Triomphe pour Honda dans le piège de Suzuka, déception pour Valentin Suchet et le team National Motos
Le team officiel Honda (numéro 30), avec seulement deux pilotes, Johann Zarco et Takumi Takahashi, remporte la course de 8 heures au Japon. Deuxième place pour le team officiel Yamaha (Jack Miller, Andrea Locatelli, Katusyuki Nakasuga), et troisième pour le SERT (Suzuki). En catégorie Superstock, le team leader, numéro 55, avec en son sein le pilote vaudois, a dû abandonner après une deuxième chute et une moto détruite. Ils se trouvent à présent à égallité de points en tête du championnat Superstock avec le team Etoile, vainqueur de cette catégorie à Suzuka.
Les 8 Heures de Suzuka sont la troisième épreuve de la saison du championnat mondial d’endurance. Cette année comme l’an dernier. Le team National Motos Honda (numéro 55), premier du classement provisoire de la catégorie Superstock a à nouveau fait le déplacement au Japon cette année.
National Motos est l’un des rares teams de ce championnat qui compte en ses rangs un pilote suisse. Il s’agit du Vaudois Valentin Suchet, le frère du pilote Sébastien Suchet, qui comme lui a fait partie durant plusieurs années de ce même team et y a gagné la couronne de la catégorie, en 2024.
Mais en 2025, Sébastien a pris sa retraite de coureur, et seul Valentin a continué chez National Motos, aux côtés du Français Guillaume Raymond, et d’un nouvel équipier, français lui aussi, Johan Nigon.
Ces changements n’ont pas empêché National Motos de bien entamer sa saison, obtenant de bons résultats aux 24 Heures du Mans, puis aux 8 Heures de Spa (lire notre article).
En arrivant au Japon, ils étaient en tête des équipes Superstock, devançant le team 18 Pompiers Igol CMS Motostore (Yamaha numéro 18) et l’équipe 3SRT Best of Bike (Yamaha numéro 36). Le Team Etoile, une équipe japonaise sur la BMW numéro 25, était alors quatrième, à quelques points des troisièmes.

En catégorie EWC (motos plus performantes), le YART (team numéro 7, officiellement soutenu par Yamaha) menait le bal, devant le team Kawasaki Webike Trickstar (numéro 11), et le team BMW World Endurance (numéro 37).
Le SERT (Suzuki, numéro 1), soit le champion en titre, n’était que sixième du classement général avant l’étape de Suzuka.
Toutes les équipes n’avaient pas fait l’investissement de se déplacer au circuit de Suzuka cette saison. En particulier le team suisse Bolliger (EWC, Kawasaki numéro 8, sans pilote suisse cette saison) y avait renoncé, pour des raisons essentiellement budgétaires.
Parmi les concurrents de Valentin Suchet et de son team pour le titre Superstock, les Yamaha numéros 18 et 34 manquaient elles aussi à l’appel.
Lors de l’épreuve de Suzuka, on trouve traditionnellement plusieurs teams japonais ne participant pas au reste du championnat, et en particulier des équipages mis sur pied juste pout cette course par les constructeurs nippons, au premier rangs desquels Honda, qui est propriétaire du circuit.

