Une large alliance contre le 30 km/h généralisé à Genève

Publié le 19 novembre 2022 par Jérôme Ducret.

Photos: DR.

Mobilité

Une large alliance contre le 30 km/h généralisé à Genève

Plusieurs associations concernées par la mobilité en ville de Genève, dont Générations2Motards, soutiennent le recours déjà déposé par la section genevoise du TCS. Elles s’opposent à une généralisation de la limite de 30 km/h sur plus de 300 tronçons de route, y compris sur des axes dits « structurants », invoquant des effets secondaires néfastes tant pour les personnes qui se déplacent que pour l’économie et les habitants.

La limite de 30 km/h était en passe de devenir générale sur tout le territoire urbain genevois. C’est en tout cas la décision qu’a prise le conseil d’Etat genevois, soit le gouvernement cantonal, le 10 octobre dernier. Mais un recours déposé par plusieurs associations et institutions concernées par la mobilité a bloqué la manoeuvre.

L’arrêté du Conseil d’Etat concernait la mise à 30 km/h de quelque 300 tronçons de routes sur le territoire cantonal. La majorité d’entre eux se trouvant bien sûr en ville même de Genève. Pour connaître les détails de cette décision, c’est par ici.

Le changement concernait aussi les axes dits structurants, du moins ceux qui se trouvent dans l’hyper-centre genevois. Par structurants, on désigne des routes qui permettent de regrouper le trafic en traversée d’agglomération, afin notamment de délester les autres rues et routes.

30 km/h
Le projet selon la décision du COnseil d’Etat genevois. En vert, tous les axes qui devraient passer à 30 km/h. En rouge, ceux qui resteraient à 50 km/h.

La limite à 30 km/h aurait été valable de jour comme de nuit dans l’hypercentre genevois, dans les quartiers, et dans les localités – comprenez les centres des autres communes. Et il aurait été imposé seulement la nuit dans « le centre » et « la ceinture urbaine », y compris le « U » lacustre.

Un recours a été déposé, on l’a dit, ce 9 novembre dernier, soutenu par un groupe d’associations et d’organisations concernées par la mobilité à Genève, en premier lieu la section genevoise du TCS et celle de l’ASTAG (association suisse des transports routiers). Et tant que ce recours n’a pas été traité par la justice, il n’est pas possible de mettre en place les nouvelles limitations.

La généralisation du 30 km/h, selon le Conseil d’Etat genevois, vise principalement à réduire le bruit causé par la route. A l’appui de cela, selon le Conseiller d’Etat Serge Dal Busco, en charge de la mobilité, cité notamment par le journal 20 Minutes, le fait de passer d’une vitesse de 50 km/h à 30 km/h réduirait ce bruit de deux ou trois décibels. Ce qui correspond à deux fois moins de bruit, puisque la mesure par décibel utilise une échelle logarythmique (ou exponentielle). Les augmentations ou diminutions ne sont pas linéaires.

Formellement, ce sont le TCS et l’ASTAG qui ont déposé le recours, auprès du tribunal cantonal administratif, en première instance. Mais le recours est soutenu par toute une série d’autres organisations regroupées au sein de Genève Mobilité, ce qui inclut l’association des parkings genevois, celles des commerces, des entreprises du bâtiment, l’ACS… et de GénérationsMotards, une association qui regroupe les motocyclistes, dans le canton de Genève et aussi dans d’autres endroits de Suisse romande.

Ce recours a un effet suspensif, et au vu du temps pris d’ordinaire par la justice genevoise pour traiter ce genre d’objet, il est raisonnable de penser que rien ne va pouvoir être entrepris sur ce plan-là avant au moins une ou deux années.

Dans leur argumentaire, les recourants font valoir que réduire la vitesse à 30 km/h sur de saxes structurants aurait pour effet d’inciter les usagers, dans bien des cas, à passer par le réseau secondaire, ce qui n’aurait pas l’effet voulu en terme de bruit.

Et ils ajoutent que cela ralentirait encore la cadence des véhicules des transports publics, et poserait problème aussi pour les services d’urgence et de secours.

Enfin cette réduction de vitesse sur tous les axes poserait aussi problème aux différents services de livraison, réduisant leur efficacité.

« Nous défendons une vraie hiérarchisation des voies de circulation »

« Nous ne sommes absolument pas contre les zones 30 dans les quartiers et là où cela fait sens, précise Yves Gerber, directeur de la section genevoise du TCS. Mais nous défendons une vraie hiérarchisation des voies de circulation, avec des axes structurants restant à 50 km/h. Et de notre point de vue, c’est aussi valable pour la circulation la nuit, où l’on risque de se retrouver face aux mêmes problèmes de report du trafic sur les routes secondaires. »

Selon l’analyse des recourants, il faudrait conserver plus de rues au centre-ville avec une limitation de vitesse à 50 km/h que ce prévoit le projet du Conseil d’Etat.

30 km/h
A Lausanne, le 30 km/h a été généralisé la nuit.

Il ajoute que baisser la vitesse maximale de 50 à 30 km/h n’est pas efficace dans tous les cas, car cela dépend de la configuration des routes, de la topographie, du nombre de feux, etc. Et il souligne aussi le fait selon lui que le « Conseil d’Etat ne se base que sur très peu d’études » pour justifier son projet.

Enfin il rappelle que la pose de revêtements dits phono-absorbants sur les routes est au moins aussi efficace, sinon plus, que la baisse de la vitesse maximale. Tout en pointant du doigt le fait que, si le canton de Genève a fait plus ou moins ce qu’il devait dans ce domaine, sur les routes cantonales, la ville de Genève ait elle accumulé beaucoup de retards.

Il est certain que Genève n’est pas le seul endroit de Suisse où une généralisation du 30 km/h est envisagée. Elle existe déjà la nuit à Lausanne. Et la Municipalité de la capitale vaudoise ne fait pas mystère de son intention d’imposer le 30 km/h aussi de jour. Sans toutefois que l’on sache en l’état si cela concernerait aussi les axes structurants.

Source comm. Générations2Motards, TCS-GE, ASTAG, GenèveMobilité
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