Il achète des habits moto… et part jusqu’au bout de la Sibérie sur son Hirondelle

Publié le 10 mars 2018 par Jérôme Ducret, mis à jour le 18 décembre 2021.

Photos: DR.

Voyage et aventure

Il achète des habits moto… et part jusqu’au bout de la Sibérie sur son Hirondelle

Le Franco-Genevois Kim Hoang a réalisé un rêve en reliant Lausanne à Vladivostok en trois mois, au guidon d’une BMW F 650 GS Dakar un peu améliorée. Il en a fait un livre passionnant, publié aux éditions suisses de l’Aire.

Il s’appelle Kim Hoang et il n’avait jamais fait de vrai voyage à moto. Et puis il s’est acheté une combinaison Rally II et est parti jusqu’au bout de la Sibérie sur son Hirondelle, le nom donné à sa moto. Le récit de Kim Hoang, un Français vivant tout près de la Suisse, a donné naissance à un livre, paru aux éditions suisses de l’Aire. Un livre qui se dévore comme un polar, et qui vous plonge dans une véritable aventure.

Kim travaillait chez Médecins sans Frontières. Un jour, le médecin lui signe un arrêt de travail. Trop de stress. C’est alors que ressurgit une envie longtemps réprimée. Celle de partir seul explorer un coin du monde encore peu connu des Européens, la Sibérie, à moto. Et Kim raconte son voyage, qui commence par le choix de la bécane (après celui de la combinaison!), sa préparation et la mise au point d’un itinéraire.

Il opte finalement pour une BMW F 650 Dakar, un robuste monocylindre qui ne figure plus aujourd’hui au catalogue du constructeur allemand, sauf dans certains pays comme le Brésil ou les USA – sous un autre nom, et à peine plus évoluée. Et il en améliore ce qu’il perçoit comme des points faibles: suspensions, protection contre les chutes, ergonomie des repose-pieds…

Apprentissage du russe

En même temps, il se met en tête d’apprendre le russe, une langue qui lui sera utile sur une grande partie des plus de 28000 kilomètres qu’il va parcourir. Son trajet passera en effet par le Turkménistan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Kirghiztan et la Sibérie, des pays qui furent des républiques soviétiques et ou le russe est encore utilisé fréquemment. La tâche est plutôt ardue. Ne disposant pas d’un budget infini, Kim se débrouille pour former un tandem linguistique: il est censé apprendre le français (ou l’anglais) à la personne qui lui enseignera les bases d’une conversation dans la langue de Tchékhov.

bout de la Sibérie sur son Hirondelle
Visite d’un monument phrygien en Turquie.

Après quelques essais infructueux, il tombe sur une jeune femme d’origine ouzbèke qui se trouve en Suisse pour quelques mois et veut apprendre le français. Elle l’aide patiemment à progresser, semaine après semaine. Il la retrouvera plus tard au milieu de son périple, comme une amie. C’est un peu par son intermédiaire que la moto reçoit son nom de baptême, l’Hirondelle. Lastotchka, en russe. Une claire indication de voyage, géographique et personnel, et de liberté.

bout de la Sibérie sur son Hirondelle
Le trajet de Kim Hoang.

Kim doit aussi planifier sa route de manière à tenir compte des difficultés à obtenir certains visas. Ainsi le Trukménistan impose d’avoir déjà le papier pour un poste frontière précis. Et lui faut impérativement arriver en Sibérie l’été, pour avoir une chance de passer sur certaines pistes, facilement sujettes aux inondations. Il apprend de plus qu’à l’époque de son voyage (été 2015), l’Iran serait de plus inaccessible aux personnes entrant à moto par la frontière turque. Une nouvelle qui ne se confirmera pas sur place, heureusement.

Des rencontres insolites, souvent amicales

En chemin, et comme il voyage tout seul, il fait bien évidemment des rencontres. Du policier turc à moto qui a la gentillesse de le guider jusqu’à son hôtel, aux motocyclistes américains qui l’accompagnent sur la piste sibérienne avec ses dangereux ponts. En passant par une jeune femme inconnue qui lui donne une rose et pat le garçon d’hôtel qui lui « emprunte sans permission » ses réserves d’argent et qui finit par être démasqué et arrêté par la police iranienne.

bout de la Sibérie sur son Hirondelle
Kim a rencontré la neige en Iran.

