Essai – Les Suzuki GSX-8T et GSX-8TT: l’âme néo-rétro au cœur des routes slovènes
Invité par Suzuki en Slovénie pour le lancement de deux motos néo-rétro lointainement inspirées de la Suzuki T500 « Titan », nous avons découvert des machines au design soigné, mêlant esthétique vintage et technologies modernes, basées sur la plateforme technique de la GSX-8S. La 8T, avec son look épuré, son phare LED rond et ses rétroviseurs en bout de guidon, offre une allure minimaliste, tandis que la GSX-8TT, au style café racer avec sa tête de fourche et son sabot moteur, séduit par son élégance audacieuse. Lors d’un essai de 235 km dans la campagne slovène, ces motos se sont révélées souples, accessibles et dynamiques, mais aussi étonnamment confortables.
Je me suis rendu en Slovénie, convié par un constructeur moto pour le lancement sur le marché de deux nouveaux modèles néo-rétros, les Suzuki GSX-8T et GSX-8TT, qui partageant les mêmes bases techniques – moetur, cadre et électronique – que leurs sœurs roadster (GSX-8S) et sportive-routière (GSX-8R).
Ce sont d’ailleurs les premiers nouveaux modèles proposés par la firme de Hammamatsu (siège de Suzuki) pour l’année 2026.

Arrivé sur le lieu de l’événement, quelques heures de libres s’offrent à moi avant de me plonger dans le vif du sujet et de rejoindre la conférence menée par l’équipe de développement de ces nouvelles Suzuki. J’en profite donc pour faire connaissance avec les machines dont je saisirai le guidon le lendemain matin.
Première impression: un style qui fait mouche
En m’approchant des deux motos, garées sur une zone de pelouse non loin de l’entrée de l’hôtel, je suis immédiatement frappé par leur allure. Suzuki a voulu, par ces modèles, refaire vivre l’ADN de leur moto classique d’époque.
Ces motos veulent rendre hommage à la célèbre Suzuki T500 de 1968, surnommée à l’époque le « Titan », et qui fût la première grosse cylindrée de Suzuki. Équipée d’un bicylindre deux-temps de 500 cm³, elle était connue pour ses performances impressionnantes à son époque: vitesse de pointe de 181 km/h et 0-400 m en 13,2 secondes.
Bien que visuellement, ces nouvelles motos n’aient pas grand chose en commun avec leur aïeul, le nom de ces nouvelles GSX n’est de ce fait pas un hasard. La GSX-8T a été nommée ainsi pour reprendre le nom de « Titan », alors que la GSX-8TT se prénomme alors « Timeless Titan ».
La GSX-8T arbore un look néo-rétro déshabillé, avec son phare rond à LED, un peu comme un fer-à-cheval. Ses lignes sont épurées, presque minimalistes, elles dégagent une certaine esthétique simple, mais validée.
Les rétroviseurs en bout de guidon, une première chez Suzuki, renforcent cette « vibe » vintage, tout en offrant un meilleur champ de vision au pilote puisque la vue n’est plus parasitée par des rétroviseurs classiques fixés au centre du guidon. Pour renforcer le côté vintage, ces nouvelles Suzuki arborent un logo en forme de boule de billard 8-ball, une touche d’originalité qui attire l’œil.

Les ingénieurs de Suzuki m’ont d’ailleurs fièrement expliqué avoir repoussé les limites de l’éclairage avec le phare LED des GSX-8T et GSX-8TT, présenté comme le plus performant jamais conçu par la marque.
Grâce à un halo lumineux en forme d’ailes de papillon, ce système garantit une illumination optimale des côtés de la chaussée, même en pleine prise d’angle, offrant ainsi une visibilité accrue et une sécurité renforcée lors des virages nocturnes.
Autre petit détail: sur la GSX-8TT, on ajoute une touche de design rétro audacieuse: les clignotants s’illuminent également en feux de position, accentuant l’esthétique vintage tout en renforçant la présence visuelle de la moto.
Bien que ce soit nouveau chez Suzuki, d’autres fabricants, notamment Honda et BMW, ont déjà opté pour ce choix visuel depuis quelques années maintenant.
Le réservoir, bien galbé, présente un des challenges auxquels les ingénieurs de Suzuki ont du faire face. En effet, il s’agissait là de reprendre la base technique des GSX-8S et 8R qui, elles, possèdent un réservoir d’une capacité de 14 litres.

