Au bout du Bol d’Or, Sébastien, Valentin et Guillaume décrochent enfin le titre mondial d’endurance en Superstock
Les frères vaudois Sébastien et Valentin Suchet, avec leur coéquipier français Guillaume Raymond, attendaient ça depuis des années: finir une saison à la première place avec leur team français National Motos Honda. Leur rêve s’est réalisé dans la dernière course de l’année, au Castellet. Ils sont arrivés au bout de cette épreuve de 24 heures, en dépit de plusieurs problèmes mécaniques et électroniques. Trois autres Suisses ont bien terminé ce Bol d’Or 2024: les Fribourgeois Samuel Trüeb et Noan Vasta, et le Genevois Grégory Monaya.
Ils ont dû serrer les dents, et tout le team National Motos Honda avec eux. Sébastien, Valentin et Guillaume, les trois pilotes de cette équipe engagée depuis plusieurs années dans le championnat mondial d’endurance, avaient en effet une belle occasion d’enfin décrocher le titre cette année dans la finale de la saison, la course de 24 heures du Bol d’Or, sur le circuit Paul Ricard, au sud de la France. Mais la course ne s’est pas exactement passée comme c’était prévu.
National Motos, avec ses trois pilotes Sébastien, Valentin et Guillaume (les deux frères Suchet, suisses, et Guillaume Raymond, le français) était en tête du championnat dans la catégorie Superstock après la course des 8 heures de Suzuka, au Japon, course à laquelle pour la première fois des équipages de cette catégorie pouvaient prendre part (lire notre article).
Pour rappel, il existe trois catégories distinctes dans ce championnat: la première est la catégorie EWC, qui correspond au Superbike, avec des machines certes dérivées de la production de série, mais tout de même modifiées pour cette discipline: moteur plus performant, suspensions spécifiques, transformations permettant d’effectuer dans un minimum de temps les opérations indispensables lorsque la moto passe au box du team pour changer les pneus, faire le plein de carburant, etc.
C’est dans cette catégorie qu’il faut bien sûr chercher tous les teams soutenus par les usines des différents constructeurs moto, plus ou moins directement: Suzuki (le SERT), Yamaha (YART), Honda (team F.C.C. TSR), Kawasaki (Webike Trickstar) … teams qui ont bien sûr plus de moyens financiers et humains que ceux qui sont inscrits dans la deuxième catégorie, le Superstock.
Là, les motos sont plus proches des machines de série vendues dans le commerce, et moins performantes. Sur la piste, on fait la distinction au premier coup d’oeil grâce à la couleur des phares: blancs pour l’EWC, jaune pour le Superstock.
Il y a encore une troisième catégorie, Expérimental, qui est réservée aux quelques rares motos qui ne correspondent pas aux règles en vigueur pour l’EWC ou le Superstock. Cela peut être parce que le carburant est un carburant spécial (plus durable), ou en raison d’une autre particularité.
La course du Bol d’Or est non seulement une course de 24 heures, mais le circuit sur lequel elle a lieu, au Castellet, possède l’une des lignes droites les plus longues de toute la planète, et les vitesses atteintes sont considérables. Sur 24 heures, cela peut souvent mettre en crise les moteurs. C’est exactement ce qui est arrivé à Sébastien, Valentin et Guillaume, les trois pilotes du National Motos, lors de l’édition 2024.
Chez National Motos, on est conscient de ce problème, et on a donc abordé le Bol d’Or 2024 avec plein de prudence, et la consigne de ne pas chercher la performance à tout prix, mais bien de terminer l’épreuve. On rappelle au passage que Sébastien Suchet fait partie des pilotes qu’ActuMoto.ch soutient. Ce qui fait que notre logo figure sur la combinaison du Vaudois!
C’est d’emblée la moto du team World Endurance BMW Motorrad (EWC, numéro 37), jusque là troisième du championnat et l’une des trois prétendantes au sacre en EWC cette année, qui a pris la pole, grâce à la moyenne des temps de ses deux pilotes les plus rapides (sur trois).
Elle devançait la Yamaha du champion en titre, le YART (numéro 1), qui était alors en tête au championnat, de quelques points, sur la Suzuki du SERT. Cette dernière a pris la troisième place des qualifications. On note au passage que le Suisse Robin Mulhauser, pilote remplaçant au YART, a posté le deuxième temps de son équipe, juste derrière celui de l’Italien Niccolo Canepa! Canepa a par ailleurs annoncé que ce Bol d’Or serait son dernier et qu’il mettrait fin à sa carrière sportive à l’issue de cette épreuve.
