Belstaff: le phénix n’en finit pas de renaître

Publié le 16 juin 2015 par Pierre Lederrey, mis à jour le 25 février 2021.

Veste rétro

Belstaff: le phénix n’en finit pas de renaître

IMG_3383[1]FullSizeRender[4]C’est à la fois une icône du vêtement moto et une star du grand écran, une vraie marque connue de tous les motards depuis plus de…90 ans et des spécialistes de la fashion week milanaise depuis une décennie. Belstaff.

L’interrogation à la base du test est la même que celle que se pose le client potentiel en magasin : d’accord, Belstaff résonne comme une légende. Mais vaut-il pour autant la peine de payer entre près de 1000 francs pour un blouson en cuir face à une concurrence qui propose d’excellents produits près de deux fois moins chers ? Un cuir Belstaff est-il réellement «éternel» comme le vante le marketing de la firme ? Nous avons voulu le vérifier en enfilant quotidiennement sur une saison complète le dernier blouson en cuir de la marque, grâce à l’aimable collaboration de la maison Freitag, qui l’importe (en même temps que plusieurs autres marques comme les échappements Acerbis, les casques Premier, les habits Büse ou encore les échappements Arrow).

L’objet du test est donc le modèle Crystal Palace, dernier blouson cuir de la gamme «pure motorcycle» disponible depuis ce printemps.

La coupe est un peu plus longue qu’un blouson classique, mais plus courte qu’une vraie veste ¾. Un bon compromis lorsque la météo se rafraîchit soudain et qu’il est plus agréable de rouler avec les reins couverts. Le cuir, dit «wax pull-up», est épais, ce qui augure une excellente protection. Cela ne l’empêche pas d’être très souple, ce qui rend le blouson immédiatement très confortable à porter. Naturellement on retrouve le célèbre velours noir à l’intérieur du cou et des poignets : un détail qui n’en est pas tout à fait un, puisque cela apporte non seulement une grande douceur sur l’épiderme, mais évite le très désagréable effet «cuir collé» lors de grosses chaleurs. A propos de chaleur, on relèvera que l’absence d’aération et le cuir épais est partiellement compensé par cette fameuse doublure Belstaff en coton très agréable. Le noir n’est pas aussi profond que sur d’autres Belstaff (Oliversmount ou Donington par exemple). Un choix de la marque gage, paraît-il, de tenue de la couleur dans le temps. Mais qui ne plaira peut-être pas à chacun, tant la mode est actuellement aux noirs très…noirs.

Avec quatre poches extérieures et une poche portefeuille intérieure, on peut classer le Crystal Palace parmi les blousons qui en offrent suffisamment. Ce qui, chacun l’aura remarqué, n’est pas toujours le cas parmi les beaux cuirs à tendance vintage. La coupe est, il faut le dire, parfaite, à la fois prêt du corps et offrant suffisamment de mobilité. Question sécurité, le blouson arrive avec des protections de bonne facture (fabriquées par Tucano) aux coudes et aux épaules. Une dorsale du même fabricant peut être commandé en option et placé dans l’emplacement prévu à cet effet. On notera également que les deux premiers boutons pressions métalliques sont recouverts de caoutchouc pour éviter toute rayure du réservoir sur une moto à la position assez en avant. Très appréciable. Pas vendu comme étanche, l’épaisseur de ce cuir assez gras permet de traverser une averse ou une demi-heure de pluie au sec. Au-delà, naturellement et comme toujours, la combinaison ad hoc s’avère nécessaire.

Voilà sans doute ce qui peut justifier aux yeux de certains un prix indéniablement élevé (actuellement 1079 francs suisses au catalogue de Freidig Moto-Active): il s’agit bien d’un vrai blouson de moto conçu comme tel, très efficace sur la route et agréable à porter, mais également parfait en descendant de moto lorsqu’il s’agit de rejoindre ses collègues pour une réunion de travail ou ses amis pour un repas dans un restaurant chic. Et cela pour longtemps, la qualité du cuir comme des coutures promettant de très longues années d’utilisation avant le moindre signe de vieillissement. Parmi l’offre grandissante de blousons de cuir moto hauts de gamme soufflant sur les braises du feu néo-rétro, le phénix de Belstaff semble donc définitivement avoir encore son mot à dire.