Le réservoir de ces nouvelles GSX propose 2,5 l de plus et se devait de convenir aux fixations du châssis déjà existant tout en participant au design général de ces motos et sans gêner le positionnement des jambes du pilote.
Les nouvelles selles s’exposent dans un design entièrement retravaillé, avec un gel utilisé à l’intérieur qui est différent de la mousse qu’on retrouve dans celle de la 8S. Elle promet plus de confort.
La GSX-8TT, quant à elle, joue une partition plus audacieuse. Avec sa tête de fourche compacte à la forme carrée mais moderne et son sabot moteur aiguisée et sa bulle discrète, elle évoque les café racers des années 70. Une certaine forme d’élégance intemporelle.
La selle, qui se distingue de celle de la 8T, ornée de surpiqûres contrastées et plus basse, ajoute une note d’élégance, et l’ensemble dégage une impression de dynamisme contenu. Les deux machines partagent peut-être en tout point les mêmes bases, mais leur caractère esthétique est radicalement différent.
De mon côté, le choix est clair. Je jette mon dévolu sur la 8TT, dont le design me parle plus. Pour moi, l’esthétique de cette moto apporte une touche de fraîcheur sur le marché des rétros modernes.
L’esprit GSX dans un corps classique
C’est le jour J. Le soleil cogne fort ce matin de juillet, à quelques encâblures de Ljubljana, la capitale slovène. La température flirte déjà avec les 30° C, et l’air est chargé d’une chaleur lourde, typique de l’été dans cette région d’Europe centrale.
Je ne vais pas me plaindre, le groupe de journalistes qui prendront la relève le jour qui suit rouleront sous la pluie.
Devant moi, deux nouvelles venues dans la gamme Suzuki m’attendent: la GSX-8T, un roadster néo-rétro, et la GSX-8TT, sa déclinaison café racer au style semi-caréné.
Toutes deux partagent, on l’a dit, la même plateforme technique que la GSX-8S, un roadster que nous avons déjà eu l’occasion d’apprécier (lire notre article). Moteur, cadre, électronique, interface, freins et suspensions sont en fait identiques.

Aujourd’hui, c’est un périple de 235 kilomètres à travers la campagne slovène et ses forêts denses qui me permettra de découvrir ces deux motos.
Casque vissé, gants enfilés, veste zippée, je m’apprête à plonger dans une journée de roulage intense. Journée rythmée par les arrêts shooting, quatre au total, entre routes sinueuses, villages pittoresques et chemins bordés de pins.

Je m’installe sur la GSX-8T. L’assise m’accueille comme un vieux fauteuil préféré. Le guidon large tombe naturellement sous les mains, et les repose-pieds sont placés de manière à offrir une posture détendue, légèrement penchée vers l’avant, mais sans l’agressivité d’une sportive.
Je remarque tout de suite que la nouvelle selle n’est pas juste là pour faire joli, mais offre un étonnant confort pour une moto de cette catégorie.
Le contact est mis, et l’écran 5 pouces TFT s’allume, clair et lisible même sous le soleil slovène. Un rapide coup d’œil aux menus: trois modes de conduite (A, B, C), un contrôle de traction réglable sur trois niveaux, et un quickshifter bidirectionnel. Tout y est.

