Essai – L’avis de Mat Rebeaud sur les petites enduros électriques XB et XE de Zero
Le Suisse, qui fut le premier champion du monde de motocross freestyle (FMX), a accepté de nous recevoir sur son terrain d’entraînement, et de nous dire ce qu’il pense des deux nouvelles petites motos d’enduro du spécialiste de la traction électrique. Pour bien faire, nous les avons également confiées à un de nos testeurs maison.
La marque d’origine américaine (qui vient de transférer son siège social en Hollande) Zero Motorcycle a présenté deux nouveaux modèles à traction électrique, la XE et la XB. Ce sont de petites motos d’enduro, la première atteignant 85 km/h et la seconde étant limitée à 45 km/h.
La particularité de ces deux machines, outre le fait qu’il s’agisse de motos électriques, c’est leur prix, somme toute plutôt abordable (5820 francs pour la première, et 4000 pour la seconde), et l’adoption de batteries amovibles, que l’on peut sortir du châssis pour aller les recharger à peu près où l’on veut.
Zero Motorcycles ne nous a jusqu’ici pas habitués à ce genre d’approche, proposant dans sa gamme plus ce que l’on pourrait qualifier de motos électriques premium, les moins puissantes commençant à plus de 17000 francs. Il nous fallait absolument essayer!
Pour avoir un avis « autorisé », nous avons fait appel à un spécialiste de la moto de tout-terrain électrique. Et même plus exactement de la moto de FMX électrique, le Suisse Mat Rebeaud, qui fut le premier champion du monde de motocross freestyle (FMX) et qui fut aussi le premier à utiliser une machine électrique.

Le maître nous a fait l’honneur de nous accueillir sur son terrain d’entraînement personnel, quelque part dans la Broye, à cheval entre les cantons de Vaud et de Fribourg.
Ce terrain est difficile à trouver, lové entre une petite route de terre, un cordon d’arbre, un bout de hameau perdu dans la campagne broyarde et la rivière.
Quand on l’a enfin déniché, on s’approche, et soudain on voit en l’air une moto avec son pilote. Mais on n’entend rien, ou presque. Normal, Mat fait ses figures sur une Stark Varg électrique. Il a même de la compagnie ce jour-ci, Romain Schüpbach, un jeune pilote du coin qui veut se lancer dans le FMX, et qui utilise lui aussi une Stark.

Notre partenaire Zero Motorcycle, le garage neuchâtelois M&R Speedshop est venu exprès du Landeron avec trois motos. Une XE stock, une XB tout aussi standard, et une XB transformée, avec des gros pneus de cross, et plus de porte-plaque ni de rétroviseurs. Y’a plus ka!
On précise pour la petite histoire qu’Edmond, le fils aîné de Mat, tourne régulièrement sur une XB transformée en pure machine de tout-terrain. Les Rebeaud ne sont donc pas complètement nouveaux dans l’univers Zero Motorcycle…

L’essai commence par la « petite » XB. Mat la prend en main et fait quelques tours du « circuit ».
Puis il sort de piste et repasse aux « stands » (la tente de M&R Speedshop!). « Fallait dire tout de suite qu’il y avait le contrôle de traction! »

L’assistance est désactivée et il repart, cette fois-ci en effectuant toute une série de wheelies parfaitement contrôlés. Et aussi quelques sauts tranquilles sur de petites bosses, et des petits dérapages bien contrôlés en virage.
Cette moto est homologuée pour la route, et elle est donc livrée avec des rétroviseurs, des indicateurs de direction et un support de plaque minéralogique. Et pour l’enduro ou pour les rues très en pente, il y a même une marche arrière…

Il prend ensuite le guidon de la « grande », la XE, et fait exactement la même chose. Toujours sans le moindre effort apparent. Si la XB pèse 63 kilos tous ronds, sa grande soeur est pourtant un peu plus lourde: 101 kilos déclarés.
Manifestement, il trouve que les suspensions, les freins et la commande d’accélération sont bien calibrés et faciles à contrôler, le guidon bien placé et les cale-pieds là où il faut.
Sa seule critique concerne, sur les deux motos, le contrôle de traction, qu’il trouve trop intrusif et peu subtil. Et cela se remarque le plus sur la XB, du fait de son empattement court, de son poids plume et du fait qu’elle cabre plus facilement quand on ouvre l’accélérateur à fond. Surtout en mode Sport.

« J’aurais été heureux d’avoir une petite moto comme celles-là à 16 ans, explique le champion. Et ce qui est cool, c’est qu’on peut aussi rouler sur la route. »
Il avoue tout de même une petite préférence pour la XB. « La XE est chouette aussi, mais c’est déjà plus une vraie moto, dans ses dimensions, et moins un jouet avec lequel on peut faire absolument tout ce qu’on veut. »

Il est vrai que la XB est fortement limitée au niveau de sa vitesse de pointe. Et qu’elle est strictement monoplace. Mais on a tout de même un gros couple à la roue arrière (373 Nm).
Un point qui le convainc, à part le prix, est la possibilité de sortir la batterie pour la recharger – le chargeur est fourni comme pièce séparée de la moto, mais incluse dans le prix, et l’on peut acheter une autre batterie en plus.
On peut alors très bien imaginer prendre avec soi la seconde batterie, déjà chargée, et faire l’échange quand la première arrive au bout, pour continuer à rouler.