Par Pierre Léderrey, photos DR

 

L’histoire de la marque
Son emblème, le phénix, ressemble à son histoire qui démarre en trombe du côté du Staffhordshire. Nous sommes en 1924 quand Eli Belovitch et Harry Grosberg proposent une petite révolution en créant une gamme de vestes et blousons en coton ciré, offrant un rempart à la fois contre le froid et la pluie. Aujourd’hui, à l’heure des fibres techniques étanches, du cordura et du kevlar, on peine à imaginer ce que l’innovation de Belstaff apporta au motard d’autrefois.

Les grands voyageurs ne s’y tromperont pas, à l’image d’Ernesto Che Guevara, qui utilise sa Trialmaster – modèle 3/4 à ceinture et 4 grandes poches qui figure toujours parmi les best-sellers de la marque – pour parcourir l’Amérique du sud au guidon d’une Norton 500. La première pierre de la légende Belstaff est posée. D’autres noms célèbres se chargeront de maintenir le phénix au firmament, à l’instar du champion Sammy Miller ou de l’acteur motard Steve McQueen.

En 1943, la Trialmaster sera suivie par une autre veste devenue légende: la Black Prince. Ce modèle, produit pendant près de 40 ans à plus d’un million 600’000 exemplaires dans la fabrique historique de Silverdale, reste aujourd’hui encore la veste de moto étanche la plus vendue de tous les temps.

Dans les années 90, la grave crise du textile anglais manque de terrasser le phénix. Belstaff doit fermer les portes de Silverdale. La marque doit à la fois poursuivre sa tradition de coton ciré et innover, en proposant notamment des cuirs haut de gamme. En guise de dernière chance, elle nomme à la tête de ses collections un ancien champion de Superbike italien, Franco Malenotti. Qui est aussi le fils d’un producteur de cinéma. Ce qui lui donne l’idée d’utiliser d’utiliser l’usine à rêve d’Hollywood. Et ça marche. En une quinzaine d’années, Belstaff sera porté dans près de 70 films à gros budget. Georges Clooney, Batman, Leonardo di Caprio, Mark Wahlberg, mais aussi Nicole Kildman, Scarlett Johansson et tant d’autres héros de cinéma contribueront à faire connaître la marque bien au-delà du milieu de la moto. Le Trailmaster Legend habille Will Smith (dans « Je suis une Légende»), Tom Cruise (dans «Mission Impossible») et Tom Hanks («Da Vinci Code»).

Le blouson de Di Caprio dans Aviator ? Inspiré de modèles des années 30, oscar du meilleur costume (2005). Celui de Tom Cruise dans La Guerre des Mondes ? 20’000 exemplaires vendus. Le trench gothique de Johnny Depp dans Sweeney Todd ? Tellement délicieusement vintage que tout le monde en a voulu un et qu’il fut copié par plusieurs marques concurrentes.

Du côté de la musique, Ricky Martin, Madonna, Britney Spears et d’autres portent les cuirs désormais made in Italy depuis le début du XXIe siècle (l’usine se situe à Trévise). Encore plus près de nous, l’acteur baroudeur Ewan Mc Gregor fera un bel ambassadeur tout comme, plus étonnamment, l’ex-star du football reconverti dans le glamour David Bekham. Depuis 2011, Belstaff est devenu un peu suisse, puisque racheté par Labelux, un conglomérat spécialisé dans le luxe, avec l’appui financier de Tommy Hilfiger. A la clef, l’ouverture renforcée de nombreuses boutiques dans les endroits les plus prestigieux des grandes villes, Madison Avenue à New York ou encore Via Della Spiga à Milan, et bien-sûr Londres à New Bond Street sur près de 2300 m2 entre Vuitton, Chanel et Dior. Michele et Manuele Malenotti, les fils de Franco, dirigent désormais la firme. Avec l’ambition de faire de Belstaff «la meilleure des marques de luxe anglaises.» Avec, quand même, toujours une ligne destinée aux motards désireux de rouler avec style.

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