A Genève, le monde de la moto s’insurge contre l’arrêt de l’expérience des voies de bus

Publié le 15 octobre 2018 par Jérôme Ducret.

Politique des transports

A Genève, le monde de la moto s’insurge contre l’arrêt de l’expérience des voies de bus

Generation2motards.com, TEM-Genève (Toutes en moto), Ci Motards, 2 Roues Genève (les marchands de 2 roues motorisés), Swissmoto (les coachs), le Norton Sport Club, le Vespa Club de Genève et le BMW Moto Club de Genève lui aussi publient un communiqué commun. Ils dénoncent tous le nouveau virage pris par le Département cantonal des infrastructures, qui a mis fin au test laissant les motos et les scooters utiliser certaines voies de bus pour fluidifier le trafic.

L’abandon des voies de bus ouvertes aux motos et scooters fait réagir à Genève. On rappelle qu’après les dernières élections cantonales, le Conseiller d’Etat en charge des infrastructures (et donc des transports), Luc Barthassat (PDC), n’a pas été réélu. Et que son successeur, Serge Dal Busco (PDC aussi), a manifestement adopté une autre politique pour ce qui est de cette mesure introduite à titre de test sur certains tronçons.

C’est ainsi que plusieurs associations et clubs se sont fendu d’un communiqué commun dans lequel ils interpellent le gouvernement cantonal genevois, le Département des infrastructures en particulier. En annonçant qu’ils vont contacter la commission des transports du Grand Conseil (le parlement) genevois.

Les signataires du communiqué sont: generation2motards.com, CI (communauté des intérêts) motards, 2Roues Suisse section Genève (qui représente les marchands de 2 roues motorisés), Toutes en Moto TEM CH, le Norton Sport Club de Genève, Swissmoto (les coachs), Motard du Monde, plus les clubs Vespa et BMW Moto.

Pour que toutes ces associations et clubs, qui représentent près de 3000 particuliers et 35 marchands de motos, scooters et vélo, parlent d’une seule voix, il faut sans doute que le raz-le-bol soit important et généralisé!

Les signataires regrettent bien sûr que l’essai d’ouvrir les voies de bus à certains endroits (dont la route des Jeunes, sur quelque 800 m, à la Praille) ne débouche pas sur une généralisation de la pratique, de manière encadrée et légalisée. Ils s’étonnent de ce que le Département des infrastructures dresse un constat en apparence négatif sur l’ensemble de l’essai. Alors qu’un premier bilan intermédiaire s’était révélé positif.

« Le rapport est public, rappelle Aristos Marcou, de generations2motards. On y constate, après la première phase comme après la seconde phase de cet essai, qu’il n’y a eu aucun accident, aucune violation grave du code de la route, que la vitesse commerciale des TPG (ndlr: bus publics genevois) n’a pas significativement été impactée. »

Le rapport final, ou du moins le communiqué de presse cantonal dressant un bilan final sur cet essai parle cependant d’un nombre plus élevé d’infractions à la Loi sur la circulation routière commises sur ce tronçons durant la période concernée. « Ce sont de petits excès de vitesse, de l’ordre de quelques km/h, ce qui correspond à ce qui se passe sur tout tronçon ouvert à la circulation, ou quelques cas où les deux-roues motorisés n’ont pas respecté la priorité accordée à la voie réservée au trafic motorisé privé à la fin de la voie de bus, détaille Aristos Marcou. Probablement parce que certains ont pris cette mauvaise habitude avant, quand il n’était pas permis d’emprunter la voie de bus de manière légale. Cela ne devrait pas remettre en cause le projet, selon nous. Il faudrait plutôt jouer la carte de l’information, et ce genre de comportement changerait très certainement. L’autre critique vient de la police, et dit que cela pose problème que l’on permette d’utiliser les voies de bus seulement en quelques endroits. En toute logique, nous répondons qu’il faut alors généraliser la pratique! »

« Nous voulons juste trouver des solutions pour que les gens passent moins de temps dans les bouchons, et pour que les différents modes de transport puissent coexister de manière apaisée, note pour sa part Melinda Steinberg, de Toutes en Moto TEM CH. Il ne s’agit pas de discriminer qui que ce soit. Nous trouvons utile que l’on construise des voies pour les cyclistes. Mais, pour ce qui est des deux-roues motorisés, il faut mettre en place des mesures qui soient adaptées à ce moyen de transport, et l’utilisation des voies de bus est une des solutions qui peut contribuer à fluidifier le trafic à Genève. »

Les signataires du communiqué rappellent qu’ils avaient soutenu en 2015 la Loi pour une mobilité cohérente et équilibrée. Un contre-projet à une initiative populaire issue des Verts, notamment, qui demandait une réduction conséquente du trafic motorisé non public, une priorité donnée aux transports publics en ville, la disparition, pour le stationnement, des zones blanches et leur remplacement par des zones bleues à durée limité, et ainsi de suite. Le texte parlait aussi de rendre payant le stationnement pour les motos et les scooters.

Le parlement genevois avait proposé un contre-projet, la loi citée ci-dessus. Qui ne parlait plus de stationnement payant pour les deux-roues motorisés.

Or, rappellent les signataires du communiqué, il existe un projet de loi à l’étude au Grand Conseil genevois (le PL 11988) qui autoriserait les motos et les scooters à rouler sur les voies de bus si le marquage « Taxi » y figure. Les signataires, qui ont demandé une entrevue avec Serge Dal Busco, vont aussi tenter de convaincre le monde politique genevois d’aller dans le sens de ce projet de loi.

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