Avec le team Edelweiss – Partie 3: l’Addax Rally dans le désert du Merzouga
Nous avons suivi Nicolas Monnin et son équipe suisse Edelweiss Racing Team tout au long de leur participation à l’édition 2025 du Rallye Addax, qui s’est déroulé autour de Merzouga (Maroc) du 10 au 14 novembre 2025. Avec deux membres du team qui se classent 7ème et 8ème sur 35 pilotes.
Cette année, nous avons eu la chance de pouvoir accompagner l’équipe suisse Edelweiss Racing Team dans sa campagne du Merzouga, au Maroc, pour le Rallye Addax 2025.
Nous avons ainsi suivi Nicolas Monnin, le team manager, et son équipe depuis les rives du Lac de Neuchâtel jusqu’à Merzouga (Maroc), aux portes du désert, pour suivre leur stage pré-course et leur participation au rallye – c’est l’objet de ce troisième volet de la saga « Au Maroc avec le team Edelweiss« .
Nous sommes donc au Maroc, à la mi-novembre. À Merzouga plus précisément, aux portes du désert. Et, après l’installation, et les entraînements, place donc aux choses « sérieuses »: la course.

Celle-ci se déroule du 10 au 14 novembre 2025 avec une spéciale et une liaison par jour et, pour l’ensemble des participants, cela représente l’objectif ultime de toutes ces semaines, voire de ces mois de réflexion, de doutes, de préparation et de mise en place.
Participer à l’Addax Rallye, c’est donc tout un programme. Et cela requiert une bonne compréhension ou gestion des aspects suivants: la course, ses spéciales, sa navigation, la compétition, la fatigue, les ennuis mécaniques, son adrénaline, son stress, ses propres objectifs. Et avec le chronomètre comme ultime et impitoyable juge de paix.
Les Sept Mercenaires
Ils étaient deux membres du team Edelweiss l’an dernier, avec Quentin Carrard et Samuel Guignet. Cette année, Quentin et Sam sont rejoints par Lucas, Elliott, Luigi, Marc et Gregory.
Et comme dans les films, ils seront sept. Chauds comme la braise et prêts à faire plus ample connaissance avec le désert, ses pièges, ses défis, mais aussi avec la logistique de ce type d’événements sportifs, et la vie en communauté dans une équipe d’amateurs. Sans compter le fait de devoir gérer/dompter ses propres peurs, réaliser un rêve et apprivoiser ses élans de (trop) d’enthousiasme ou au contraire de trop d’introversion.

Quentin et Samuel rouleront sur les motos à moteurs deux temps (Beta 125 et KTM 300, respectivement), alors que les autres pilotes seront sur des Kove 450.
Louis Boegli assurera la mécanique, Nicolas Monnin sera le team manager et deux community managers (Gaëlle Rime et Anne-Lise Devely) se joindront à l’équipe via un roadtrip en partant de Marakkech, sans compter la présence d’un photographe-reporter ActuMoto (« Bibi »), partenaire de l’équipe.

Au final, Edelweiss Racing, c’est devenu une grande communauté bien structurée, bien préparée, bien visible, quasi professionnelle et dégageant une belle image de marque.
« A team with a soul« , comme l’a dit un membre de la direction de course. Une équipe avec une âme. Et qui, aujourd’hui, bénéficie de toute l’expérience de Nicolas Monnin.
Le plateau
Ainsi, pour cette édition 2025 de l’Addax Rally, Edelweiss Racing a donc réalisé cette prouesse d’aligner 7 des 35 pilotes que comptait le plateau. Une performance qu’il faut d’ores et déjà souligner.

Les autres pilotes? Des habitués des rallye-raids pour la plupart. Il y a donc un joli petit plateau: au total, on l’a dit, 35 pilotes seront au départ, avec Sara Garcia comme seule féminine et cinq SSVs (genre de buggys sous stéroïdes).

Parmi les cadors on compte Javi Vega (le vainqueur de l’an dernier et qui étrennait la toute nouvelle Kove 800X Rally), Antonio Maio (Yamaha), Kévin Gallas (Yamaha), Alessandro Botturi (Yamaha), Mike Wiedemann (Yamaha), entre autres.
Des noms qui font comprendre que le rallye Addax, c’est du sérieux.

Sans compter des vétérans du Dakar comme Pedro Bianchi Prata qui a roulé sur une Stark électrique.
La plupart de ces pilotes se servent de l’Addax Rally en guise de préparation pour le Dakar ou l’Africa EcoRace.

