Essai série limitée Honda CB1000R « Stardust » – Préparation 5 étoiles

Publié le 17 septembre 2020 par Mathias Deshusses.

Photos: Mathias Deshusses.

Test Honda

Essai série limitée Honda CB1000R « Stardust » – Préparation 5 étoiles

La Terre. Un million d’années avant l’Humanité. Une météorite frappe notre planète, aux environs de ce qui deviendra plus tard la Suède. De son petit nom «Muonionalusta», il s’agit d’un bloc ferreux de 230 kilos, dont l’âge est estimé à plus de 4,5 milliards d’années et dont la provenance est si lointaine qu’il contient des éléments qui n’existent même pas dans notre système solaire. Quel rapport avec une Honda CB 1000 R? Il se trouve que sur cette version limitée « Stardust », créée dans les ateliers de Honda Suisse, est sertie une plaquette de cette même météorite, gravée au laser du logo de la firme ailée.

1969, Neil Armstrong foule pour la première fois le sol lunaire. 2020. La branche suisse du premier constructeur mondial de deux-roues motorisés décide de dédier une série limitée Honda à cet événement historique. Une belle manière, pour la filiale helvétique, de rendre hommage au premier pas de l’homme sur la lune. Car si la moto n’a été dévoilée qu’au début de cette année, c’est bien de 2019 que date sa genèse.

LA Honda Stardust prend la pause au bord du lac léman
Exclusive, la Stardust est une série limitée à seulement 15 exemplaires.

La Honda CB 1000 R, avec son allure néo-rétro mêlant habilement classicisme et modernité, est la candidate idéale pour une préparation haut-de-gamme. Avec une qualité de finition déjà excellente d’origine, elle possède de sérieux atouts, à commencer par son réservoir aux galbes arrondis, son petit déflecteur de phare et son capot de selle facilement personnalisable. Elle se prête particulièrement à l’exercice et avait d’ailleurs déjà été utilisée comme base pour de nombreuses préparations, à l’image de la «Seventy», une édition spéciale commercialisée en 2018 pour commémorer les 70 ans de la marque.

La "Stardust" (au premier plan) pose ici avec la CB1100RS "Limited" de 2017, ainsi qu'avec la CB1000R "Seventy" de 2018.
La « Stardust » (au premier plan) pose ici avec la CB 1100 RS « Limited » de 2017, ainsi qu’avec la CB 1000 R « Seventy » de 2018, deux autres préparations sorties des ateliers de Honda Suisse.

«Pour nous, c’est l’occasion de montrer notre savoir-faire», explique Florian Bousquet, chef d’atelier au sein de Honda Suisse, en charge du projet de cette série limitée Honda avec son équipe. «En plus de mettre un coup de projecteur sur un modèle emblématique de la marque, cela permet de proposer à nos clients une moto exclusive, qui offre une touche d’élégance et de raffinement supplémentaire. Il y a une vraie demande pour des motos d’exception, et la meilleure preuve est que les 15 exemplaires sont partis en un rien de temps !»

Honda CB1000R Stardust
Toutes les Stardust ont déjà leur (heureux) propriétaire.

Vous l’aurez compris, il n’y a malheureusement plus de Stardust. Je suis donc un essayeur chanceux de pouvoir poser mon séant sur la version «zéro», à savoir le prototype qui a servi de base pour l’élaboration de cette série confidentielle. C’est au moment de se pencher sur les détails (nombreux !) que l’on prend conscience de la masse de travail que nécessite un projet comme celui-ci. Petit tour de la moto, donc, avec son créateur, avant de partir pour quelques kilomètres à son guidon.

Conception

La pièce centrale de la Stardust, c’est bien entendu le morceau de météorite. Il s’agit d’une pièce de 5 grammes, présente sous la forme d’une plaquette gravée au laser, intégrée sur le dessus du réservoir de la moto. Un travail d’orfèvre sur un matériau extrêmement précieux, qui a été réalisé en collaboration avec Antoine Preziuso, horloger genevois de talent et spécialiste de l’intégration de cette matière si particulière. C’est son fils lui-même, Florian Preziuso, qui s’est occupé de façonner ce véritable morceau d’étoile pour le compte de Honda Suisse. Un travail de haute précision qui permet de toucher du doigt un fragment céleste chargé d’histoire. Il est presque dommage qu’une couche de vernis lui enlève son aspect brut et son caractère si émotionnel, mais c’est le prix à payer pour une pérennité à toute épreuve.

