Le pneu neige pour scooter, inventé en Suisse, se perfectionne

Publié le 20 juillet 2015 par Jérôme Ducret, mis à jour le 25 février 2021.

Photos: Hansueli Schaerer et DR.

Pneus neige

Le pneu neige pour scooter, inventé en Suisse, se perfectionne

La maison Hostettler a présenté la nouvelle version des gommes d’hiver IRC Urban Snow, l’EVO. Sur la neige en Allemagne au mois de juillet.

Rien de tel que de rouler sur la neige au guidon d’un Ersatz de Vespa électrique en plein mois de juillet. La maison suisse Hostettler, importatrice des motos et scooters Yamaha ainsi que de toute une série d’équipements pour les deux (et quatre) roues, nous a invités, par le biais de sa filiale Pneu-Service, à Neuss, près de Düsseldorf, en Allemagne. Pour y tester le tout nouveau IRC Urban Snow EVO, soit une série de pneumatiques destinés aux scooters et permettant non seulement de continuer à penduler en hiver, mais même de freiner et d’accélérer sur de la neige. Il s’agit comme le nom l’indique d’une évolution du pneu Urban Snow, fabriqué en partenariat entre Hostettler et la firme japonaise IRC.

Premier point: le pneu d’hiver pour scooters a été « inventé » par des Suisses. Selon Markus Abegglen, directeur de Pneu-Service, l’idée a germé en 2002 lors d’une discussion impliquant Fritz Hostettler, père de l’actuel directeur Peter Hostettler. Pour concrétiser son projet, l’homme d’affaires helvétique s’est naturellement tourné vers l’entreprise Pirelli, partenaire de la maison suisse. « On lui a répondu qu’un pneu de ce genre ne se vendrait jamais », rappelle Markus Abegglen avec le sourire.

C’est donc la société japonaise IRC, avec sa fabrique en Thaïlande, qui se lance dans l’aventure, faite d’allers et retours entre la Suisse et l’Extrême-Orient.

L'usine IRC en Thaïlande.
L’usine IRC en Thaïlande.

La première mise sur le marché a lieu en 2003. Et le succès est là. La livraison n’a baissé qu’en 2011, en raison des inondations qui se se sont abattues sur la Thaïlande.

L'usine IRC lors des inondations en 2011.
L’usine IRC lors des inondations en 2011.

D’autres acteurs se sont eux aussi lancé, comme l’allemand Heidenau, comme Metzeler (le versant nordique de Pirelli, ironie du sort) ou plus récemment Michelin avec son City Grip Winter. Devant ce sursaut de la concurrence, devant aussi la perte récente du gros marché que constitue l’équipement des scooters et trois roues des postiers en Suisse, Hostettler et IRC ont décidé de réagir et de lancer une toute nouvelle version de son produit, en en améliorant à la fois les prestations et la longévité.

Les nouvelles gommes ont droit à un nouveau profil, avec des lamelles découpées différemment, mais aussi à une nouvelle carcasse et à un nouveau mélange composant le corps du pneu. On n’en saura pas beaucoup plus. Normal, chaque fabriquant garde jalousement ses petites recettes secrètes. On peut juste admirer les changements dans le profil introduits au fil du développement de l’EVO.

Les trois prototypes, avec des lamelles coupées à la main!
Les trois prototypes, avec des lamelles coupées à la main!

Nous n’avons pas à proprement parler pu rouler sur une route enneigée, avec différents types de neige, mouillée, verglacée, etc. Nous avons par contre pu dévaler une petite piste de luge, d’une pente modérée. Assez pour constater que l’Urban Snow, fixé sur les roues de dix pouces de diamètres de scooters électriques Kumpan, adhèrent suffisamment au sol pour autoriser des freinages appuyés de la roue arrière.