C’était à nouveau le cas. Le team Honda, numéro 30, alignait rien moins que le pilote de Grand Prix Johann Zarco (comme l’an dernier) et la vedette locale Takumi Takahashi, qui en était à sa sixième victoire avec Honda sur ce circuit. Le troisième pilote était issu de l’équipe Honda en mondial Superbike. Iker Lecuona, désigné dans un premier temps, mais blessé, a été remplacé par son coéquipier Xavi Vierge.
Mais ce dernier n’a pas été autorisé à courir, « pour des raisons de procédure », selon Honda! Ce sont donc Zarco et Takahashi qui ont fait le travail à deux.
En « face », Yamaha avait mis sur pied l’équipe de rêve eux aussi, avec Jack Miller, pilote de Grand Prix, faisant équipe avec le numéro 1 du team Yamaha en mondial Superbike, Andrea Locatelli, et l’expérimenté Japonais Katsuyuki Nakasuga. Ils portaient le numéro 21.
Au terme de qualifications dans des conditions difficiles (au moins 30 degrés de chaleur, et un fort taux d’humidité), la paire Zarco-Takahashi a réussi à systématiquement produire les chronos les plus rapides, que ce soit durant les trois séances qualificatives de jour, durant les qualifications de nuit le vendredi soir, ou durant les essais chronométrés faisant s’affronter les dix équipes les mieux qualifiées jusque là, le samedi matin.
La Honda numéro 30 a donc pu se placer en pole pour le départ de la course, dimanche en fin de matinée (fin de la nuit pour l’heure suisse). En deuxième place, le team Yamaha numéro 21 voulait enfin gagner cette course de prestige pour les Japonais.
La troisième et la quatrième places sont revenues à deux équipes purement japonaises et ne prenant part qu’à cette course dans le mondial d’endurance: AutoRace Ube Racing (BMW, numéro 76, troisième) et SDG HARC-PRO. (Honda, numéro 73).
Les troisièmes comptaient un pilote français bien connu par chez nous, le Haut-savoyard Loris Baz, indiqué par le Race Manager à tort comme un pilote suisse. Il était associé au Britannique Davey Todd et au Japonais Naomichi Uramoto.
La première équipe concourant pour la couronne mondiale était le team BMW Motorrad World Endurance, cinquième, qui devançait dans l’ordre le YART, puis le SERT.
On note encore la 13ème position du team Kawasaki Webike (numéro 11), la 14ème du F.C.C. TSR Honda France (numéro 5), vainqueur à Spa, la 19ème du team ERC Endurance (BMW, numéro 6)… et la 23ème du team Tati AVA6 Racing (Honda, numéro 4). Cette dernière équipe avait remplacé son pilote suisse Randy Krummenacher par Sho Nishimura.
En catégorie EWC toujours, le Suisse Robin Mulhauser, pilote remplaçant du YART, présent à Suzuka, n’a pas été sollicité par son team pour la course. Il a été « prêté » à l’équipe japonaise Baby Face Titanium Power (Yamaha, numéro 59), 22ème des qualifications.
Les mieux placés dans la catégorie Superstock étaient le team Etoile, 20ème, qui participe à l’entier du championnat, devant Kaedear-Dafy-Rac41-Honda (21ème) et Honda No Limits (25ème).
National Motos ne s’est classé « que » 36ème sur 55 équipes, et donc dixième de sa catégorie. Valentin Suchet a eu beau sortir le 4ème temps Superstock de son groupe (pilotes avec bandeau bleu), un crash d’un de ses équipiers a fait « baisser » la moyenne.

Takahashi a pris le départ devant tout le monde, talonné par la Yamaha numéro 21 et par la Honda numéro 73.
La numéro 73 a mené un temps la course, puis la numéro 30 a repris son bien au bout de quatre tours, suivie par la Yamaha.

Johann Zarco et son coéquipier japonais ont alterné des relais longs, restant en tête, avec une avance allant de 20 à 40 secondes sur leurs adversaires du team Yamaha. Et toujours sous une chaleur écrasante!
Les teams avaient prévu le coup et disposaient de mini piscines pas loin des boxes. Un détail qui n’a pas échappé aux cameramen du championnat!

Un peu après la moitié de la course sur le circuit de Suzuka, celle-ci a été neutralisée en raison d’un accident, ce qui a fait sortir la « Safety Car », forçant les pilotes à rouler au ralenti les uns derrière les autres, et tous derrière les voitures.
Lorsque les conditions de piste ont été jugées à nouveau sûres, le chronomètre a repris ses droits. L’ordre entre la Honda numéro 30 et la Yamaha numéro 21 n’avait pas changé, mais les deux machines étaient un peu plus proches l’une de l’autre.
Une deuxième neutralisation, entre la sixième et la septième heures de la course, a rebattu les cartes. Takahashi est rentré au stand pour le ravitaillement et le changement de pneus juste avant la sortie de la Safety Car, alors qu’Andrea Locatelli était encore en piste.