Plaquette de météorite Stardust
La fameuse plaquette de météorite, exclusive à cette version.

A côté de cela, le reste peut vite sembler plus classique. Enfin, trouvable aisément sur notre planète, dirons-nous. Les belles pièces sont légion, et l’on retrouvera quelques beaux accessoires issus du catalogue Rizoma : cale-pieds, protections latérales, rétroviseurs (de toute beauté !), poignées, leviers de freins, ainsi que clignotants LED, à l’avant (intégrés en bout de guidon) et à l’arrière. La superbe selle en alcantara est un accessoire disponible au catalogue officiel du constructeur, alors que les sublimes jantes à rayons proviennent de celui du fabriquant italien Kineo.

Jante Honda CB 1000 R
Les jantes à rayons, signées Kinéo, sont tout simplement magnifiques.

Tout le reste est en revanche inédit, et propre à cette série ultra limitée. Le support de plaque, par exemple, est entièrement fait maison, et a été conçu spécifiquement dans les ateliers de Honda Suisse. «Le support d’origine est positionné au raz de la roue arrière, et celui disponible chez Rizoma ne convenait pas à notre vision de la moto», explique Florian Bousquet. «Nous avons donc imaginé et fabriqué notre propre support, qui s’intègre parfaitement à la moto et allège la ligne générale», poursuit-il en souriant. Composé de 9 pièces faites sur mesure, il est exclusif à cette version, ainsi qu’à la Swiss Limited Edition, une variante «soft» de la Stardust, produite à 35 exemplaires et qui reprend certains éléments de sa grande sœur (voir plus bas).

Le support de plaque est entièrement conçu dans les ateliers de Honda Suisse. Les clignotants ainsi que l’éclairage de plaque sont signés Rizoma.

Une recherche en faveur d’un allégement visuel qui se traduit également par des plaques en aluminium, découpées sur mesure là-aussi, et qui prennent place au niveau des platines de repose-pied, pour donner une plus grande impression de légèreté à l’ensemble. Ces pièces, comme d’autres, ont subi un traitement électrochimique, baptisé éloxage, qui a pour but de faire croître une couche résistante (et colorable) sur les pièces en aluminium. Ce qui donne une bel aspect noir mat, comme si l’aluminium avait été peint, aux différentes pièces concernées. Notamment les écopes de réservoir et le petit capot de phare. Ceux-ci reçoivent en plus une déco spécifique, gravée au laser avec une précision chirurgicale. Une finition d’exception, pour une moto intemporelle.

Les inscriptions sont gravées au laser, pour une qualité de finition haut de gamme.

Afin de marquer le caractère exclusif de cette série, les tés de fourche ont été démontés, pour être également gravés au laser, avec sur chacun une numérotation unique. Le ressort de l’amortisseur arrière Showa, de couleur rouge, est lui aussi démonté pour être repeint en noir, afin de se fondre dans la masse et mieux coller à l’esprit de la moto. Le silencieux d’échappement, commandé chez SC Project, se voit estampillé du nom de la moto et apporte une finesse bienvenue comparativement à celui d’origine.

Pour achever le tout, Honda a confié au peintre genevois Paul Design le soin d’apposer des couleurs spécifiques à la Stardust. Ce sera donc un mélange de gris lunaire et de noir stellaire, habilement rehaussé de doré rappelant les composants isolants utilisés dans l’espace.

La peinture est signée par Paul Design.

L’ensemble de ces belles pièces donne une sacrée allure à la CB1000R. Fini l’aspect massif de la moto originelle, la peinture, associée aux nombreuses modifications apportées, lui confère une finesse bienvenue, au point qu’on puisse penser qu’il s’agit d’une plus petite cylindrée. Il faut avouer que l’ensemble fonctionne bien, et donne un côté très élégant à la moto, sans (trop) tomber dans le clinquant.

série limitée Honda
Immanquablement, la Stardust a fait tourner les têtes lors de notre séance photo.

Loin d’être une moto de salon (même si elle y aurait sa place), la Stardust est avant tout une CB 1000 R, forte d’un 4 cylindres de 998 cm3 développant la bagatelle de 145 cv. L’heure est donc venue d’enfourcher cette comète japonaise, afin de s’assurer qu’elle est aussi plaisante à piloter qu’à admirer.

