Essai – Immersion sur les Enduro TF 250-E et TF 450-E de Triumph

Publié le 30 octobre 2025 par Yannick Mottaz.

Photos: JF Muguet.

Test Triumph

Essai – Immersion sur les Enduro TF 250-E et TF 450-E de Triumph

Après s’être lancé – avec succès – dans le motocross, au niveau sportif et mondial, la marque britannique a fait un pas tout aussi couronnée de succès dans le monde de l’enduro de compétition. Et voici qu’elle propose les versions de série de ses deux machines pour ce dernier sport, versions que nous sommes allés tester en France, dans un endroit un peu particulier.

Mardi 14 octobre 2025, j’ai fait mes valises direction la région Parisienne, invité pour ActuMoto.ch à la journée d’essais presse de la toute nouvelle gamme enduro de Triumph, avec deux modèles 2026 annoncés comme «off-road sérieux», la TF 250-E et la TF 450-E.

Le constructeur britannique, arrivé dans le cross en 2024 avec des résultats incroyables pour une première saison de courses, pose maintenant ses jalons en enduro pur et dur.

Je vous pose le décor… un domaine façon ranch Californien, gazon de golf, alentours fleuris et grave entretenus, étang, lac, parcs à chevaux à perte de vue… et….le rêve de tout passionné de Offroad… une piste de MX, là, posée au fond de la propriété… vallonnée, sablonneuse, des doubles, des triples, de la forêt… et pour combler le tableau, des traces enduro qui serpentent les alentours.

Triumph enduro
Une piste de cross privée pour commencer notre essai.

Sur place, deux machines que je suis venu tester: la TF 450-E (450 cm3) et la TF 250-E (250 cm3). Mon objectif: les essayer, les comparer, et livrer mes impressions

En tant qu’ancien pilote d’enduro (vice-champion Suisse National Open en 2014), qui ne roule (presque) plus depuis plus de 10 ans, mais qui garde l’œil et la main, en pur amateur.

Les motos, premier contact

Alignées devant une splendide bâtisse en rondins, les deux enduros imposent: coloris racés, design épuré, équipement premium.

Triumph Enduro

Dès le premier regard: peu de vis apparentes, belle finition générale — bravo.

En bon vieux critique, quelques détails, le sabot moteur protège bien, mais ne couvre pas la biellette, ce qui, en usage spor­tif, peut devenir gênant. Les grilles de radiateurs: nécessité de retirer 2 vis dans l’ouïe pour accès — en enduro, ce genre d’accès rapide fait la différence.

Les protège-mains sont présents, appréciable pour l’enduro. Le compteur est compact, il affiche tout ce qu’il faut, discret derrière la plaque-phare (plaque d’un design néanmoins un peu daté à mon goût). Le cadre: périmétrique en aluminium, sans soudures latérales visibles, superbe travail. Les soudures sur le berceau moteur sont propres, on sent que Triumph a mis le paquet.

Ce cadre donne une base solide pour l’ergonomie. Et j’y tiens, pour mes 1,85 m, rien ne vient accrocher au cadre ou à l’arrière-cadre: la position est large mais bien pensée, sans gêne, j’ai apprécié.

TF 250-E
Les Triumph de cross (ici) et d’enduro nous attendaient. Nous avons mis l’accent sur les deux modèles d’enduro.

Sous les carénages, les deux modèles partagent beaucoup: même base de cadre, boîte 6 vitesses bien étagée pour l’enduro, moteur monocylindre 4-temps épaulé par ce châssis commun au modèle cross (et ajusté pour l’enduro).

La base a été développée avec l’expérience de champions: Paul Edmondson (4× World Champion Enduro) et Iván Cervantes (lui aussi 4x World Champion Enduro).

Carmichael Triumph
Ricky Carmichael, alias « The G.O.A.T. » (numéro 4) du motocross, a managé le développement des Triumph de cross, et Ivan Cervantes, pluri-champion mondial d’enduro, a fait de même pour les machines destinées à cette seconde discipline.

Suspensions Kayaba, tés de fourche taillés dans la masse, guidon Pro Taper, poignées ODI, jantes D.I.D., freins Brembo avec disques Galfer, Traction Control, Launch Control, maps sélectionnables, possibilité (en option) d’un module wifi avec création de jusqu’à 6 maps + diagnostics et entretien: tout y est pour plaire à celui ou celle qui aime rouler de façon convaincue et aime la belle pièce.

Et au vu des résultats en Enduro cette saison, cela ne va pas ravir que les amateurs… si je m’en réfère aux classements actuels des «Top Gun» de la discipline, cela fonctionne.

On a en effet deux Triumph dans le Top 10 en Enduro GP et trois dans le Top 5 en Enduro 1. Bref, du lourd.

Le réseau en Suisse romande ne comporte qu’un seul point de vente agréé off-road Triumph — Triumph Lausanne by Moto Evasion — ce qui impose contraintes géographiques et logistiques pour maintenance ou accessoires (mais rassurez-vous c’est une super agence… ).

