Claudio Domenicali au Salon de l’Auto à Genève

Publié le 7 mars 2017 par Jérôme Ducret.

Photos: DR.

Interview

Claudio Domenicali au Salon de l’Auto à Genève

Le patron de Ducati explique les relations de sa marque avec le propriétaire Audi, l’intérêt de s’adresser à un public de non motocyclistes, l’arrivée prochaine d’une sportive avec un moteur dérivé du MotoGP, les chances de voir Lorenzo gagner le championnat… et les réflexions internes sur la participation éventuelle des rouges au Moto3.

Depuis quatre ans, la marque italienne Ducati est intégrée au groupe VW, par le biais de la marque de voiture Audi. Cette année, le CEO de Ducati, Claudio Domenicali, a fait le déplacement du Salon de l’automobile à Genève pour se présenter et parler à bâtons rompus avec des journalistes auto. Il a expliqué que les rouges avaient connu ces sept dernières années une croissance dépassant les 60%, que les finances étaient saines et que la politique de renouvellement et d’expansion de la gamme allait continuer. Actumoto.ch en a profité pour lui poser quelques questions.

 

Que venez-vous faire dans un salon automobile?

Pour nous, il est important de promouvoir notre croissance en investissant de nouveaux secteurs. Cela vaut pour nos motos. Nous avons ajouté à notre gamme un cruiser, avec l’XDiavel, et une moto orientée tout-terrain, avec la Multistrada Enduro. Nous voulons aussi toucher un public nouveau, qui ne soit pas composé de motocyclistes. Pour cela, un endroit comme le Salon de l’Auto est idéal pour nous adresser à des médias et à un public différent. Cela fait déjà quelques années que le stand Audi accueille des motos de notre marque.

Qu’avez-vous apporté cette année?

Pour 2017, nous avons apporté trois de nos nouveaux modèles: la Supersport, la Monster 1200 S et la Multistrada 950. La première et la dernière sont exemplaires d’une nouvelle approche. Nous voulons nous adresser à des clients potentiels qui aimeraient avoir une Ducati, mais qui au final choisissent une autre marque. Soit parce que nos modèles les intimident de par leurs performances, soit à cause de leurs prix. De manière plus générale, il y des choses que nous devons expliquer et communiquer à ce public plus large.

C’est-à-dire?

Les gens qui ne connaissent pas bien ce monde ne sont par exemple pas au courant des évolutions gigantesques qui ont eu lieu dans le domaine de la sécurité sur deux roues, avec par exemple l’arrivée des airbags ou de l’ABS efficace en virage. Une grande partie des accidents subis par des non experts du pilotage moto survient justement parce qu’ils freinent mal dans un virage… et côté airbag, nous sommes le premier et pour l’instant le seul constructeur à proposer une liaison sans fil entre une veste avec airbag et l’électronique de la moto. Les quelques millisecondes ainsi gagnées peuvent faire toute la différence lors d’un accident. Le marché ne mord pas encore beaucoup mais cela va venir.

Pouvez-vous nous dire deux mots de votre relation avec Audi?

Je dirais que l’intégration d’une petite entreprise comme la nôtre, un peu plus de 1500 collaborateurs, dans un géant automobile de plus de 80000 personnes a logiquement pris du temps, et que nous commençons aujourd’hui à en voir les fruits, dans plusieurs domaines. Il y a des synergies du côté des structures de ventes, même si nous ne voulons pas mélanger les deux univers, moto et auto, et du côté financier. Et pour ce qui est du développement des produits, je peux donner deux exemples pour lesquels l’appui d’Audi et du groupe VW est intéressant. Le premier est celui de l’éclairage. Et le second est lié à la sécurité du véhicule et de son pilote.

Claudio Domenicali
Le même avec une Multistrada 1200.

Le fait de pouvoir développer des moyens permettant à nos motos de communiquer avec les autres usagers de la route et les autres véhicules est un plus. On ne verra pas une moto qui freine toute seule, c’est trop risqué, mais on peut par exemple imaginer que, si une situation de crash potentiel contre un autre véhicule est détectée, le système électronique de la moto va entamer une action de pré-freinage, juste de quoi avertir le pilote qu’il y a un problème potentiel.

Verra-t-on un jour une Ducati électrique, ou une moto Ducati autonome?

