Ducati Scrambler, il convainc aussi sur la durée

Publié le 22 septembre 2015 par Jérôme Ducret, mis à jour le 19 janvier 2020.

Ducati

Ducati Scrambler, il convainc aussi sur la durée

Deuxième essai de l’objet culte de Ducati, en jaune.

« Une excellente seconde moto », « un bel effet de mode ». Entrée fracassante dans l’univers désormais très extensible du néo rétro, la Ducati Scrambler jouit d’une cote d’amour au moins égale à la BMW Nine-T quelques mois plus tôt. Mais passé le coup de coeur, cette craquante réinterprétation du passé de la marque transalpine peut-elle tenir la distance et assurer ailleurs que devant les terrasses ? Une partie de la rédaction d’actumoto.ch avait été invitée lors du lancement international de la machine en Californie (lire notre test), et voici un deuxième avis. Nous avons passé huit jours en sa compagnie et effectué plusieurs milliers de kilomètres sur routes et chemins. Verdict, qui se double d’un avis sur un casque qui colle comme un gant à cette moto, le Bell Bullitt.

Alors, une vraie moto?
Mais oui. Certes, ce n’est pas une Multistrada et le Scrambler n’en a pas la prétention. Cela reste une petite naked, en format comme en cylindrée. Reste qu’avec un peu d’adaptation, non seulement elle en offre beaucoup plus que sa plastique effectivement charmante, mais son rayon d’action se montre plutôt plus large que nombre de roadsters soit très sportifs (et donc rétifs à la balade), soit lourds et encombrants (et donc guère amusants dans les petits virolos), soit très typés vintage (et donc pas du tout prévus pour accélérer le rythme, ce que miss Ducati fait très bien. Ou rouler longtemps, ce qu’elle ne fait pas trop mal).

On n’ira pas jusqu’à parler de couteau suisse, évidemment, ni de vraie utilitaire. En revanche, on prenant le néo rétro par le néo plutôt que par la rétro, le constructeur de Bologne ne sacrifie pas grand-chose sur l’autel du style. Et si la ligne rappelle effectivement le passé

(en l’occurrence le Scrambler de 1962, comme le rappelle la mention « Born free, 1962» sur le bouchon aviation du réservoir), les équipements s’avèrent, eux, tout à fait contemporains : mono-amortisseur, fourche inversée, bras oscillant banane, feu de jour avant et arrière à led, embrayaage antidribble, ABS déconnectable, étrier de frein avant à 4 pistons à fixation radiale, affichage digital etc.). Avec forcément la polyvalence qui va avec.

Pour la frime? Aucun doute. Comme l’a joliment remarqué un confrère, cette Ducati Scrambler, ce n’est pas un modèle de plus dans la gamme. C’est une gamme à elle toute seule. Et pas seulement parce qu’elle existe en 4 versions différentes : L’Icon comme ici, c’est la version basique. L’Urban Enduro, vert militaire, jantes à rayons, grille de phare et garde-boue avant surélevé qui lorgne du côté d’un trail d’autrefois. Il ne lui manque qu’un pot haut (qui existe en option). A l’inverse de la Full Throttle qui se fait un peu racing avec sa robe noire et jaune et son pot Termignoni double sortie d’origine. Entre les deux, la Classic, qui seule abandonne le petit support de plaque d’immatriculation à mi pneu arrière pour deux gardes-bous en aluminium et également des jantes à rayons.

Une famille. Qui a sa place à part dans les concessions de la marque italienne. Son propre catalogue de pièces ou d’habillement. Son propre site Internet, aussi. Et ses réseaux sociaux où les photos ensoleillées tombent du monde entier jusqu’à former l’équivalent d’une petite communauté d’initiés. Une vraie Ducati, mais adoptant clairement un positionnement inédit pour le constructeur transalpin. Et qui a tout de suite trouvé son public au point que Ducati Suisse n’a plus de stock et que l’usine confirme peiner à suivre la demande.

Pour tout faire et tous les jours?
Plutôt oui, et cela fut une des surprises de ces 8 jours en sa compagnie. En acceptant les évidentes limites en termes de protection ou de place pour le chargement comme pour le/la passager(e) (c’est définitivement une petite moto pour une 800 cc), la Scrambler possède une réelle polyvalence. En déboulant dans la famille néo rétro avec une machine au design nostalgique mais s’accommodant donc parfaitement d’une douceur et d’une efficacité toutes modernes, Ducati lui évite l’écueil du mode d’emploi unique et du rayon d’action limité. Evidemment douée pour la balade sur les quais ou les trajets urbains, la Scrambler ne dédaigne pas une petite arsouille, façon jouet avec ses 75 chevaux suffiront à sauter d’un virage à l’autre bien aidée par le grand guidon associé à une partie-cycle équilibrée (et une garde au sol suffisante). Ni un petit voyage en solo (ou alors il n’y a plus trop de place pour le sac) grâce à un confort plutôt bon (surprenante au début, la forme de la selle nécessite un petit temps d’adaptation mais offre au final un moelleux que bien des roadsters affûtés lui envieront), une consommation raisonnable (autour des 5,5 litres, ce qui malgré le joli petit réservoir autorise de dépasser les 200 kilomètres avant le passage en réserve et plus ou moins 250 kilomètres avant la panne sèche), et un roulage peu exigeant grâce à son équilibre puissance/châssis.

