Cap au Nord, la journée des cinq ferries

Publié le 17 juillet 2017 par Jérôme Ducret, mis à jour le 16 septembre 2021.

Photos: Honda/Greg Jongerlynk, Jérôme Ducret.

Oslo - Nordkapp Etape 4

Cap au Nord, la journée des cinq ferries

La quatrième étape de notre périple en direction du Cap Nord a conduit nos Honda Africa Twin par-delà le cercle polaire. Avec un grand nombre de kilomètres accomplis sur mer.

Départ tôt ce matin pour la quatrième étape de notre voyage au Cap Nord dans le cadre d’Adventure Roads 2017 – la nouvelle offre de voyage de Honda à ses clients amateurs d’aventure à moto. But de la journée, Glomfjord, beaucoup plus au nord (lire aussi les récits de la première, de la deuxième et de la troisième étapes). Au-delà du cercle polaire, la ligne de démarcation en-dessus de laquelle, en été, le soleil ne se couche plus. Et pour l’atteindre, nous avons cinq ferries à « attraper ». Le timing sera serré.

Il faudra prendre le premier bateau peu de temps après notre départ. Il relie Andalsvagen à Horn. Une trentaine de minutes de traversée.

ferries
La mer en Norvège est partout.

Le ferry suivant a l’air plus long. Il part en effet de Forvik et arrive à Tjotta. Sur la carte, la distance semble plus grande. Mais il n’en est rien. Le bateau va simplement plus vite.Sur le quai d’embarquement, nous faisons la connaissance de deux bikers norvégiens, Frank et Tuja. Ils voyagent à bord (l’expression est en effet idoine) d’une Honda Glodwin dernier modèle à laquelle est accrochée une remorque. « Vous roulez sur des Africa Twin, observe Frank. J’en ai une moi aussi, l’ancien modèle. Mais Tuja n’aime pas beaucoup voyager à deux sur cette moto, elle préfère le confort de la Goldwing, sourit-il. Et puis elle emporte toujours beaucoup plus de bagages que moi! » Ils expliquent qu’ils se dirigent vers les îles Lofoten. Nous apprendrons plus tard que l’archipel est en fait une gigantesque presqu’île.

ferries
Frank et Tuja, sur leur Goldwing avec remorque.

La mer est calme. Mais avec le ressac et aussi les remous lors du départ, certaines de nos motos posées en équilibre un peu précaire sur la béquille latérale se mettent à choir. C’est un peu comme un château de cartes qui s’écroule, une Africa Twin en entraînant une autre. Il n’y aura aucun dégât aux machines, qui sont robustes. J’ai pris soin d’attacher la mienne avec une sangle.

Puis, après une centaine de kilomètres, il y a encore une troisième traversée, entre Levang et Nesna. Trente-cinq minutes de mer toujours calme, par un soleil toujours resplendissant. Dans notre horde de Honda s’est glissée une intruse. Une Yamaha Tracer 900, pilotée par un touriste français qui profite sans doute de l’abri apporté par notre groupe contre les grands prédateurs (policiers, camions, camping cars…).

ferries
Trouvez l’intruse.

Le rythme s’accélère pour arriver à temps au prochain bateau. En chemin, nous voyons encore d’autres paysages merveilleux. L’envie de prendre des photos se fait de plus en plus pressante. Je n’y tiens plus et sors de la route pour aller immortaliser la vue du fond d’un fjord, sur une plage de tout petits galets qui ressemblent à des copeaux de bois broyés fin. Un peu trop fin pour les pneus de ma moto, en fait. La descente sur le petit chemin jusqu’à la plage se passe bien. Puis les quelques premiers mètres dans le « sable ». Mais je dois très vite stopper la progression de l’Africa Twin, dont la roue arrière a tendance à s’enfoncer. Et j’arrive avec peine à la stabiliser sur la béquille latérale pour prendre la photo. Il va falloir repartir avec précaution.

Cette photo m’aura coûté cher. Il a fallu pas mal d’effort pour faire revenir l’Africa Twin sur la route asphaltée.

J’aperçois un peu tard qu’un collègue grec m’a vu et veut m’imiter. Il ne voit mes signes dénégatifs que trop tard et finit sa course avec une chute dûe à sa roue antérieure bloquée. Plus d’émoi que de mal, et la moto n’a rien. Nous la relevons vite fait et la reculons de quelques mètres pour l’extraire de ce piège. Il faudra l’aide d’un marshall (un guide à moto), Léon, pour la faire remonter sur la route asphaltée. Qu’il soit ici remercié. Et encore plus pour l’effort qu’il a dû déployer, debout à côté de ma moto et moi de même derrière elle. Ce n’est qu’ainsi, en donnant coup de gaz après coup de gaz et en poussant à chaque fois manuellement de l’arrière, que nous avons pu lui faire remonter la pente. et ce, juste le jour où il fallait attraper cinq ferries!