En piste: On commence avec 2x20min sur la piste MX

Je commence fort: la TF450-E. Dès les premiers tours, ça saute aux yeux (et se ressent dans les bras): ce mono 450 claque fort, la prise en main est musclée. Le couple est présent, partout, la montée en régime rapide. Pourtant, tout fonctionne: châssis sain, suspensions cohérentes, la moto tient le terrain, le frein est puissant mais dosable.

Mais — et oui il y a un « mais » — pour moi, qui ne suis plus au sommet de mes années d’élan aérien, c’est un peu « too much”.

TF 250-E Triumph

Cette puissance demande du respect. Pour ceux qui veulent plus de bagarre, de moteurs gros format, elle saura répondre, mais elle ne m’a pas totalement conquis sur ce terrain exigeant.

Bon… si je suis honnête, je n’ai jamais préféré les gros cubes…

Échange rapide pour monter sur la TF 250-E. Et là, le sourire revient. Le moteur est plus modéré mais bien rempli pour un 250, la puissance monte haut, le comportement est vif.

TF 250-E Triumph

Le châssis offre un très bon grip, la moto est très réactive, elle va où tu regardes. Elle sort fort des appuis, le train avant inspire confiance. Elle est «accessible»  mais pas fade, malgré les aprioris avant les imposants sauts sur cette piste de cross, elle te met en confiance…

Pour l’amateur, elle est parfaite. Pour le pilote elle le sera sans-doute aussi… Un vrai coup de cœur.

Spéciales forêt et herbe (20 minutes par moto)

L’après-midi, nous attaquons l’enduro: d’abord dans le bois, singles, montées, descentes, sable. Puis dans un champ d’herbe en dévers: format «Cross Test».

Sur ces terrains, la TF 450-E change de visage: l’agilité est là, la moto se laisse mener, la puissance ne devient plus un handicap mais un atout. On comprend alors son intérêt. Le châssis, bien travaillé, lui donne une vraie polyvalence et l’amortissement est souple et efficace.

TF 250-E

Bien sûr, une légère inertie dans les passages très lents et on se dépêche de prendre l’embrayage pour éviter le coup de piston, mais là aussi elle s’avère bluffante, elle ne joue pas de mauvais tours.

En milieu naturel comme sur la spéciale en herbe en dévers, la TF 250-E brille elle aussi, facile pour garder l’intérieur dans les traces techniques… elle recoupe les lignes défoncées avec une aisance déconcertante.

Le train avant est mortel, un vrai scalpel. Comme à son habitude, la Kayaba fait un job de « taré »…

Le moteur de la 250 se révèle lui aussi très efficace pour une petite cylindrée, particulièrement pour ressortir des appuis de sable mou, on en oublierait presque la nostalgie des mid-sizes tant appréciées (300 ou 350 4t de la costaude concurrence).

Cela reste dosable à souhait (TC hyper efficace qui fait un super job), vraiment j’adore.

TF 250-E

Pour la partie commune de la TF 250-E et de la TF 450-E, La hauteur de selle de 955 mm (rappelée dans certaines revues) reste un point à noter: pour un pilote “moyen” cela peut être un frein, mais à l’heure actuelle c’est dans la norme chez les enduro.

La boîte 6 vitesses est vraiment bien étagée, le traction control (TC) hyper efficace tout en restant discret.

Le quickshifter fonctionne bien, à condition de l’utiliser sur terrain “fluide”. Sur les parties ultra défoncées, son comportement reste perfectible, certes, mais en grosse accélération franche sur un terrain «smooth», il marche vraiment bien. Nécessaire? Peut-être pas, mais en liaisons il sera certainement bien apprécié.

Rapport qualité-prix et verdict amateur

Alors, est-ce que le jeu en vaut la chandelle? Pour moi oui, mais avec nuance. Le rapport prix/équipement est très bon: pour ce niveau de composants et de finition, vous en avez pour votre argent (10395 francs pour la 250 et 10895 francs pour la 450), livrables de suite.

Mais si l’on tient compte des contraintes (réseau restreint, hauteur de selle, quelques détails de finition), la “meilleure affaire” dépendra de votre usage.

Si j’avais à choisir une seule, je prendrais la 250: plus accessible, fun, polyvalente. La 450 est l’arme, mais pour “gros bras”.

En tant qu’ancien pratiquant amateur, je clame haut et fort: Triumph frappe fort.

TF 250-E

L’entrée dans l’enduro est réussie. Il reste à voir la longévité, la fiabilité et l’efficience en usage “extrême”.

Mais sur cette journée d’essais, j’ai pris un vrai plaisir. Alors oui, si vous êtes en Suisse romande, tenez compte de la distance jusqu’à l’unique concession off-road, mais ne laissez pas passer ces machines — elles pourraient bien devenir des références.

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