Pour le premier thème, nous en discutons régulièrement. Mais de notre point de vue, il n’y a pas encore de technologie mûre permettant d’offrir sur le marché l’autonomie suffisante avec un poids réduit pour une moto. Et pour ce qui est du second, c’est techniquement possible, oui. Mais où serait le fun de voir son véhicule conduit par quelqu’un d’autre? D’ailleurs la tendance actuelle vers la voiture autonome est une bonne nouvelle pour une marque comme Ducati. Si les voitures deviennent de plus en plus ennuyantes, le client aura de plus en plus envie d’investir son argent dans un passe-temps qui ne l’est pas. Et pour ce qui est du rapport fun par Euro, la moto est pour l’instant imbattable!

Quel est votre objectif en MotoGP cette année?

Cela fait trois ans que nous progressons régulièrement, chaque année. Il y a d’abord eu les premières poles, puis les premiers podiums. Puis les premières victoires. Je mentirais si je disais que nous serons satisfaits en atteignant le même niveau en 2017 qu’en 2016. Maintenant, si on me pose la question: notre pilote Jorge Lorenzo, quadruple champion du monde, peut-il gagner le championnat cette année, je réponds que ce n’est pas impossible, mais que ce n’est pas un objectif raisonnable. Il a gagné deux fois le championnat dans la catégorie reine, il a énormément de talent, mais il est resté sept ans avec la même moto, ou presque. Alors qu’il n’a jusqu’ici roulé que trois fois avec une Ducati. Il faut du temps.

Pouvez-vous confirmer l’arrivée prochaine d’une sportive avec un nouveau moteur V4?

Oui, je peux le confirmer. Nous sommes en train de développer une sportive avec ce type de moteur. Ce sera une moto qui aura un lien très étroit avec la technologie que nous avons développée pour le MotoGP, où nos motos utilisent aussi un V4. Nous avons constaté qu’il était possible d’obtenir un tel niveau de performance et de légèreté avec cette plate-forme qu’il serait stupide de ne pas le faire.  Je ne vais pas en dire plus pour l’instant. Ayez encore un peu de patience…

Pensez-vous vous participer à d’autres championnats, comme par exemple le Moto3?

Il est vrai que le Moto3 est une catégorie très intéressante, on peut y faire éclore de jeunes talents. A l’interne, il y a beaucoup de gens chez nous qui poussent dans cette direction, qui disent qu’avec un cylindre de moins et notre savoir-faire nous pourrions avoir une moto compétitive (ndlr: Claudio Domenicali a lui même mené à bien une moto monocylindre avec un petit moteur lors de ses premières années chez Ducati, le Supermono). Mais il reste que c’est un projet qui n’a pas pour l’instant été approuvé.

 

Les stands auto qui accueillent des motos et des scooters

Comme l’an passé, le Salon international de l’Auto de Genève accueille quelques motos et scooters. Ce sont évidemment des représentants des marques qui sont présentes aussi dans ce domaine, soit directement, soit parce qu’elles possèdent des actions d’une marque de deux (ou trois) roues, ou qu’elles en sont propriétaires.

Le propriétaire de Ducati étant Audi, c’est sur le stand de la marque aux anneaux que trônaient cette année encore trois motos italiennes.

Claudio Domenicali
Le petit coin Ducati sur le stand Audi: de g. à dr. la Supersport S, la Multistrada 950 et la Monster 1200 S.

Quant à BMW, sa division Motorrad a dépêché cette année deux nouveaux modèles dans la gamme 2017. Il s’agit de la version Rally de la célèbre R 1200 GS, et de la R NineT Racer.

Claudio Domenicali
Sur le stand BMW, la nouvelle R 1200 GS Rally et la nouvelle R NineT Racer.

Chez Honda, la CRF 1000 L Africa Twin trône près des voitures, comme l’an dernier. Elle est flanquée de deux nouveaux modèles: la CBR 1000 RR Fireblade 2017, et le tout nouveau X-ADV, SUV du monde de la moto.

Claudio Domenicali
Le nouvel X-ADV sur le stand Honda. Il y avait aussi la nouvelle Fireblade et la CRF 1000 L Africa Twin.

On n’oubliera pas, enfin, Peugeot, chez qui la division motocycles ne dépend plus vraiment du groupe automobile. Mais il y a encore des liens, outre le nom, ce qui explique la présence à Genève d’un Métropolis 400 (trois roues) et du nouveau scooter Belville.

Claudio Domenicali
Cinq roues sur le stand Peugeot (comptez bien).

Et n’oublions pas Yamaha, qui a placé une de ses XSR 900 Abarth sur le stand du constructeur italien de voitures…

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