Quand c'est écrit Scrambler, c'est qu'on peut scrambler...
Quand c’est écrit Scrambler, c’est qu’on peut scrambler…

Enfin, avec son poids plume (192 kilos pleins faits environ), ses pneux mixtes, son grand guidon, sa garde au sol conséquente et son ABS déconnectable (mais oui….), le Scrambler fait honneur à son nom en acceptant les incursions dans les chemins plus ou moins carrossables.

Peut-on rouler loin et longtemps avec?
Plusieurs essayeurs ont relevé un profil de selle particulier, qui peut provoquer une certaine gêne au début. Dans les faits, on s’y fait rapidement. Et si l’assise n’en devient pas un modèle du genre, il n’y a pas de quoi crier grâce après une heure, surtout au regard de la planche de pain de bien des roadsters affûtés. Agile, légère, dotée de commandes très douces et d’un équilibre exemplaire, il s’agit certainement de la plus accessible des Ducati. Au fil des kilomètres, cette évidence contribue également à épargner le pilote. Qui devra cependant s’accommoder d’une place réduite (ce n’est pas forcément une machine très adaptée au plus d’1m80) et d’une évidente absence de protection. Seule réserve: Vu la position et l’absence de protection, des centaines de kilomètres sur autoroute ne constituent évidemment son domaine de prédilection.

Quand au duo, il aura ses limites, non pas tant en terme de confort de selle qu’en raison d’un châssis assez court. Et faute d’un porte-bagages (aïe la ligne…), il faudra de toute manière choisir entre le fret et la pépète.

Mécaniquement, en a-t-on pour son argent?
Le moteur est issu du Desmodue 803 cc à air et 2 soupapes par cylindre. En vesion stock, la priorité a visiblement été donnée à une disponibilité docile apte à satisfaire la majorité. Mais peut-être pas le ducatiste pur et dur, qui pourra pester contre un certain manque de caractère, même si les performances s’avèrent, elles, très correctes. Pour notre part, on a regretté une bande-son légèrement aphone. Du coup, le changement de pot semble s’imposer parmi la (vaste) gamme d’accessoires dédiés. Et cela tombe bien puisque le choix existe déjà entre plusieurs modèles homologués.

Alors, on signe?
Pas tout de suite, en tout cas, puisqu’en théorie le modèle est épuisé en Suisse pour cette saison (mais, en cherchant bien, le chaud-bouillant trouvera quand même un Scrambler, sauf le Full Throttle qui semble définitivement hors course).

Ce qui laisse au moins un peu de temps pour réfléchir, ne serait-ce qu’entre 4 déclinaisons plutôt tentantes. D’autant que toutes les pièces étant interchangeables, il est très facile de mettre des jantes à rayons sur un Icon, un pot relevé sur un Classic et certaines pièces de l’Urban Enduro sur l’une de ses sœurs.

Pour notre part, nous nous avons été conquis. Et surpris par cette craquante petite moto qui, en définitive, a bien d’autres choses à offrir que sa plastique irréprochable et son prix de 10190 francs (pour l’Icon jaune, et il n’y a plus le bonus euro dans ce prix). Elle peut intéresser autant le bobo branché que le débutant (ou la débutante) ou le motard chevronné décidé à apaiser un peu sa conduite sans verser dans le custom ou un style trop stéréotypé. En joli cuir urbain la semaine et en intégral le week-end, la Ducati Scrambler ne prétend pas être une utilitaire, mais offrir beaucoup de plaisir en des circonstances finalement assez variées. Et n’est-ce pas cela la définition d’une bonne moto qui dépasse largement l’effet de mode ?

Par Pierre Léderrey, photos DR

Commentaires3 commentaires

3 commentaires

  • Dillinger

    Bonjour, avez vous des retours de motards de plus de 1m80 (mais plutôt mince) qui ont essayé cette moto ?
    Merci.

    • Jérôme Ducret

      Bonjour aussi!

      La selle des Scramblers est à 790 mm du sol. Seules celles des versions Café Racer et Desert Sled sont un peu plus hautes (805 et 860 mm). Sinon la position du guidon n’est pas un problème. Tout comme celle des repose-pieds.

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