Prêt à lancer l’engin. Comme à leur habitude, le bouton de démarrage de Suzuki ne nécessite pas d’être maintenu pour lancer le démarreur. Une seule pression suffit.
C’est alors que le bicylindre parallèle calé à 270° se réveille dans un grondement rauque, typique de cette configuration qui imite le caractère d’un V-Twin.
Dès les premiers mètres, je retrouve les qualités qui m’avaient convaincu sur la GSX-8S: une souplesse remarquable à bas régime et une linéarité qui rend la moto très accessible. De plus, encore une fois, le système « Low RPM Assist » facilite les démarrages en douceur. C’est un système qui augmente automatiquement le régime moteur lorsqu’on relâche l’embrayage. Une sorte d’aide au démarrage made in Suzuki.
En quittant le parking de l’hôtel, je traverse un petit village slovène, ses maisons en pierre bordant une route pavée. Terrain idéal pour m’apercevoir que les suspensions travaillent dans la souplesse.
Le moteur tracte sans à-coups dès 2000 tr/min. Pas de secousse, pas de stress, juste un ronronnement rassurant. Ce bicylindre se montre plutôt discret. Si vous rouler de façon « croisière », il reste très silencieux. Mais dès qu’on accélère franchement, il se manifeste avec vigueur.
À noter, le son d’aspiration de la boîte à air est particulièrement audible à chaque ouverture des gaz. À noter aussi, comme beaucoup de moto moderne utilisant un accélérateur électronique (ride by wire), l’ouverture des gaz bénéficierait à être peaufinée. Il peut y avoir un petit délai de réponse des gaz ou encore une sensation artificielle d’ouverture du papillon. Mais gardons à l’esprit le fait que nos motos sont des pré-séries.
La route s’ouvre bientôt sur une départementale sinueuse, bordée de champs dorés et de forêts épaisses. C’est presque le lieu de notre premier arrêt photo. J’enclenche le mode A, le plus réactif, et la Suzuki GSX-8T révèle son vrai visage.
Les 83 chevaux à 8 500 tr/min et les 78 Nm de couple à 6 800 tr/min se déploient avec une vigueur inattendue pour une moyenne cylindrée. Les reprises sont franches.
Petit bémol, je trouve que le quickshifter est un peu brut d’utilisation lorsqu’on l’emploie en dehors des phases d’accélération franches, comme par exemple, en roulant à un régime maintenu. Cela donne des à-coups peu agréables lors du passage de rapport. Toujours est-il que le moteur, entre 6000 et 8000 tr/min, délivre un punch qui donne envie d’enrouler les virages avec enthousiasme. Ce caractère me met un sourire sous le casque.
Une partie cycle à la hauteur
La campagne slovène est un terrain de jeu plaisant. Les routes, au bitume impeccable, alternent entre virages serrés et longues courbes rapides. Le cadre périmétrique en acier, hérité de la GSX-8S, offre une rigidité rassurante, et le bras oscillant en aluminium contribue à maintenir un poids contenu.
Les suspensions KYB, avec une fourche inversée à l’avant et un mono-amortisseur à biellettes à l’arrière, absorbent bien les irrégularités de la chaussée, même si je note une légère lacune sur les bosses plus marquées.
Le train avant manque parfois d’assurance lorsque la moto est sur l’angle et sur des routes irrégulières. Cela vient se traduire par une sensation de perte d’équilibre vraiment infime. Mais je chipote. Avec un débattement plutôt long de 130 mm, elles privilégient un bon compromis entre confort et précision.

Les nouveaux rétroviseurs placés aux extrémités du guidon sont une première pour un modèle de série chez Suzuki. Cette position est conçue d’une part pour contribuer à l’identité visuelle vintage de ces motos et d’autre part pour améliorer la visibilité arrière en réduisant les interférences avec le corps du pilote, offrant un champ de vision plus large et dégagé.
Certains motards expriment des réserves sur l’aspect pratique des rétroviseurs en bout de guidon, trouvant qu’ils privilégient le style au détriment de la fonctionnalité. Cependant, Suzuki semble avoir pris en compte ces préoccupations en optimisant leur position pour une meilleure ergonomie. Et c’est pari tenu! la rétrovision est tout à fait correcte.
Les pneus de première monte Dunlop Sportmax Roadsport 2, montés sur des jantes de 17 pouces, offrent une bonne adhérence. Ils trouveront toutefois leur limite dans une conduite très sportive.
Dans un enchaînement de virages serrés, je pousse un peu la Suzuki GSX-8T: la mise sur l’angle est intuitive, et la moto reste stable, même lorsque je freine tardivement, et malgré les suspensions plutôt «soft».
Les étriers radiaux Nissin à quatre pistons, mordant des disques de 310 mm à l’avant, offrent un freinage très correct et suffisant pour l’ensemble de cette moto. Pas de mauvaise surprise. l’ABS n’est pas du tout intrusif. On freine, la fourche se comprime et la moto absorbe le freinage. Il m’a fallut insister clairement pour obtenir un déclenchement du dispositif.
Nous terminons notre première partie de journée au sommet d’une colline que l’on a rejointe par de si petites routes qu’un croisement entre deux voitures ne serait pas possible. En haut, une auberge qui sera le lieu de notre pause repas, dont la terrasse offre une vue imprenable sur la vallée.
Passage à la GSX-8TT: le café racer qui séduit
Après une pause-déjeuner dans une auberge slovène, où une assiette bien garnie de viande et de polenta me redonne de l’énergie, je passe à la GSX-8TT. L’ergonomie ne change pas. Cependant, la tête de fourche et la bulle compacte incitent à une position légèrement plus engagée.
La selle, avec ses surpiqûres, est un peu plus ferme, mais toujours accueillante. Le sabot moteur et l’habillage semi-caréné donnent à la TT une allure plus agressive, et je sens tout de suite qu’elle m’invite à hausser le rythme.