D’autres, comme Sara Garcia, vont enchaîner directement le lendemain sur le Fenek Rally (du 15 au 23 novembre 2025, rallye basé à Erfoud, à une petite cinquantaine de kilomètres de Merzouga).
Et c’est parti!!!!
Le rallye Addax, tout comme le Fenek, a cette particularité d’irradier autour de Merzouga: tous les matins les concurrents partent du centre névralgique du rallye (le Palace Nasser) et rejoignent le départ de la spéciale du jour par un parcours de liaison plus ou moins long selon les jours, selon le principe du « on part du point A et on revient au point A, tous les jours« .
« Il n’y a qu’une façon d’apprendre, c’est par l’action », nous explique L’Alchimiste. Alors action!
Lundi 10 novembre – Prologue et Spéciale 1
Un prologue qui démarre sur une petite butte, la « panoramique », pas trop loin du QG de l’événement. Et qui lance les coureurs directement dans la caillasse et la poussière en guise de bienvenue.

C’est Antonio Maio (numéro 1, Yamaha) qui gagne la première étape devant Mike Wiedemann (91, Yamaha) et Ignas Daunoravicius (7, KTM).
Les pilotes du Team Edelweiss Racing sont respectivement 13ème (Quentin Carrard), 18ème (Samuel Guignet), 23ème (Gregory Glur), 26ème (Lucas Secco), 28ème (Marc Suter), 33ème (Elliott Pease) et 35ème (Luigi Beltrando).
Mardi 11 novembre – Spéciale 2
En ce mardi, les organisateurs proposent un gros plat de résistance, avec une spéciale de 389 kilomètres, qui va mettre à mal bon nombre d’organismes et de mécaniques…
Et c’est Alessandro Botturi (3, Yamaha) qui l’emporte, suivi de Kevin Gallas (71, Yamaha), Mike Wiedemann et Ignas Daunoravicius, Josep Pedró Subirats (44, Rieju). Antonio Maio, le vainqueur de la veille, est 6ème.

À noter qu’il y a eu pas mal de chutes à déplorer en cette deuxième journée de course, avec pas moins de sept DNFs (qui ne terminent pas la spéciale).
Les coureurs sont déjà « dans le dur » et, avec la fatigue et une moindre lucidité, ils sont plus enclins à commettre des erreurs. Or, « en moto, il ne faut pas que tu subisses », selon la philosophie « Monninienne ».
Quant aux pilotes du team Edelweiss Racing, justement, ils font des tirs groupés avec les 14 et 15ème places pour Samuel Guignet et Quentin Carrard. Les deux franchissent la ligne d’arrivée avec 5 minutes d’écart après plus de 8 heures de course. Puis suit Lucas Secco à la 19ème place, tandis que le trio Elliott Pease-Marc Suter-Gregory Glur finit respectivement 21, 22 et 23.

Luigi Beltrando a été victime d’une chute dans le fech-fech du côté de Khamlia.
Elle l’a malheureusement contraint à ne pas terminer la spéciale du jour.

Au classement général, Gallas devance Botturi, Wiedemann, Daunoravicius et Maio.
Mercredi 12 novembre – Spéciale 3
Ce mercredi, ce sera une spéciale qui mêle longues lignes droites et passages trialisants, notamment dans les oasis. Et la grosse nouvelle du jour est l’absence d’Antonio Maio (1, Yamaha 700), à la suite d’un avis médical défavorable, conséquence de sa chute du jour d’avant.

C’est donc Kevin Gallas qui s’impose devant Alessandro Botturi et Javier Vega (99, Kove). Vega dont on rappelle qu’il est un ancien vainqueur de l’Addax Rally.
Puis suivent Ignas Daunoravicius et Josep Pedró Subirats. À noter que Sara Garcia termine 6ème de cette spéciale.

Quant aux pilotes du team Edelweiss Racing, Quentin Carrard et Samuel Guignet ont roulé ensemble, et franchissent la ligne d’arrivée avec 1 minute d’écart, en 14ème et 15ème positions.
Elliott Pease, Gregory Glur et Lucas Secco finissent respectivement 21, 22 et 23èmes. Marc Suter a été contraint à ne pas finir la spéciale d’aujourd’hui à la suite d’un problème électrique. Luigi Beltrando n’a quant à lui pas pris le départ, souffrant encore de son épaule.