En Iran, justement, Kim Hoang a croisé la route d’un très grand nombre de personnes, jeunes ou moins jeunes, qui ont pris le temps de l’accueillir et de lui faire découvrir leur pays. « C’était une découverte extraordinaire pour moi, commente Kim. J’aurais voulu pouvoir passer plus de temps dans ce pays. Il faudra que j’y retourne un jour. »

bout de la Sibérie sur son Hirondelle
Iran, ancien monument perse.

Le pilote ne s’est rien cassé, mais la machine a par contre connu son lot de réparations. Il a fallu trouver de quoi remplacer certaines pièces essentielles. Pas du moteur, mais du châssis.

Pièces de rechange automobiles

Des roulements de voitures refaçonnés par un mécanicien ouzbèke connu au travers d’un club de motards local feront l’affaire. Et ce mécanicien, frappé par la mort d’une amie lors d’un accident à moto, est une autre belle rencontre.

bout de la Sibérie sur son Hirondelle
L’Hirondelle immobilisée à Tachkent (Ouzbékistan). Il faudra une réparation de fortune pour qu’elle puisse continuer le voyage.

Kim a rencontré beaucoup de motocyclistes durant son épopée, et la plupart d’entre eux l’ont aidé lorsqu’il avait des petits ou des grands soucis de mécanique ou d’autre sorte. Certains l’ont accompagné sur une partie du voyage, comme Jens l’Allemand entre le Tadjikistan et le Kirghizistan. Enfin, plus exactement, c’est Kim qui a accompagné Jens, pour le rassurer. Il y a encore Noah et Kurt, sur leurs KTM, en Sibérie.

La BAM, en Sibérie

C’est la dernière tranche du voyage qui s’est révélée la plus dangereuse, la BAM. Une piste pas toujours très carrossable qui a servi pour la construction de la ligne de train Baïkal-Amour-Magistrale, en Sibérie. Elle est entre-coupée par de nombreux fleuves froids et tumultueux. Et il n’y a pas toujours de pont à disposition. Ce qui laisse le choix entre passer à gué, souvent très risqué, louer un camion et un chauffeur en guise de radeau, ou emprunter le pont du chemin de fer, risqué lui aussi si on dérape ou si on plante sa roue avant entre deux traverses. Sans même parler des nuées de voraces moustiques qui ne laissent pas passer une telle aubaine.

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La BAM, en Sibérie. Pas une partie de plaisir.

Kim Hoang ne rejoindra au final pas Magadan. Il se contentera de Vladivostok. Mais l’important ici, c’est bien plus le chemin, le voyage lui-même que la destination finale. Il raconte un processus d’allègement, tant symbolique que très concret. Au cours du périple, il va laisser en route les livres qu’il aura fini de lire, va utiliser les pièces de rechange qu’il n’aura plus besoin d’emporter sur la moto, et va finir les rations de biscuits de survie qui font office de casse-croûte si rien d’autre n’est en vue. Au fur et à mesure qu’il avance, ses compétences en tout-terrain progressent, et son âme se libère.

Il se permet tout de même d’emporter un peu de superflu, sous la forme d’une canne à pêche! Un hommage au passage à un ami décédé et fana comme lui de taquinage du poisson.

Depuis « Magadan », Kim Hoang a fait d’autres voyages à moto, en Iakoutie et en Islande, que l’on peut retrouver sur son blog en ligne, www.kimhoangme.com.

Galerie photos

Commentaires1 commentaires

1 commentaires

  • Prochasson

    Bonjour,
    Je viens de terminer ce bouquin, très intéressant et même palpitant. Je suis tombé sur cette article en cherchant les dates de ce voyage ; je ne les ai pas trouvées mais j’ai apprécié de découvrir les quelques photos, y compris celle de la couverture du bouquin, avec beaucoup plus d’éclat que sur cette dernière, et je vais aller voir le site de Kim. Merci !

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