Pour le freinage de la roue avant, on oublie évidemment, au vu du manque de stabilité intrinsèque du véhicule. Au plat, on peut très bien trouver suffisamment de traction pour avancer à bonne allure, malgré le couple élevé du moteur électrique. Le seul qui a réussi à remonter autrement qu’en roulant sur le tapis magique remonte-pente a été l’un des responsables japonais du développement du pneu. Son honneur était sans doute en jeu, mais il a dû s’y reprendre à plus de cinq fois. « Nous ne vous avons pas fait tester la montée, parce que les scooters s’enterrent littéralement dans cette neige », commente Markus Abegglen.

Regarde, maman, sans les pieds, et avec les freins!
Regarde, maman, sans les pieds, et avec les freins!

Là où la différence est nette, c’est par rapport au même scooter équipé de pneus normaux. C’est-à-dire d’été. Même au plat et sur un terrain bien tassé, il est impossible de faire avancer la machine, parce qu’il n’y a aucun grip. « On voit certains motards qui pensent qu’il suffit de s’équiper avec des pneus cross pour rouler sur la neige, mais ça ne fonctionne pas, explique un ingénieur de Pneu-Service. Le mélange qui les compose reste trop froid et du coup il n’y a pas d’adhérence. »

Juste pour la science, on nous a aussi fait rouler en dehors de la halle de ski. Par près de trente degrés, sous un soleil de plomb. Avec le même deux-roues et les mêmes pneus. Et avec un deuxième Kumpan monté en gommes estivales. La différence entre les deux était négligeable.

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Sur le sec

Sur des roues plus grandes, il se peut qu’il y ait un effet élastique un peu surprenant, mais pas dangereux. Toujours est-il que Pneu-Service et IRC recommandent de ne mettre les Urban Snow EVO que durant les périodes froides. « Leur usure par temps chaud est logiquement plus rapide que pour des pneus normaux », déclare M. Akutsuka, le chef de projet japonais.

Depuis l’année dernière, l’EVO est d’ores et déjà disponible en trois tailles: 80/90 – 14, 90/90 – 14 et 100/90 – 14. Et pour cette année, il y a encore d’autres mensurations au catalogue: 3,50-10, 90/90-12, 100/90-10, 110/90-12, 120/70-12, 130/70-12, 120/70-13, 130/60-13, 140/60-13, 90/80-14, 90/80-16.

Comme vous le constatez, rien pour les maxiscooters, genre TMAX, qui ont des roues d’au moins 15 pouces. Leur poids et surtout leur puissance joue en leur défaveur sur la neige par rapport à des engins plus petits, nous explique Akutsuka San. « Mais l’avenir nous dira si cela vaut la peine de développer ce produit aussi dans cette direction. » Même discours pour les pneus moto: trop de puissance, trop de poids, et en plus pas assez de clients potentiels, les motards et motardes roulant beaucoup moins en hiver que les scootéristes. mais tout peut évoluer. Les développeurs d’IRC n’excluent pas non plus de chercher à développer des versions adaptées au couple élevé des moteurs électriques!

Il restera à tester ce pneu dans de vraies conditions hivernales, sur la route. Peter Hostettler annonce que sa firme va organiser des essais dans ce genre de condition, cet hiver encore. On vous tiendra au courant.

Galerie photos

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Commentaires4 commentaires

4 commentaires

  • Zimmermann

    On peut commander ou sa ?

    • Jérôme Ducret

      chez tous les distributeurs ayant à faire à Pneu service en Suisse… bien sûr

  • Damien

    Premier essai de mon scooter 400 cm3 que je viens d’équiper avec les pneus hiver… 50 m après la sortie du garage, gauche droite et paf par terre. Pneus totalement inadaptés à la conduite sur route et à la puissance d’un scooter

    • Jérôme Ducret

      Salut. Ceux que nous avons essayé sur route étaient froids, et ça ne posait aucun problème pour des pif-paf. Le scooter n’avait pas la puissance d’un 400 cc, et d’ailleurs il n’y avait pas de grande taille dans l’assortiment du constructeur. Mais le couple du moteur électrique était tout de même conséquent. Dans votre cas, s’agissait-il d’IRC, ou d’une autre marque?

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