Au classement général, Gallas devance Botturi, Daunoravicius, Vega et Pedró Subirats.
Jeudi 13 novembre – Spéciale 4
La spéciale 4 du jeudi 12 novembre est qualifiée d’étape « reine ». C’est en effet un morceau de choix, noté 9 sur 10 sur l’échelle des difficultés.
Les pilotes vont naviguer dans les paysages sublimes (pas sûr qu’ils aient eu vraiment le temps de les contempler !), avec une navigation extrêmement difficile. Bref, une étape jugée physique avec 50% d’un tracé de 430 kilomètres qui va serpenter dans les dunes.
La phrase de Kevin Gallas, le leader du classement général, fait alors pleinement sens, lui qui s’est quand même permis des pointes à 150km/h : « Ce ne sera pas qui sera le plus rapide. Ce sera qui sera le meilleur navigateur. »

Et c’est Josep Pedró Subirats (44) qui s’impose, une victoire qui lui permet de remonter en 4ème position au classement général. Ce dernier est toujours mené par Kevin Gallas, devant Alessandro Botturi, et Javier Vega. Ignas Daunoravicius occupe la 5ème position devant Sara Garcia.
Il est à noter que les deux premiers sont séparés part 1 min 5 s après 4 jours de course, tandis que moins de deux minutes départagent le 5ème du 3ème – vous avez dit suspense? La grande finale du vendredi sera donc déterminante pour la victoire.

Quant aux pilotes du team Edelweiss Racing, Quentin Carrard et Samuel Guignet ont encore roulé ensemble aujourd’hui et pointent désormais à la 9ème et 10ème positions.
Gregory Glur, Elliott Pease et Lucas Secco finissent respectivement 16, 17 et 18èmes au général. Marc Suter est 26ème et Luigi Beltrando n’a pas pris le départ.
Vendredi 14 novembre – Spéciale 5
Cette étape 5 du rallye, dite « la grande finale », est une spéciale difficile avec un départ et un finish dans les dunes, et un tracé de 283 kilomètres.

Les paysages sont toujours aussi sublimes, avec un tiers du parcours fait de dunes, et surtout une navigation ardue pour pilotes et machines déjà éprouvés par 4 jours de course.
Pour corser (encore) le tout, comme cerise sur le gâteau (en guise de désert), l’arrivée s’est faite dans une belle tempête de sable!

La finale a donc été déterminante et c’est Mike Wiedemann (91, Yamaha) qui s’est imposé devant Kevin Gallas (71, Yamaha), Urko Garmendia (61, KTM), Bertrand Gavard (106, Yamaha) et Ignas Daunoravicius (7, KTM).
Aujourd’hui le pilote le plus cool du rallye, Javi Vega (99, Kove) a perdu ses chances de défendre sa position à la suite d’un ennui mécanique qui le fait terminer 13ème de la spéciale. Et Alessandro Botturi, qui était au coude à coude avec Gallas au classement général, a quant à lui dû abandonner à cause d’un souci technique.

Quant aux pilotes du team suisse Edelweiss Racing, Quentin Carrard et Samuel Guignet ont encore roulé ensemble (on le rappelle: les deux seuls en 2-temps, avec Quentin sur une Beta 125 et Samuel sur une KTM 300), finissant 10ème et 11ème, respectivement.
Gregory Glur et Lucas Secco finissent 17 et 18. Et Marc Suter est 23. Elliott Pease, enfin, est 26ème de l’étape.

Ce que la plupart des pilotes ont retenu de cette édition 2025, c’est la longueur des spéciales (allant jusqu’à 390 kilomètres, sans compter les liaisons), avec un parcours très technique et sélectif, et beaucoup de navigation.
Et notamment, selon le vétéran Pedro Bianchi Prata, « dans le désert ouvert, très au sud, pas de routes, pas de panneaux de signalisation ». Concernant cette spéciale 2, ce dernier, qui en a pourtant vu d’autres (plusieurs Dakar à son actif), dira simplement que c’était « probablement l’une des plus longues spéciales faites dans [sa] vie ».
Classement final
Au classement final, Kevin Gallas remporte cette édition 2025 de l’Addax Rally devant Ignas Daunoravicius, Josep Pedró Subirats, Javi Vega et Urko Garmendia. Sara Garcia termine 6ème, et Pedro Bianchi Prata fait 9ème sur la Stark électrqiue.
Pour les pilotes d’Edelweiss Racing, le classement général est donc comme suit: Quentin, Samuel, Gregory, Lucas, Elliott et Marc seront 7, 8, 16, 17, 22 et 25. Luigi Beltrando a dû déclarer forfait après sa chute survenue au deuxième jour.
Leçons de vie
Un bilan très positif pour les coureurs du Team Edelweiss Racing, qui ont fait preuve de combativité, de résilience et de solidarité tout au long de l’épreuve. Surtout avec deux top 10 venant couronner le tout, à la plus grande satisfaction du team manager Nicolas Monnin!