Les détails d’ergonomie sont bien pensés. A l’arrêt, sur la XE, moto parquée, on peut utiliser un frein de parking, qui est mécanique, qui agit sur le frein arrière, et dont la commande est située sur le commodo gauche.
Sur le levier de frein arrière, pour être précis, et le fonctionnement est fiable, durable et intuitif.

Ce petit détail a son importance: tant la XE que la XB n’ont qu’un seul rapport de vitesse, et pas d’embrayage. On n’a donc pas la possibilité d’engager une « vitesse » à l’arrêt pour empêcher la moto de bouger.
Sinon, l’écartement des leviers de frein (rappelez-vous, pas d’embrayage!) est ajustable. Et les suspensions sont réglables – un peu plus, et un peu plus facilement sur la XE que sur la XB. Fourches et amortisseurs sont livrés par la marque asiatique KKE, encore peu connue en Europe.
L’interface est digitale. Elle est confiée à un petit écran rectangulaire arrimé à la partie gauche du guidon. La sélection des modes se fait sur la partie du guidon à droite, le reste sous l’écran à gauche. C’est simple (pour les modes), relativement facile à comprendre. Et assez lisible. Mais nous n’avons pas testé avec un grand soleil rasant.
Si l’on veut changer les réglages, par exemple la langue de l’afficheur, ou le degré de frein régénératif (qui utilise la gravité pour redonner un peu d’électricité à la batterie), il est obligatoire d’être à l’arrêt. Si l’on veut juste changer de mode, cela peut se faire en roulant.

Enfin pour changer de batterie, il faut juste enlever la selle, ce que l’on fait avec la clé de contact, ouvrir deux goupilles (sans outil), détacher les connections électriques (sans outil) et serrer les biceps pour extraire l’objet de son compartiment, en tirant sur deux poignées souples.
Sur la XB, le principe est le même, sans les goupilles. Et avec une seule poignée, car la batterie est différente, moins puissante.
Ces unités pèsent leur poids, et on ne choisira pas forcément de les trimbaler dans un sac à dos, mais c’est acceptable. Même remarque pour le chargeur, qui est externe à la moto, et se branche sur une prise de courant classique domestique.
Ce chargeur est moins volumineux que, par exemple, sur une Stark. Mais il prend un peu de place et pèse quelques kilos. On réfléchira à deux fois avant de l’embarquer dans un « Rücksack ».

L’autonomie déclarée est de 100 km à 50 km/h au guidon de la XE, et de 75 km à la même vitesse avec sa petite soeur. Nous n’avons pas testé en aussi peu de temps. Notre partenaire M&R Speedshop a cependant pu faire l’expérience: une sortie en enduro de 60 km (avec la XE), au bout de laquelle il restait encore 36% de charge.
Pour être complet, il faut savoir que recharger la batterie de la XE de zéro à 95% prend en gros 5 heures. Et la moitié pour celle de la XB, dont la capacité est moindre.
Notre journaliste-essayeur Jean-Baptiste Rozain livre lui aussi son ressenti après avoir passé un moment au guidon des deux motos.
« La XE est une chouette moto électrique abordable, pour les petits trajets et s’amuser dans le terrain. »
« Son petit poids en fait le compagnon idéal des petits trajets et balades dans les bois. Avec des composants basiques mais fonctionnels, elle n’est pas du tout ridicule pour une pratique Enduro ou MX, niveaux débutant jusqu’à amateur. »

« Son avantage, c’est son poids plume, mais aussi son homologation route! Elle peut aussi à rouler jusqu’à 80 km/h. C’est l’entre-deux entre le vélo électrique et la moto. Définitivement intéressant pour seulement 5820 francs. »
« La XB est ce qui se rapproche le plus d’un vélo électrique sans pédales. Elle est plus légère que la version XE, et aussi moins puissante. Ce modèle est limité à 45km/h, équivalant aux vélos électriques les plus puissants mais sans avoir besoin de pédaler. »

« Dans le terrain, c’est encore plus joueur et facile à manier que la XE et on se croirait sur un vélo de 63 kg. Et pour 4000 francs, c’est moins cher que la plupart des vélos électrique! Mais pour la conduire, vous aurez besoin d’un permis A1 45km/h, au minimum. »
« Dans le champ je me suis bien amusé, moins dans le terrain de MX. Mais cela vient plus de mes compétences limitées. »

« En résumé, ce sont de chouettes jouets, mais il faut bien saisir leurs limitations et avantages respectifs. Ce ne sont pas des modèles comparables à des motos thermiques d’enduro ou même à une Stark Varg électrique, mais on s’amuse aussi vraiment à leurs guidons. »
L’entretien de ces deux motos est plus simple et du coup moins coûteux que sur une machine à moteur à combustion. Il y a beaucoup moins de pièces en mouvement, et beaucoup moins de vibrations. Il faut juste surveiller les pièces d’usure de la partie-cycle (disques et plaquettes, etc.) et de la transmission (chaîne).
On ajoute que bien sûr ces deux motos ne sont pas construites en suivant le même schéma que les autres modèles de Zero. La marque a choisi un partenaire asiatique. Mais tant la XB que la XE sont de vrais modèles Zero, propres à cette marque, et les standards de fabrication sont semblables à ceux des motos plus premium.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le site suisse de Zero Motorcycles, ou vous adresser à notre partenaire de notre Annuaire ActuMoto des pros de la moto: M&R Speedshop au Landeron (NE).
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