Dakar 2022 – Un prologue explosif

Publié le 1 janvier 2022 par Mathias Deshusses.

Photos: ASO - Rally Zone - DPPI - J. Chotard.

Rallye-raid

Dakar 2022 – Un prologue explosif

Quatre marques différentes aux quatre premières places. La mise en jambe de 19 kilomètres, qui a eu lieu ce matin entre Jeddah et Ha’il, en Arabie saoudite, a mis en lumière la volonté des pilotes d’attaquer d’entrée de jeu. Pas de doute, la course sera serrée.

Valait-il mieux cacher ses intentions et se préserver pour la course, qui ne débute réellement que demain? Ou au contraire performer d’office, pour démontrer à la concurrence sa force de frappe? C’est sans doute la deuxième option qui a pris le dessus, à voir la fougue des pilotes sur les 19 kilomètres de spéciale chronométrée.

Une spéciale en forme de prologue

Baptisée «1A», cette première étape est en réalité un prologue déguisé. Le but? Déterminer l’ordre de départ pour la première étape («1B») qui emmènera les concurrents, demain, sur une boucle au départ et à l’arrivée de Ha’il.

L’étape du jour, composée d’une spéciale de 19 kilomètres, et d’une liaison de 595 kilomètres.

Particularité de cette étape «1A» : les 15 premiers pourront choisir leur ordre de départ pour le lendemain. Ainsi, le quinzième temps choisira sa position de départ, puis le quatorzième, et ainsi de suite. Partir en premier n’est pas toujours la meilleure option en rallye-raid, car la navigation est une composante essentielle de la course et que le pilote en tête aura la charge d’ouvrir la route, tandis que ses poursuivants n’auront qu’à suivre ses traces… si le leader ne s’égare pas. Les stratégies possibles sont donc multiples. Et la direction de course applique un coefficient 5 sur les temps des compétiteurs, ce qui signifie que les chronos seront multipliés par 5 pour établir le classement à l’arrivée de l’étape.

Avantage GAS GAS

C’est Daniel Sanders (#4) qui s’est montré le plus rapide, avec un temps de 55 minutes et 30 secondes. 4ème l’an passé pour sa première participation au Dakar (sur KTM), le pilote australien a décroché cette année un guidon d’usine chez GAS GAS. Et il est heureux de remporter, enfin, sa première victoire d’étape: «Je me suis senti très à l’aise dans cette première spéciale, on a beaucoup travaillé sur la moto qui marche vraiment bien. Je savais que je devais être rapide et qu’il n’y avait pas de navigation. Dans ces conditions, je pouvais accrocher un top 5 ou top 3. Cela va me permettre de choisir une place entre 10 et 15 pour demain.»

Une minute (pile) derrière Daniel Sanders se trouve la Honda de Pablo Quintanilla (#7). Après plusieurs années passées chez Husqvarna, le pilote chilien est content de sa nouvelle moto: «C’est important de bien rouler le premier jour, je suis dans le rythme de la course. Je voulais me classer dans les 4 ou 5 premiers, donc c’est plutôt en bonne voie. Je vais essayer de partir le plus loin possible, et cela permettra peut-être de conserver l’avantage que j’ai pris sur les autres.»

Pablo Quintanilla sur sa nouvelle Honda.

Derrière, dans un mouchoir de poche, on retrouve Ross Branch (Yamaha #16) et le tenant du titre Kevin Benavides (KTM #1), à respectivement 1’55 et 2’00 du leader. Quatre marques aux quatre premières places, avec un écart de deux minutes: la course promet d’être serrée. Matthias Walkner (KTM #52), vainqueur de l’édition 2018, complète le top 5 de cette première spéciale, à 2’35.

Adrien Van Beveren loupe le top 5… pour cinq petites secondes. 6ème à 2’40, le pilote français garde un goût amer de ses quatre dernières participations, qui se sont toutes soldées par un abandon. Mais il se montre confiant pour la course à venir: «Je n’étais pas super relax aujourd’hui, mais je connais cette sensation, c’est normal. Je suis en phase avec moi-même, je donne le meilleur, je ne fais pas de stratégie. Je n’ai pas terminé le Dakar depuis 2017, j’ai envie d’aller au bout. Si j’arrive à m’exprimer à mon niveau, je pense que la performance sera au rendez-vous. J’espère que le travail va payer.»  C’est tout ce qu’on lui souhaite.

Kevin Benavides, vainqueur en 2021 sur une Honda, roule à présent pour KTM.

Dans le top 10 du jour, on retrouve Sam Sunderland (#3), qui a également troqué sa KTM d’usine contre une GAS GAS, et Toby Price (KTM #18). Respectivement 7ème et 8ème, ils pointent tous deux à 2’55 de Daniel Sanders. Suivent enfin Joan Barreda (Honda #88) 9ème à 3’00, et Andrew Short (Yamaha #29), 10ème à 3’00 également.

Et les Suisses ?

Nicolas Monnin, pilote ActuMoto (Honda #116), se classe en 127ème position, à 36’30 du leader. Le Neuchâtelois nous disait hier soir, à la veille du départ, ne pas vouloir prendre trop de risque sur cet spéciale au goût d’échauffement. «L’objectif, c’est de se mettre dans le bain, je ne vais pas trop forcer et essayer de prendre du plaisir. On sait qu’il y a quelques pièges de navigation vers le kilomètre 5, et une grosse dune à franchir, au kilomètre 15. Je vais faire attention car on peut très vite perdre beaucoup.»

Nicolas Monnin au départ de la spéciale, ce matin.

A l’arrivée de liaison, le Neuchâtelois est éprouvé, mais ravi : « C’était un beau tracé, dans le sable, un peu technique. Je m’étais promis de ne pas m’enflammer, d’y aller tranquillement et c’est ce que j’ai fait. Je suis fier d’avoir réussi à m’y tenir, même si j’avais envie d’attaquer et que du coup, le classement n’est pas top. Mais l’objectif du jour est atteint. Et je suis mentalement prêt à en découdre – avec la piste comme avec moi-même. » Il y a malgré tout eu un petit souci, au niveau de la balise GPS: « C’était presque impossible de suivre le roadbook car je n’avais pas de point de repère. Sur 19 kilomètres, ça n’a pas trop posé de problème car je pouvais suivre les traces. Mais il va falloir que je règle cela rapidement. »

Une liaison de plusieurs centaines de kilomètres, avec des lignes droites désespérantes mais des paysages sublimes… bienvenue sur le Dakar!

Notre Suisse de cœur Jonathan Chotard (KTM #139) a pour sa part apprécié le spectacle de cette première étape, avec un départ à l’aube.

Lever à l’aube pour Jonathan Chotard (N°139), à droite.

Il s’est confié à nous à l’arrivée de la spéciale : «Ce prologue était juste… juste «Woaw» ! Une vingtaine de kilomètres, c’était parfait pour se mettre en jambes. Rouler au soleil levant, sur des superbes dunes, c’était top ! Un joli prologue, même s’il y’avait déjà une navigation peu évidente et que l’excitation du départ m’a un peu empêché de me concentrer. Mais je m’en suis bien sorti et je suis content.» Le français de 33 ans, qui travaille comme mécanicien moto dans le canton de Vaud, prend le 83ème temps du jour, à 25 minutes et 20 secondes du leader. Vraiment pas mal pour une première!

Jonathan Chotard est arrivé sur le bivouac, à Ha’il.
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