Cela ne m’empêchera cependant pas de m’arrêter pour une nouvelle pause photo, quelques kilomètres plus loin. Le long de la Helgelandskysten, la côte du Helgeland. Nous sommes plusieurs à admirer la vue, notamment celle de l’archipel des Vega, de l’autre côté du bras de mer. Un environnement composé de quelque 6000 îles, îlots et bouts de terre au milieu de la mer. Et qui est non seulement inscrit au Patrimoine de l’Humanité, mais est aussi une Mecque pour les ornithologistes.

ferries
L’archipel des Vega en ligne de mire.

Et le quatrième ferry nous porte de Killboghamn à Jektvik (essayez donc de prononcer cela avec de la choucroute dans la bouche!). Antonio, mon collègue suisse-allemand, est apparemment déjà parti sur le bateau précédent. On espère que c’était le bon. Il faut attendre un moment avant le ferry suivant. L’occasion d’aller s’acheter une gaufre (Wafel en norvégien, certaines fois avec deux f) et un café. Mes collègues m’ont averti: le barman vaut le détour. En effet, il est difficile de dire s’il s’agit d’un jeune homme ou d’une jeune femme d’origine manifestement asiatique. Charmant (charmante), au demeurant. On ne peut s’empêcher de se demander ce qu’il (elle) fait dans ce tout petit village de pêcheurs.

Puis nous embarquons, et avec nous la personnalité du jour. Un autre pilote HRC de rallye, le jeune Argentin Kevin Benavidès. Il a terminé le Dakar 2016 à la sixième place. Un exploit. Il a l’habitude de rouler vite. Très vite, même, parfois uniquement sur la roue arrière, malgré l’effet castrateur du DCT qui devrait contrarier ce genre de tentative en passant le rapport de vitesses supérieur. Et les attentes des ferries lui semblent interminables! Il se prête lui aussi au jeu de la photo, de très bonne grâce. Etonnamment, il est juste un peu intimidé par tous ces journalistes.

ferries
Kevin Benavidès (tenue rouge, assis) en pleine discussion avec les journalistes espagnols.

Le trajet jusqu’à Jektvik va dure plus d’une heure. L’occasion de dormir ou se reposer un peu. Ce que ne manquent pas de faire certains membres de l’équipe, dont le caméraman.

Il y aura des escales, peu fréquentées. Lors de l’une d’entre elles, le capitaine du bateau vient nous montrer un joli spectacle, sur l’une des bites d’amarrage du ponton en-dessous de nous. Un nid de goélands avec trois poussins tout gris mouchetés. Il explique qu’ils viennent d’éclore et que la mère n’est pas loin.

ferries
Regardez bien, les taches brunes à gauche dans le nid de « pneu » sont des poussins de goéland.

A quelques encablures nautiques, nous passons la ligne de démarcation du cercle polaire. Elle n’est bien sûr pas tracée sur l’eau. Mais elle est par contre indiquée sur la terre ferme, matérialisée par la statue métallique d’un globe terrestre, sorte de mappemonde géante que l’on voit de loin. C’est aussi d’ailleurs la réplique de celle qui trône sur la falaise du Cap Nord.

ferries
Le passage symbolique de la ligne du cercle polaire.

Enfin il reste encore un dernier esquif sur lequel embarquer nos Africa Twin. Il assure la liaison entre Agskardet et Foroy. La journée nous paraît déjà longue, mais elle n’est pas terminée, loin de là. Notre destination, Glomfjord, est atteinte après un passage spectaculaire dans trois tunnels peu illuminés et aux roches basses et humides. Et, une fois les motos bien parquées et les équipements de route troqués pour des tenues moins lourdes, nous allons repartir dans plusieurs minibus par où nous sommes arrivés.

Un bateau nous attend en effet après les trois tunnels. Il va nous emmener à un ponton, celui d’Engen. Puis, à pied ou en vélo (!), nous allons rejoindre un joli petit restaurant lové au bord d’un petit lac, le Svartisvatnet (vatnet signifiant lac), lui-même posé en bas d’un glacier magnifique, celui de Svartisen. C’est paraît-il le deuxième plus grand de Norvège. Il s’étend su rplsu de 370 kilomètres carrés. Nous sommes devant l’une de ses branches, celle d’Engen, qui descend du sommet de la passe (plus de 1000 m) jusqu’au lac. Nous avons le temps de boire une bière, de régler nos smartphones en mode avion pour ne pas perturber la transmission du Live Facebook concocté comme chaque soir par nos gentils organisateurs de l’agence Ride and Drive. Puis d’aller manger un solide et néanmoins assez subtil repas norvégien dans le restaurant Brestua.

ferries
Cap vers le glacier de Svartisen et le restaurant de Brestua.

Nous rentrons, à pied ou en vélo, à passées 22h. Et il fait toujours grand jour. Le réveil sera délicat demain matin.

Comme jusqu’ici, encore quelques photos pour les amateurs…

Galerie photos

Article paru sous une autre forme dans le journal Le Matin, et à paraître dans le magazine Moto Sport Suisse

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Created with love by netinfluence agence digitale
Abonnez-vous à notre newsletter mensuelle
Suivez l'actualité du monde de la moto, les nouveautés et l'agenda des événements