogo et partage ad libitum – autant de qualificatifs pour un weekend quasi-parfait. Et, en se quittant, l’on se donne déjà rendez-vous pour 2026.
Au fait, bravo à l’équipage Schneiter/Peña qui est devenu champion de Suisse du SSCLT au bout d’un finish âprement disputé, devant les équipages Déglon/Colliard/Volet et Mühlheim/Marsal/Gothuey – 15 points séparant au final les premiers des cinquièmes !

Bien sûr, on ne peut clore ce compte-rendu sans un merci aussi aux commissaires de piste (une quinzaine), aux benévoles (il faut en compter 45 pour le vendredi et 35 pour démonter le lundi), aux photographes et médias.
Mais aussi aux spectateurs, aux sponsors et aux acteurs locaux (syndics, autorités) sans qui ce type de manifestations deviendrait caduc.

D’ores-et-déjà, l’on se donne rendez-vous les 18 et 19 octobre à la course intergalactique de Verbois (course genevoise), dont ce sera la 68ème édition.
ActuMoto y sera. Et dans la course, et parmi les exposants.