Quant au SERT, il alignait pour cette course Gregg Black et Dan Linfoot, et, de retour après une fracture au poignet, Etienne Masson, qui était remplacé à Suzuka.
Plusieurs pilotes suisses, outre les frères Sébastien et Valentin Suchet, participaient à ce Bol d’Or 2024. On peut citer l’ancien champion du monde Supersport (2019) Randy Krummenacher, actif depuis cette saison au sein du team français indépendant Tati Beringer (EWC, Honda numéro 4). Ou encore, toujours en EWC, le Fribourgeois Samuel Trüeb, pilote d’endurance depuis pas mal d’années, et membre du team Mana’Au Compétition (Honda numéro 53), qui « soutient la ligue contre le cancer ».
Un des deux autres pilotes de cette équipe ayant dû déclarer forfait, un remplaçant a été trouvé, et c’est un autre Suisse, le Genevois Grégory Monaya – qui vient de finir vice-champion français en Promosport 1000.
Il y avait encore un Fribourgeois, le Châtelois Noan Vasta, champion en titre Promosport 1000 (devant Monaya) cette année, et engagé dans le petit Team 42 Lycée Sainte Claire (Yamaha numéro … 42, Superstock).
Le Tati Beringer s’est classé sixième, derrière le F.C.C. TSR Honda France. Quant à Mana’Au Compétition, il a pris le 27ème rang, et le team 42 le 31ème.
Le team suisse Bolliger (EWC, Kawasaki numéro 8), un incontournable du mondial d’endurance, n’avait pas de pilote suisse dans ses rangs pour cette course. Son trio était composé de l’Espagnol Alex Toledo, de l’Autrichien Nico Thöni, et du Français Anthony Loiseau, « prêté » par le team officiel Kawasaki et remplaçant de dernière minute du Portugais Pedro Romero.
National Motos était à la 18ème position, septième des Superstock, avec de bons temps pour Sébastien, Valentin et Guillaume. La pole pour cette catégorie est revenue au team Tecmas (BMW numéro 9), devant un nouveau venu, le Hungarian Endurance Racing Team (BMW numéro 713), lui-même suivi par le Team Etoile (BMW numéro 25).
Les deux équipes mieux positionnées au départ que National Motos et qui avaient encore la possibilité de dénier à la Honda numéro 55 et à ses pilotes Sébastien, Valentin et Guillaume le titre Superstock étaient le Team Etoile et le Chromeburner-RAC 41 Honda, juste derrière Etoile.
Au départ, samedi à 15h, et alors que les températures étaient déjà nettement plus élevées que lors des qualifications, le pilote du SERT est comme souvent parti en tête, dépassant la Yamaha du YART et la BMW numéro 37. Mais ce sont deux machines Honda, la 4 et la 5, qui se sont très vite emparées des commandes, imprimant un rythme infernal à ce début de course.
Niccolo Canepa, le pilote du YART, semblait en difficulté au bout de quelques tours, perdant régulièrement des rangs. Il s’est avéré qu’il y avait un sérieux problème de pneu arrière, pneu qui a fini par éclater. Cet incident a provoqué des dommages sur la moto et il a fallu la rentrer au box pour tout remettre en état. Une opération qui a fait perdre cinq bonnes minutes au team, qui s’est retrouvé à devoir remonter les rangs.
Pendant ce temps, la Suzuki numéro 12 s’est accrochée et n’a pas dû attendre longtemps pour revenir au premier plan. Elle s’est d’abord glissé entre la Honda numéro 5 et le reste des machines, la numéro 4 ayant perdu du terrain au bout de deux heures à cause d’un changement de sélecteur forcé dans les stands. Le retard de la Honda du Tati Team s’est accentué quand Randy Krummenacher est littéralement tombé (par terre) en panne sèche.
Puis ce fut au tour du F.C.C. TSR de perdre du terrain (10 minutes), victime du même problème de pneu que le YART. Et le SERT, jusque là sans faute, s’est installé en tête de l’épreuve.