On ze road

La Honda CB 1000 R n’est pas inconnue au bataillon. Sur sa dernière évolution, testée en 2018, elle rejoint la gamme «Neo Sports» du constructeur, avec un design plutôt consensuel. Ayant déjà été testée par nos soins, et même fait l’objet d’un comparatif avec sa concurrente allemande R1200R, il ne semble pas pertinent de revenir ici de façon complète sur l’ensemble des prestations offertes par la fusée japonaise. D’autant que je ne suis pas un pistard pur et dur, et que je n’aurais que peu de crédit en évoquant une Stardust poussée dans ses ultimes retranchements.

La Honda CB1000R « Stardust », entre mains expertes de notre pilote Cebb.

Ce dont je peux parler, en revanche, c’est de sa faculté à vous mettre à l’aise à son guidon. La prise en main est déconcertante de facilité, et l’on semble l’avoir toujours connue. Seule la lecture du tableau de bord (très complet, mais à l’affichage un peu confus) nécessite un léger temps d’adaptation avant de réussir à avoir l’information voulue d’un furtif coup d’œil. Les données disponibles sont pléthoriques, l’ordinateur allant même jusqu’à indiquer le nombre de litres engloutis.

série limitée Honda
Le tableau de bord, à affichage LCD négatif, délivre nombre d’infos utiles, avec une lisibilité optimale.

La selle, un peu plus fine que celle d’origine, reste suffisamment confortable alors que les suspensions, réglées d’office assez fermes, donnent le ton en matière d’amorti. Ce sera donc un peu – tout de même – spartiate. Ce qui est confirmé par le premier contact avec le guidon, via des poignées Rizoma certes magnifiques, mais terriblement dures.

Côté motorisation, le bloc de la CB 1000 R fait merveille. Je dois avouer ne pas être un grand fan des 4 cylindres, mais celui-ci se montre parfait pour un usage purement routier, avec une belle souplesse dans le bas du compte-tour, et une certaine rage à l’approche de la zone rouge. On peut aller vite avec cette moto. Très vite même. En ne se sentant nullement dépassé, mais toujours en sécurité.

Ce moteur pousse fort, mais il le fait avec une certaine élégance, sans jamais brusquer ni surprendre le pilote. Ce qui pourrait être pris comme un manque de caractère est en fait une forme de savoir-vivre, tout en finesse. Un véritable atout au quotidien. Malgré cette linéarité, les sensations sont au rendez-vous, avec des montées en régime vives, et une sonorité, produite par le «silencieux» SC Project, carrément jouissive. Rauque et caverneuse à souhait, elle participe grandement au plaisir de pilotage lors des envolées du quatre-en-ligne.

Le freinage, confié à deux disques de 310 mm et à des étriers 4 pistons à fixation radiale, est puissant et offre un excellent feeling. Seul l’ABS, qui a tendance à se déclencher un peu tôt, même à mon humble niveau de pilotage, pourra gêner les plus sportifs dans les enchaînements très rapides.

série limitée Honda
Faisant preuve d’un excellent feeling, le freinage souffre néanmoins de l’intervention précoce de l’ABS.

Cette moto, en plus d’avoir un look unique, se présente donc comme une compagne idéale, que ce soit pour aller travailler la semaine, s’arsouiller entre potes le week-end, ou simplement frimer en soirée, à la terrasse d’un café.

Vendue à 19990 francs, elle peut certes paraître chère de prime abord. Mais le surplus demandé (de quelques 5000 francs, la version de base se négociant à 14990 francs actuellement avec le Swiss Bonus) est plus que justifié, la facture des équipements supplémentaires dépassant – et largement – la barre des 10000 francs, sans même tenir compte de la main d’œuvre. Une bonne affaire qui a donc fait 15 heureux possesseurs, qui peuvent à présent se targuer de voler sur la seule étoile filante de la firme ailée.

Pour les déçus, il reste la possibilité de se rabattre sur la Swiss Limited Edition (production de 35 exemplaires, dont il reste quelques unités disséminées chez les concessionnaires du pays), affichée à 16990 francs. Pourvue d’une peinture quasi-identique, elle fait néanmoins l’impasse sur les jantes à rayons Kineo, ainsi que sur la selle en alcantara. Et, évidemment, sur le fragment de météorite cher à sa grande sœur.

série limitée Honda
La « Stardust » est une excellente compagne au quotidien, et se montrera incisive une fois le week-end venu.

Plus d’infos sur le site de Honda Suisse, que nous remercions pour la mise à disposition de ce petit bijou.

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