Malgré un pitstop effectué à la vitesse de l’éclair par le team Honda, Zarco a été bloqué à la sortie de la voie des stands et il a dû laisser passer la voiture avec son train de motos. Quand il a pu revenir en piste, il se trouvait à près de 20 secondes derrière son adversaire, et séparé de lui par un dizaine de pilotes!
Mais le team Honda a repris l’avantage lorsque la Yamaha numéro 21 a dû à son tour passer par la voie des stands pour son dernier ravitaillement.

Johann Zarco a franchi la ligne d’arrivée avec plus de 30 secondes d’avance sur Jack Miller, offrant à Honda sa 31ème victoire sur le circuit de Suzuka. La deuxième pour le Français, la septième pour son équipier japonais, et la 4ème de suite pour l’équipe Honda!
On note qu’une des forces de la Honda dans ce genre de course par rapport à la Yamaha est le fait qu’elle ait besoin de moins de ravitaillements en carburant.

La lutte pour la troisième place s’est résolue en faveur du SERT, qui a défait le team numéro 73 par la plus grande efficacité de ses pitstops.
Le team BMW aurait pu lui aussi se battre pour le podium. Grâce à des tours rapides, il était troisième au bout de trois heures de course. C’est alors qu’il a fallu rentrer aux stands à cause d’un repose-pied qui se détachait, un problème très rare à ce niveau.

Et malheureusement, au moment où leur pilote Michael Van Der Mark rentrait dans la voie des stands, la pièce scélérate est tombée et s’est prise dans sa roue arrière, le faisant violemment chuter! Les réparations du team lui ont fait perdre 4 minutes.
Ils se sont retrouvés 21èmes, mais n’ont pas perdu leur détermination et sont remontés à la cinquième place finale. Comme le leader du classement, le YART, a dû abandonner après deux crashes et un problème mécanique, le team BMW Motorrad profite de son résultat pour remonter à la troisième place du championnat, juste un point derrière le team numéro 7!

Le team Kawasaki Webike Trickstar s’est classé huitième. Une bonne opération au niveau des points pour le championnat.
Le F.C.C. TSR, tout comme le team Tati, ont jeté l’éponge en raison de casses moteur.
Enfin le team Babyface Titanium Power, dont l’un des pilotes était le Suisse Robin Mulhauser, a fait une course sans faute et a terminé quinzième!

Le team Etoile, seizième au bout des 8 Heures de Suzuka, remporte la victoire en Superstock, devant le team TONE 4413 EVA 02 BMW (numéro 93, uniquement présent à Suzuka), et l’équipe Revo M2 (Aprilia numéro 49, qui participe à l’entier du championnat).
National Motos a malheureusement pâti d’une première chute dans les premières heures de la course. Sans gravité pour le pilote, Guillaume Raymond. On a réparé, et repris la course, mais avec près d’une heure de retard.

Un seconde chute, celle de Johan Nigon, après un peu plus de 6 heures de course, là aussi heureusement sans conséquences pour le pilote, a sonné la fin de l’aventure pour la Honda numéro 55, complètement détruite.
Au classement Superstock, le Team Etoile est à présent devant National Motos, pour juste quelques points. Ont encore marqué des points à Suzuka, dans le championnat mondial Superstock, le team Wojcik (Honda 777, 4ème), le Rac41 Honda (sixième), et le team No Limits Honda (numéro 44, douzième).

On note la victoire dans la catégorie Expérimentale de la seule équipe inscrite sous ces règles, le Team Suzuki CN Challenge, numéro 0, dont la moto bleue était reconnaissable de loin à ses ailettes aérodynamiques, mais était aussi particulière par son emploi uniquement de carburant d’origine durable (essence produite à partir de matières organiques recyclées). Elle a fini 33ème de l’épreuve.
Elle avait déjà participé à l’épreuve en 2024, avec seulement 40% de ce carburant d’origine non fossile.
Pour le classement complet de ces 8 Heures de Suzuka, c’est par ici.
L’étaoe suivante, qui sera aussi la dernière de la saison, a lieu cet automne sur le circuit français du Castellet. Ce sera le célèbre Bol d’Or, une course de 24 heures, du 18 au 21 septembre.