Le team Kawasaki Webike Trickstar (numéro 11) a été victime d’une casse moteur peu après 18h, après avoir défendu avec succès une place dans le top 10. Il a dû abandonner.
Chez les Superstock, National Motos a mal entamé sa course, devant rentrer au box pour un problème de cale-pied, puis, un peu plus tard, pour un radiateur percé.
Les mécaniciens du team ont livré un travail irréprochable et la Honda numéro 55 a les deux fois pu revenir en piste, mais il fallait aussi à chaque fois rattraper le retard. Ce que Sébastien, Valentin et Guillaume ont à chaque fois fait, avec beaucoup de métier.
La BMW numéro 713 (Hungarian Endurance Racing Team) était bien placée jusqu’à ce qu’une défaillance moteur mette définitivement fin à son aventure, un peu avant 18 heures.
Il y a eu d’autres coups du sort pour plusieurs équipes durant la nuit sur le circuit Paul Riccard. Vers 2h40 du matin, Hannes Soomer, le pilote remplaçant du team BMW officiel après le retrait de Sylvain Guintoli (en raison des problèmes de santé de son jeune fils), Hannes Soomer, est lourdement tombé. Il s’est cassé la clavicule mais a quand même réussi à ramener la moto au box.
Ses équipiers Ilya Mikhalchyk et Markus Reiterberger ont continué la course à deux, mais ils n’étaient plus dans le trio de tête. La Honda du team officiel avait elle refait une partie de son retard et pointait à la huitième place, tandis que le YART remontait lui aussi et atteignait le top 10.
Le team Tati et le team Bolliger ont subi des avaries techniques durant la nuit. Et ils ont fini par devoir abandonner avant le lever du soleil.
Enfin le Tecmas, qui était en tête de la catégorie Superstock, a dû sortir définitivement de la course un peu après 4 heures du matin, là aussi en raison d’un moteur défaillant.
Cet abandon a mis le team Etoile en tête des équipes Superstock, devant le team 18 Sapeurs Pompiers (Yamaha) et le team Aviobike (Aprilia, numéro 111). La Honda du Chromeburner-RAC 41 était alors 4ème.
Sébastien, Valentin et Guillaume, chez National Motos, malgré des infortunes répétées (chaîne qui casse, shifter abîmé, perte du contrôle de traction …), étaient encore en lice pour la couronne de sa catégorie après 16 heures de course, se trouvant aux alentours de la 20ème place.
Le Team Etoile n’a pas pu terminer les 24 heures et a laissé la place à la Yamaha numéro 18. Puis l’Aprilia numéro 111 a elle aussi abandonné, offrant un rang à la Honda numéro 41, qui était la plus proche de National Motos au nombre de points du classement du championnat.
Le KM99, grâce aux infortunes du team BMW numéro 37, et à l’abandon de son poursuivant le plus proche, le team Viltais (Honda numéro 333), a pu se hisser à la deuxième place, 10 tours derrière la Suzuki numéro 12.
Les trois pilotes du YART ont fourni un dernier effort pour remonter jusque sur la troisième marche du podium final de la course, remportée pour la 20ème fois (!) par le SERT.
Ce résultat fait que cette dernière équipe empoche aussi le titre cette saison, devant le YART et le team BMW. Ce dernier finit à la cinquième place de ce Bol d’Or 2024, avec deux tours de retard sur la première équipe Superstock, la Yamaha numéro 18!
Viennent ensuite la Honda numéro 41 du team Chromeburner, et une autre Honda, celle du team TRT AZ Moto (numéro 27), qui prend donc la troisième marche du podium Superstock.
L’équipe de Mana’Au Compétition termine en 13ème position au classement scratch, la 7ème du classement de la catégorie EWC. Et le team 42 Lycée Sainte Claire finit 16ème.
C’est juste après qu’il faut chercher les trois gladiateurs du team National Motos Honda, 17èmes, 10èmes de leur catégorie après 694 tours, et plus d’une heure et 14 minutes passées au stand durant cette éprouvante course de 24 heures!
Sébastien, Valentin, Guillaume et tout le team marquent ainsi 11 points. Juste assez pour garder leur première place au classement de l’Endurance World Cup, en catégorie Superstock! Et donc pour être couronnés champions en cette fin de saison 2024!
Pour les classements complets de ce Bol d’Or 2024, c’est par ici.