Petite remarque de ma part: à force de monter et de descendre de la moto, je m’aperçois d’un détail qui me chicane. La béquille est trop longue selon moi. Je passe mon temps à marcher dessus lorsque je m’assois sur la moto en plus de chercher bêtement à la rabattre de manière instinctive.
Après être redescendus de notre auberge, nous voilà sur une portion de route plus rapide. Je teste, par curiosité, la protection offerte par la bulle. Une légère prise d’air située sous la tête de fourche redirige subtilement le vent par-dessus le pilote. Cela contribue à réduire la fatigue sur les épaules et le torse.

Ce n’est pas une GT, mais pour un café racer, le confort est surprenant. Sur une portion de route de campagne, le contrôle de traction veille discrètement en arrière-plan et se déclenche sur les gravillons qui jonchent parfois les bas-côtés.
L’intervention est discrète car je n’ai vu que le voyant TC s’afficher sur l’écran TFT, sans ressentir une quelconque coupure.
Dans une section plus technique, où la route en épingle serpente à travers une forêt dense, je découvre les limites de la GSX-8TT. Les repose-pieds frottent sur le tard dans les virages pris à vive allure. Le freinage, identique à celui de la 8T, est tout aussi convaincant, avec une excellente progressivité.
Après deux arrêts photo, nous entamons notre retour à l’hôtel pour clore cette belle journée de balade slovène.
Une journée en Slovénie : un terrain de jeu idéal
Au fil des 235 kilomètres, les paysages slovènes se succèdent comme des tableaux vivants. Des champs de tournesols s’étendent à perte de vue, suivis de routes bordées de sapins qui grimpent doucement vers les collines.
La chaleur, bien que pesante, est supportable grâce à la position de conduite des deux motos. Les Suzuki GSX-8T et GSX-8TT offrent un confort et un design qui invite à la balade.
Vers la fin de la journée, nous nous arrêtons à l’orée des bois. Les motos attirent les regards des passants. Leur design néo-rétro fait mouche, mais pour moi, c’est leur polyvalence qui me plaît le plus. Que ce soit pour une balade contemplative ou une escapade plus sportive, elles répondent présent avec une aisance déconcertante.
Verdict: un vent de nostalgie qui souffle fort
En rentrant vers Ljubljana, alors que le soleil décline et que la température redescend légèrement, je repense à cette journée. La GSX-8T et la GSX-8TT m’ont séduit par leur capacité à marier l’esthétique néo-rétro à une base technique moderne, héritée de la GSX-8S.
La 8T est, selon moi, le choix de ceux et celles qui souhaitent une moto au look simple, passe-partout, et offrant une facilité de conduite et une aisance sur la route. La 8TT, avec son caractère plus affirmé, s’adresse aux amateurs de design rétro et marquant.
Bien que ces motos m’aient plu, leur positionnement tarifaire (10895 frs pour la Suzuki GSX-8T, 11495 frs pour la 8TT) pourrait freiner certains acheteurs, face notamment à une GSX-8S à 8995 frs, qui offre des prestations quasi-similaires pour un prix nettement plus abordable. Mais pas le même look!
Suzuki a réussi à créer deux motos au caractère bien trempé. Leur succès dépendra probablement de la capacité des concessionnaires à proposer des offres attractives. Pour ma part, cette journée à leur bord m’a convaincu: ces deux machines ont une âme, et elles savent la transmettre.
En m’arrêtant pour un dernier regard sur les motos, baignées par la lumière dorée du crépuscule, je me dis que Suzuki a frappé juste. La GSX-8T et la GSX-8TT ne sont pas seulement des motos, ce sont des invitations à redécouvrir le plaisir simple de la conduite, avec un zeste de nostalgie et une bonne dose de modernité.
La Suzuki GSX-8T est disponible en trois coloris: Mat Black (noir), Mat Steel Green (vert bouteille) et Burnt Gold (doré). Pour la GSX-8TT, deux coloris à choix: Sparkle Black (noir) et Mat Shadow Green (vert). Les deux modèles devraient être disponibles dès la fin de l’été (encore en août).
Pour plus d’infos sur ces nouvelles Suzuki GSX-8T et GSX-8TT, vous pouvez vous renseignez directement sur le site officiel de Suzuki Suisse. Pour plus de proximité, vous pouvez vous adressez à l’un de nos partenaire de l’annuaire des pros de la moto: Biker Syndicate/Suzuki Crissier (VD), MotoFuria à Lausanne, No Name Motorcycle à Bevaix (NE) et le Garage Moderne à Bulle (FR).
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