Les héros ont donc rallié l’arrivée, et ils sont bien fatigués. Mais heureux. Comme Ulysse. D’avoir été, pour la plupart, au bout de leur aventure personnelle. Et heureux aussi d’avoir clôturé en beauté, ayant mis la légendaire neutralité helvétique de côté et le feu à la soirée de remise des prix ainsi qu’au souper de gala. Mais ce qui s’est passé à Merzouga reste à Merzouga!
Coups de coeur
Pour cette toute première fois sur l’Addax, j’ai eu la chance de pouvoir vivre les spéciales de l’intérieur, dans la Rescue Team. Isidro Vinoly (un vétéran du Dakar, côté camions) est au volant du 4×4; il sera assisté de Paco Zapata à la navigation ou de Jesús Gala Díaz, selon les jours.
L’équipe sera appelée plusieurs fois par jour pour des pilotes égarés, épuisés par la navigation, le tracé qui tétanise les cuisses et bouffe les avant-bras, ou les deux. Voire pour aller retrouver ceux qui ont des avaries techniques.

Et, il faut l’avouer, c’est une façon assez originale et très intense de vivre le rallye de l’intérieur, et de se rappeler qu’une préparation physique et mécanique irréprochable reste indispensable pour qui souhaite rallier l’arrivée. Car « tu dégustes physiquement dans un rallye« , comme le dit Nicolas Monnin…
La Rescue Team n’a donc pas ménagé ses efforts pour être au plus vite sur les spots jugés critiques par l’organisation et dangereux pour les pilotes. Une belle navigation sur les pistes délivrée par les copilotes (Paco ou Jesús) associée à un magnifique coup de volant d’Isidro, et nous voilà toujours au bon endroit, au bon moment pour ramener les pilotes égarés « sur le droit chemin« (la bonne trace).
Merci Isidro, Paco et Jesús pour ces 4 jours immenses, intenses et plein de partages. Grâce à vous, j’ai pu découvrir des coins inédits, et auxquels je n’aurais normalement pas eu accès. Un très grand merci encore à Fernando Ruis et à la direction de course, de m’avoir permis de vivre cette si belle expérience, qui a rendu tout ces clichés possible.
« Mister Cool«
Lors de ce rallye Addax, les pilotes sont généralement très accessibles, concentrés et souriants. Mais le plus cool de tous a été assurément Javi Vega, que je ne connaissais pas avant d’arriver à Merzouga. Ni même les autres cadors. Ni même le rallye-raid en général.

Il a véhiculé cette belle image de combativité, de cool attitude. Même sous la pression de la compétition. Et le tout en étrennant sa Kove 800X Rally pour la première fois en course. Merci Javi, tu m’as vraiment enchanté.
« Edelweiss Racing Team »
Je ne pouvais finir ce reportage sur le rallye Addax sans dire un grand « Merci« à Nicolas Monnin, le fondateur et manager du Team Edelweiss Racing, pour ces moments d’exception et d’immersion au sein de l’équipe.
Ainsi j’ai pu être le témoin privilégié de ses joies, de ses tensions, de ses pannes de motivation, de ses élans d’entraide et d’amitié. Des souvenirs en or massif, des liens forts, des sourires qui en disent long, des pleurs de joie, des mâchoires serrées de douleur, de peine ou de frustration, des regards humides, et des attitudes déterminées.

J’ai été un membre à part entière de l’équipe, du briefing dès nos premiers pas sur le sol marocain au débriefing le dernier soir sur fond de soleil couchant sur les dunes. J’ai vu les séances de mécanique, de nettoyage, de préparatifs de jerrycans d’essence pour les ravitaillements du lendemain, les rigolades, l’inspection et le nettoyage des motos après chaque spéciale et l’inlassable maîtrise du corps de balai du team pour enlever l’envahissante présence de la poussière et du sable.
Et, dans cette toute première expérience du désert pour moi, j’ai savouré tous les moments avec vous (Nicolas, Louis, Luigi, Quentin, Samuel, Gregory, Lucas, Elliott, Marc, Gaëlle et Anne-Lise) et toutes nos tranches de vie entre ces premier et dernier jours ensemble.

Pendant ces dix jours, j’ai découvert un Monsieur et une équipe avec de la résilience et une détermination sans faille. Celle de ne jamais abandonner. Et d’aller au bout.
Et puis cette joie à l’arrivée, explosive, cathartique, communicative, sous la tempête de sable qui s’est levée!
Merci pour vos encouragements, pour votre confiance. C’était un bien beau rallye, une belle bien aventure humaine.


